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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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l'assemblée. Il y vit de la curiosité, de l'enthousiasme, de l'impatience et de la vanité, toute chose qu'il comprenait fort bien car, aussi longtemps qu'on ignorerait le but de cette assignation et, plus concrètement, les intentions du vicomte, on ne saurait quelle attitude adopter. Le vicomte poursuivit :
    « Mon vœu le plus cher est que les réjouissances prévues pour la fin de juillet se déroulent comme attendu. Toutefois, une nouvelle nous est parvenue, si sérieuse et aux conséquences si graves que nous croyons fondé de vous les faire partager, car elle nous affecte tous.
    » À l'intention de ceux qui n'étaient pas présents au précédent conseil, permettez-moi de rappeler la situation à laquelle nous sommes tous confrontés : offensé par l'échec de ses légats en ce que le peuple de cette contrée fasse obéissance à l'Église de Rome, lors des pâques d'antan, sa sainteté le pape Innocent III a lancé une croisade pour purifier la chrétienté de ce qu'il nomme “la peste de l'hérésie” laquelle, selon ses dires, se répand sur le pays d'oc dans la plus grande confusion.
    » Ces soi-disant hérétiques, les Bons Homes , sont, dit-il, pis que le pire des Sarrasins. Mais, pour n'être que fanatisme et rhétorique, les propos du Saint-Père sont restés lettre morte, puisque le roi 1 lui refuse, du moins jusqu'à ce jour, le soutien auquel il s'attendait.
    » Ce propos belliqueux était, au premier chef, tourné contre mon oncle, Raymond VI, comte de Toulouse. Comme de fait, ce fut l'inconséquence de son écuyer, en trucidant son légat, Pierre de Castelnau, qui attira les foudres de sa Sainteté sur le pays d'oc. Mon oncle fut donc accusé de tolérer la propagation de l'hérésie sur ses terres et, par voie de conséquence, sur les nôtres. » Trencavel hésita un instant puis se reprit : « Nenni, non point de tolérer l'hérésie, mais plutôt d' encourager les Bons Homes à trouver refuge sur ses terres. »
    Un moine ascète au visage atrabilaire leva la main pour solliciter la parole.
    « Messire…
    — Cher frère, l'interrompit promptement Trencavel, puis-je abuser de votre patience ? Sitôt que j'en aurai fini, il sera loisible à chacun d'entre nous d'exprimer sa pensée. Et nous pourrons débattre librement de l'affaire qui nous occupe.
    » Mes chers amis, la ligne entre tolérance et encouragement est ténue, continua le vicomte, ignorant le grommellement sarcastique du moine, alors que Pelletier se félicitait in petto de cette habile reprise en main. Ainsi, attendu que la réputation de piété de mon estimé oncle n'est pas ce qu'on pourrait attendre. » Trencavel marqua une pause, faisant ainsi appel au sens critique de chacun. « Et puisque j'admets le fait que sa conduite n'est point au-dessus de tout reproche, il ne nous appartient pas de porter de jugement en la matière. Laissons l'Église débattre de théologie, et en ce qui nous concerne, tâchons de vivre en paix », conclut-il avec un fin sourire.
    Le vicomte fit une nouvelle pause. Une ombre était descendue sur son visage. C'est d'une voix un peu éteinte qu'il poursuivit :
    « Ce n'est pas la première fois que notre indépendance et notre souveraineté sont menacées par les envahisseurs du Nord. Mais je ne pensais point que cela pût advenir, pas plus que je ne croyais que le sang d'un chrétien pût être répandu en terre chrétienne avec la bénédiction de l'Église catholique.
    » Nonobstant, mon oncle, le comte, ne partageait point mon optimisme. Dès le commencement, il fut convaincu de la réalité de cette menace. Aux fins de protéger ses terres et sa souveraineté, il nous proposa une alliance. Ma réponse, vous la connaissez tous : nous, gens du pays d'oc, aspirons à vivre en paix avec nos voisins, seraient-ils Bons Homes , juifs ou même sarrasins. Dès lors qu'ils épousent nos lois et respectent nos coutumes, ils font partie de notre peuple. Ce fut ma réponse alors. Ce serait ma réponse ce jour d'hui. »
    Pelletier acquiesça sentencieusement, imité par toutes les personnes présentes dans le grand vestibule, y compris les évêques et autres membres du clergé. Seul le même moine solitaire, un dominicain, à en juger par sa robe noire, restait dubitatif.
    « Nous avons une compréhension différente du mot “tolérance” », objecta-t-il dans un murmure teinté d'un fort accent hispanique.
    Une autre voix monta de l'assemblée :
    « Pardonnez-moi, monseigneur. Nous

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