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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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inestimable collection d'objets d'art, acquise par la famille l'Oradore après le retour triomphant de Bonaparte de sa campagne d'Égypte. De fait, c'était l'une des plus importantes collections privées d'antiquités égyptiennes officiellement répertoriées.
    Marie-Cécile de l'Oradore, actuel chef de famille, faisait commerce d'antiquités de toute époque, même si, à l'exemple de son grand-père, ses préférences allaient au Moyen Âge. Deux grandes tapisseries accrochées sur le mur lambrissé faisaient face à la porte d'entrée, l'une et l'autre acquises cinq ans plus tôt, après qu'elle eut hérité des biens ancestraux. Cependant, les pièces les plus recherchées, gravures, bijoux ou manuscrits, étaient tenues dans un coffre, au secret.
     
    Dans la chambre à coucher des maîtres, qui prenait jour sur la rue du Cheval-Blanc, Will Franklin, dernier amant en date de Marie-Cécile, se prélassait dans le grand lit à baldaquins, le drap qui le recouvrait repoussé jusqu'à la taille.
    Il gardait ses bras hâlés indolemment repliés derrière la nuque, et ses cheveux châtains, que les étés à Martha's Vineyard 1 avaient striés de blond, encadraient un visage équilibré, étiré d'un sourire où s'attardait l'adolescence.
    Marie-Cécile en personne se tenait près de la cheminée dans un fauteuil Louis XIV finement sculpté, dont la tapisserie indigo exaltait l'ivoire moiré de son négligé de soie. Elle croisait nonchalamment ses jambes fuselées.
    De la famille l'Oradore elle possédait le profil distinctif, aquilin et pâle, quoique enorgueilli de lèvres généreusement ourlées et d'yeux verts et félins, bordés de longs cils noirs. Noires aussi les boucles de ses cheveux qui roulaient sur des épaules que n'auraient pas reniées les plus grands sculpteurs.
    « Cette chambre est à votre image, appréciait Will, reposante, luxueuse, subtilement aménagée… »
    Les diamants qui perçaient les oreilles de Marie-Cécile jetèrent un éclat quand elle se pencha pour écraser sa cigarette dans un cendrier.
    « Elle est telle que mon grand-père me l'a laissée. »
    Elle s'exprimait dans un anglais sans défaut, avec une pointe d'accent français dont son amant s'émouvait. Elle se leva et s'approcha du lit, le bruit de son pas étouffé par le tapis couleur de ciel.
    Will eut un sourire attentiste, alors que lui parvenait l'odeur sui generis de sa maîtresse, mélange enivrant de stupre, de gauloises et de parfum Chanel.
    « Retournez-vous, commanda-t-elle en agitant l'index. Allons, retournez-vous. »
    Will s'exécuta sans barguigner. Marie-Cécile se mit alors à lui masser les épaules et le cou. Il sentait son corps se détendre et se raidir tour à tour sous le toucher de sa maîtresse. Aucun d'eux ne prit garde au bruit de clé dans la serrure de la porte d'entrée. Will ne perçut même pas les murmures échangés dans le vestibule ni les pas montant quatre à quatre l'escalier.
    On frappa à la porte un ou deux coups bruyants.
    « Maman ? »
    Le jeune homme se tendit.
    « Ce n'est que mon fils, le rassura-t-elle. Oui ? Qu'est-ce que c'est ?
    — Maman, je voudrais vous parler. »
    Relevant la tête, Will chuchota :
    « Je croyais qu'il ne serait pas de retour avant demain.
    — Ce n'est pas le cas, apparemment.
    — Maman ! insistait François-Baptiste. C'est important.
    — Si je gêne… », hasarda Will.
    Marie-Cécile poursuivait son massage comme si de rien n'était.
    « Il ne doit pas me déranger et il le sait. Je lui parlerai plus tard, murmura-t-elle, avant de lancer à son fils : Pas maintenant, François-Baptiste. Le moment est… mal choisi », conclut-elle en anglais en adressant au jeune homme un regard de connivence.
    Will roula sur le dos et, afin de cacher son embarras, se redressa pour s'adosser contre la tête de lit. Depuis trois mois qu'il connaissait Marie-Cécile, François-Baptiste et lui n'avaient toujours pas été présentés. Son année d'université achevée, il était, prétendait-elle, parti en vacances avec des amis. À présent, il avait le sentiment que cette éviction ne devait rien au hasard, qu'elle était, au rebours, dûment orchestrée par Marie-Cécile.
    « N'allez-vous pas lui parler ?
    — Si cela peut vous faire plaisir… »
    Se glissant hors du lit, Marie-Cécile alla entrebâiller la porte. Il y eut un échange de paroles dont Will ne saisit pas le sens, puis un bruit de pas décroissant dans le couloir. Après avoir

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