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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Louis d’Avre est de belle famille et d’encore plus étincelante réputation. Tous savent qu’il a la confiance extrême de M. Charles de Valois 7 , frère du roi, qualités qui pourraient peut-être entrouvrir la porterie principale de l’abbaye, et amadouer un peu le seigneur abbé.
    — Oh, ç’ui là ! marmonna Cécile. Tout’fois, j’suis en accord avec vous, admit-elle.
    Ils terminèrent leurs gobelets d’infusion en silence.

    Huguelin, qui n’avait pipé mot jusque-là, lâcha d’une petite voix :
    — Euh… Selon vous, mon maître… Sommes-nous au bout de ces horreurs ?
    Son regard se riva sur Druon, imité par celui de maîtresse Borgne.
    — Encore une fois, je ne le sais. On peut espérer que la présence du bailli et de ses hommes freine les ardeurs du meurtrier. Cependant…
    L’entrée brutale d’une grande femme charpentée coupa la fin de sa phrase, à son soulagement.
    L’attitude de maîtresse Borgne changea du tout au tout. Elle redevint tenancière efficace, se portant au-devant de la visiteuse avec une évidente révérence qui indiqua à Druon que celle-ci possédait un certain rang.
    — Madame Després, quel bonheur et honneur d’vous voir céans ! En quoi puis-je vous plaire ?
    L’autre se fendit d’un petit sourire contraint avant de déclarer :
    — Ma bonne Cécile, contente de vous voir si belle mine. Le temps me presse. Aussi, une infusion fumante dans un pot me satisferait-elle pleinement.
    — Si fait, si fait.
    Maîtresse Borgne se hâta en cuisine et en revint presque aussitôt, porteuse d’un gobelet, curieuse de connaître le motif de la visite de cette dame Després. Durant la courte absence de l’aubergiste, celle-ci avait dévisagé Druon et Huguelin, avec une insistance qui frisait la discourtoisie.
    Dame Després laissa tomber son grand corps sur une chaise et, sans plus de préambule, déclara d’une voix forte et autoritaire :
    — Maîtresse Borgne, j’ai ouï dire que séjournait en votre établissement un mire aux méthodes… peu communes. La sotte de matrone qui m’a conté l’histoire en était ulcérée. Toutefois, force lui a été d’admettre que Muguette Tue-Vache n’avait jamais été délivrée avec tant d’aisance.
    — Oui-da, et vous l’avez ici, cet aesculapius  ! rayonna l’aubergiste en désignant Druon. Une merveille qu’cette naissance du marmot !
    Un peu embarrassé, le jeune mire inclina la tête. La femme ordonna d’un ton sans appel :
    — Maîtresse Cécile, je souhaite m’entretenir en confidence avec lui.
    À ce congé, l’aubergiste plissa les lèvres de déplaisir. Pourtant, elle s’exécuta et repartit vers les cuisines.

    — Lui aussi, indiqua madame Desprès en désignant Huguelin d’un petit geste de mépris.
    La morgue de la bonne femme commençait de chauffer la bile de Druon qui lâcha, calme mais péremptoire :
    — Non, il demeure. Je n’ai point de secret pour mon apprenti.
    La femme le prit mal et lança d’un ton supérieur :
    — Notre conversation pourrait s’arrêter là, messire !
    — Je ne me souviens pas, madame, vous avoir fait part de mon envie d’engager causerie avec vous. En revanche, si telle était votre inclination, je vous conseillerais d’en user avec moi d’un ton autre.
    Il perçut le petit soupir d’Huguelin que la virulence de l’échange commençait d’inquiéter.
    Étrangement, un vrai sourire étira les lèvres de la femme, qui sans attendre d’invite se leva pour venir s’installer à la table de Druon :
    — Tudieu, messire, quel aplomb ! Bah, au fond, il me rassure. Marie Desprès, ventrière de notre belle et bonne dame Ivine, épouse du seigneur Philippe de Saint-Denis-d’Authou, se présenta-t-elle.
    Druon accueillit cette tirade d’un petit salut de tête, attendant la suite :
    — Je compte, messire mire, sur votre discrétion, même si je me doute que la rumeur a pu me précéder. Or donc, dame Ivine est mariée depuis plus de quatre longues années à mon maître, un homme bien vert et puissant en dépit de la différence d’âge et qui… montre, fort souvent, l’attrait constant qu’il éprouve pour son aimée. Le seigneur Philippe a eu trois fils, dont l’un trépassé peu après la naissance, preuve de sa virilité.
    — La stérilité viendrait donc de dame Ivine, résuma Druon.
    — Je désespère, messire. J’ai fort peu connu d’échecs jusqu’ici, permettant à moult femmes de tomber grosses. Après

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