Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
intimider. Cet homme-là est différent, pensa-t-elle. De sa vie elle n'avait jamais réagi avec une telle agressivité envers quelqu'un.
    Son émotion se dissipa peu à peu. Comme il fallait se défendre, elle fut tentée de rapporter toutes affaires cessantes l'incident à Brayling ou même à Shelagh. Elle écarta aussitôt cette idée. Avec son nouveau statut de persona non grata , personne ne lui montrerait de la compassion.
    Alice fut obligée de se contenter de rédiger mentalement une lettre de plainte, tout en cherchant à comprendre le sens de qui lui était arrivé. Un peu plus tard, un autre policier vint lui présenter la déclaration qu'elle devait signer. Alice en prit connaissance avec la plus grande attention, et, comme le document ne rapportait que des faits réels, elle apposa sans hésitation sa signature au bas du document.
     
    Au moment où les ossements furent extraits de la grotte, les Pyrénées se nimbaient d'une douce lumière rosée.
    La procession d'experts et de policiers cheminait dans un étrange silence vers les nombreuses voitures de police alignées dans le parking. Une femme se signa.
    Alice alla se joindre aux autres, en haut de la colline, pour regarder les policiers charger le fourgon mortuaire. Personne ne soufflait mot. Les portières claquèrent et le véhicule démarra dans une gerbe de poussière et de gravillons. La plupart des archéologues descendirent préparer leurs bagages sous la surveillance des deux policiers chargés d'interdire l'accès au site après le départ du groupe. Alice fit quelques pas alentour, peu désireuse de rencontrer qui que ce fût, sachant qu'elle s'attirerait plus d'hostilité que de sympathie.
    Perchée sur un tertre, elle observa le convoi officiel s'éloignant sur la route sinueuse qui plongeait vers la vallée, jusqu'à ce qu'il ne fût plus qu'un point sombre à l'horizon.
    Le campement avait retrouvé son calme habituel. Comprenant qu'il était inutile de s'y s'attarder, elle s'apprêtait à partir, quand elle s'aperçut de la présence d'Authié. Elle se rapprocha. Le dos tourné, l'homme étalait son veston soigneusement plié sur la banquette arrière de sa luxueuse voiture métallisée. Après avoir claqué la portière, il sortit son téléphone portable de sa poche de poitrine. Alice entendait le tambourinement de ses doigts sur la tôle du véhicule, pendant qu'il attendait la communication.
    Les quelques mots qu'il prononça furent aussi clairs que laconiques :
    « Ce n'est plus là », dit-il simplement.

14
    La grande cathédrale gothique de Notre-Dame de Chartres s'élançait par-dessus la mosaïque de toits et de pignons gris des maisons à colombages qui constituaient le centre historique de la ville. À l'ombre des bâtisses, en contrebas d'un dédale populeux de rues étroites et sinueuses, l'Eure errait dans la lumière pailletée de cette fin d'après-midi.
    Les touristes se pressaient devant la porte ouest de la cathédrale. Des hommes brandissaient leurs caméras vidéo comme des armes à feu, préférant mitrailler plutôt qu'admirer le brillant kaléidoscope de couleurs dispensées par les trois verrières qui dominaient le Portail royal.
    Jusqu'au XVIII e siècle, les neuf entrées donnant accès à la nef pouvaient être condamnées en cas de danger. Si les grilles en avaient été depuis longtemps retirées, l'état d'esprit subsistait. Chartres restait une ville scindée en deux : la vieille ville et la ville nouvelle. Les rues parmi les plus fermées étaient celles qui conduisaient à la face nord du Cloître où se tenait autrefois l'évêché. Les pâles édifices de pierre s'orientaient résolument vers la cathédrale, dans un climat toujours appesanti du pouvoir séculaire de l'Église catholique.
    L'hôtel particulier de la famille l'Oradore dominait la rue du Cheval-Blanc. Après avoir survécu à la Révolution, puis à l'Occupation, il s'érigeait aujourd'hui en symbole des vieilles fortunes françaises. Son heurtoir, sa boîte aux lettres de cuivre rutilaient, et les arbustes des bacs qui flanquaient la double porte d'entrée étaient irréprochablement taillés.
    Cette porte accédait à un imposant vestibule. Au centre du parquet sombre et parfaitement ciré se dressait une table ovale, supportant un grand vase de cristal d'où jaillissaient des branches de lis fraîchement coupées. Le long des murs, des vitrines, munies de systèmes d'alarme discrets, offraient à la vue du connaisseur une

Weitere Kostenlose Bücher