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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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plus secs se reconnaissaient à leur croûte jaunâtre, et pour avoir vieilli plusieurs jours, leur parfum n'en était que plus exalté. À l'inverse, les plus frais offraient un aspect luisant, mou et laiteux. Alaïs s'informa du coût auprès du vendeur, avant de faire son choix, non sans avoir suivi les conseils de Sajhë. Comme elle exhibait une planchette en bois pour emporter ses fromages, elle demanda au garçon de prendre quelques sols dans sa bourse et de s'acquitter pour elle de son achat.
    Les yeux de Sajhë s'écarquillèrent quand il reconnut un motif très particulier finement gravé sous la planche de bois poli. Par quel hasard, Alaïs en possédait-elle une et comment se l'était-elle procurée ? Sa surprise était telle qu'il en lâcha les pièces de monnaie. Plus embarrassé que jamais, le garçon plongea sous les tréteaux pour les récupérer, et s'y attarda le temps que son trouble se fût dissipé. Au moment où il réapparut, quel ne fut pas son soulagement de voir qu'Alaïs ne s'était rendu compte de rien. Une fois la transaction achevée, il rassembla son courage pour lui offrir son cadeau.
    « J'ai quelque chose pour vous, hasarda-t-il timidement en mettant abruptement le sachet entre les mains d'Alaïs.
    — Comme c'est aimable ! Vient-il d'Esclarmonde ?
    — Que non, de moi.
    — Quelle agréable surprise ! Puis-je l'ouvrir ? »
    Le garçon acquiesça et, alors qu'Alaïs dénouait les ficelles, se mit à la fixer, le visage empreint d'une gravité que contredisait l'éclat impatient de son regard.
    « Oh, que cela est beau, Sajhë ! s'exclama-t-elle en portant la bobine à la hauteur des yeux. C'est vraiment magnifique !
    — Je ne l'ai point dérobé, ajouta précipitamment le garçon. C'est Na Marti qui me l'a donnée, un peu pour nous réconcilier, je crois. »
    Il n'avait pas prononcé ces derniers mots qu'il les regrettait déjà.
    « Vous réconcilier à propos de quoi ? » voulut savoir Alaïs.
    À cet instant précis, un cri s'éleva. Tout près de là, un homme pointait du doigt un vol d'oiseaux noirs survolant la Cité d'est en ouest et à basse altitude. On distinguait sur leur plumage les reflets du soleil pareils aux étincelles sur l'enclume du forgeron. Quelqu'un déclara que c'était un présage, encore que nul ne se hasardât à préciser si cela en était un bon ou un mauvais.
    Sajhë ne croyait pas en de telles superstitions. Il ne put néanmoins réprimer un frisson. Alaïs semblait partager son sentiment car, passant son bras sur son épaule, elle serra le garçon contre elle.
    « Que se passe-t-il ? voulut-il savoir.
    — Res , rien du tout », répondit-elle trop vite.
    Au-dessus d'eux, indifférents aux humains, les oiseaux poursuivaient leur périple, jusqu'à n'être plus qu'un point noir dans le ciel.
    1. Bébé. (N.d.T.)
    2. Ratafia de brou de noix. (N.d.T.)
    3. Sieur. (N.d.T.)
    4. Bons Hommes ou cathares. (N.d.T.)

5
    Le temps pour Alaïs d'oublier ce funeste présage et de gagner le Château comtal, les cloches de midi sonnaient au beffroi de Sant-Nasari.
    Elle était épuisée, aussi dut-elle faire plusieurs haltes dans l'escalier, dont la montée lui semblait plus pénible qu'à l'accoutumée. Elle ne souhaitait que regagner sa chambre et s'accorder quelque repos.
    Elle eut la surprise de trouver porte close. À cette heure, les servantes auraient dû être à l'intérieur en train de terminer leur tâche. Pourtant, les baldaquins étaient encore tirés. Malgré la pénombre, elle aperçut près de l'âtre le panièr que François avait, à sa demande, rapporté.
    Ayant posé son plateau de fromage sur une table près du lit, elle alla ouvrir les volets, tâche dont les servantes s'acquittaient d'ordinaire aux premières heures de la matinée. Le soleil s'engouffra, révélant sur le mobilier une fine couche de poussière et les marques d'usure sur les lourdes tentures qui encadraient le lit.
    Alaïs traversa la chambre et les tira.
    Sa stupéfaction fut telle qu'elle ne put retenir un hoquet en voyant Guilhem profondément endormi, comme elle l'avait laissé peu avant l'aube, quand elle s'apprêtait à partir. Il avait l'air si beau, si détendu. Même Oriane qui avait la dent dure reconnaissait que Guilhem était un des plus avenants chevaliers au service de Trencavel.
    S'asseyant sur le bord du lit, Alaïs laissa ses doigts courir sur la peau cuivrée de son époux. Puis, avec une hardiesse inexplicable, cueillit sur son index un peu de

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