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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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ignorant la présence du garçon :
    « Tu es trop sévère avec lui, Rogier, gronda-t-elle entre ses dents. Ce n'est qu'un enfant.
    — Il suffit qu'une personne ait la langue trop bien pendue pour qu'on nous mette dans le même sac que les autres. Nous ne pouvons prendre un tel risque. Si jamais on nous associait à ces hérétiques…
    — Hérétique ? Ce n'est qu'un enfant…, rétorqua-t-elle sèchement.
    — Ce n'est point à lui que je faisais allusion, mais à Esclarmonde. Il est notoire qu'elle en est une. Si l'on apprend que nous allons prier chez elle, on nous accusera d'écouter les Bons Hommes, et nous serons poursuivis.
    — Devons-nous abandonner nos amis pour quelques lamentables histoires que l'on nous a rapportées ? »
    La voix de sénher Marti baissa pour n'être plus qu'un murmure :
    « Je disais seulement que nous devons être prudents. Tu sais bien ce que les gens racontent : une armée est en route pour chasser les hérétiques.
    — C'est ce qui se dit depuis des années, tu prends cela trop à cœur. Comme ces histoires de légats, ces prétendus “hommes de Dieu” qui parcourent nos campagnes depuis des années, sans que nous en ayons rien à attendre, si ce n'est qu'ils s'enivrent à nos dépens. Laissons donc les évêques débattre entre eux de leurs affaires, et occupons-nous des nôtres… »
    Na Marti se tourna vers Sajhë qui fixait piteusement le sol pour ne pas montrer ses larmes, et tenta de le rassurer, une main affectueusement posée sur son épaule :
    « Ne fais point cas de ce que dit mon époux ; tu n'as rien fait de mal. » Et, d'un ton enjoué, elle ajouta : « Ne me disais-tu point l'autre jour que tu voulais offrir un présent à Alaïs ? Si nous essayions d'y pourvoir, qu'en penses-tu ? »
    Sajhë opina de la tête, conscient des efforts de Na pour le rassurer. Il n'en garda pas moins la tête basse et la mine contristée.
    « C'est que je n'ai guère de pécunes pour m'en acquitter, bredouilla-t-il.
    — Ne te tourmente point. Nous oublierons cela, pour cette fois. À présent, regarde ceci. » Elle laissa courir ses doigts parmi les bobines de fil colorées. « Que dis-tu de celle-là ? Ne trouves-tu pas qu'elle siérait bien à la couleur de ses yeux ? »
    Sajhë tritura un instant le fil couleur brun cuivré.
    « Je ne sais…
    — Il conviendra tout à fait. Je m'en vais te l'envelopper. »
    Sur ce, elle se mit à la recherche d'un morceau d'étoffe. Craignant d'être taxé d'ingratitude, Sajhë tenta une échappatoire :
    « Je l'ai justement aperçue tantôt.
    — Ah, oui ? Comment était-elle ? La personne qui se dit sa sœur l'accompagnait-elle ?
    « Nenni, grimaça le garçon. Mais elle n'avait pas l'air plus gaie pour autant.
    — Dans ce cas, l'instant me semble opportun pour lui faire un présent ; il n'en sera que plus apprécié. Alaïs a coutume de se rendre au marché. Pour peu que tu gardes les yeux et l'esprit ouverts, je suis convaincue que tu la trouveras. »
    Soulagé de prendre congé de cette pénible compagnie, Sajhë glissa le paquet sous sa chemise et salua le couple. Quand il se retourna pour leur adresser un dernier signe, mari et femme l'observaient côte à côte sans mot dire.
     
    Le soleil était presque à son zénith. Sajhë interrogea quelques personnes au sujet d'Alaïs, mais nul ne l'avait aperçue.
    La faim le tenaillant, il songeait à rentrer quand il la vit enfin devant un éventaire de fromages de chèvre. Il se précipita et, se glissant parmi les badauds, se jeta sur elle en la ceinturant de ses bras.
    « Bonjorn. »
    Alaïs virevolta et, le reconnaissant, le gratifia d'un sourire chaleureux.
    « Sajhë ! s'exclama-t-elle en lui caressant les cheveux. Quelle bonne surprise !
    — Je vous cherchais partout, se réjouit l'enfant. Je vous ai vue tantôt, vous sembliez troublée. Allez-vous, à présent ?
    — Tantôt ?
    — Vous rentriez au château avec votre père. Juste après l'arrivée du messager.
    — Ah, oui, acquiesça-t-elle. Ne te tourmente point, je vais bien. C'est que j'ai eu une matinée éprouvante, voilà tout. Quel plaisir de voir ton visage ravi, ajouta-t-elle en posant un baiser sur le front du garçon qui rougit violemment. Puisque tu es céans, aide-moi donc à choisir quelques fromages, veux-tu ? »
    Les rondelets de fromage de chèvre étaient couchés sur un lit de paille, parfaitement alignés et serrés l'un contre l'autre dans des caissettes de bois. Les

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