Lacrimae
magique par les druides. Le gui européen est parfois à l’heure actuelle un adjuvant des chimiothérapies dont il favorise l’activité tout en réduisant leurs effets secondaires et donc en améliorant le « confort » des cancéreux. Il serait antitumoral. Il est également utilisé en phytothérapie comme vasodilatateur, hypotenseur, diurétique, etc. Bien que les études divergent grandement, on a souvent mentionné la toxicité de ses feuilles et baies à doses importantes, notamment en raison de leurs effets hypotenseurs, pouvant entraîner de graves perturbations cardiaques. Les druides affectionnaient tout particulièrement le gui des chênes. La raison semble simple. Le gui est un parasite fréquent des pommiers et des peupliers. En revanche, il colonise beaucoup moins souvent les chênes. Cette rareté le rendait beaucoup plus précieux aux yeux de nos lointains ancêtres.
10 - De cuir. A donné « curée ».
LXIV
Tiron, novembre 1306
L ’esprit encombré de pensées contradictoires, il s’acquitta de sa promesse à maîtresse Borgne et verrouilla la porte de l’auberge avant de monter rejoindre Huguelin qui l’attendait en lisant. Aux mâchoires crispées de son jeune maître, le garçonnet perçut aussitôt son émotion.
— De vilaines choses se seraient-elles échangées ? Je lis l’encombre sur votre visage.
Druon lui relata son échange avec le seigneur bailli et en arriva à ses soupçons au sujet de la mage Igraine.
— Quoi ! Impossible. Elle n’a pu nous suivre, et d’ailleurs, pour quelle raison ? Elle a péri dans le brasier, contra Huguelin.
— Pour quelle raison ? Je n’en ai pas la moindre idée, si ce n’est qu’elle poursuit depuis longtemps un but fort personnel, ainsi que l’avait dit Léon, l’homme de confiance de la baronne d’Antigny. Quant à son trépas, je n’y ai jamais ajouté foi. Léon n’a retrouvé d’elle que ses bijoux et sa housse. Pas de cadavre calciné, rien d’autre. Il a voulu croire qu’ainsi « partaient » les mages. Or devins, magiciens ou pas, ce sont créatures humaines, avec une enveloppe charnelle bien de ce monde qui ne résiste pas aux flammes.
L’argument porta. Le garçonnet chuinta d’une voix que l’appréhension avait gagnée :
— Ah ! quel effroi… Vous pensez… enfin, pensez-vous… qu’Igraine… aurait pu occire Borée, Charon, et pourquoi pas Nicol ?
— Je l’ignore. Toutefois, les similitudes entre la mage et cette Mabyn sont trop stupéfiantes pour relever de la simple coïncidence. Or il me faut une certitude au plus preste. Je ne puis taire très longtemps mes déductions au bailli, sous peine de nous mettre en grave péril. Cela étant, je ne puis désigner Igraine à la hargne publique tant que je ne jurerai pas de sa culpabilité. Mais comment apprendre sa cachette, surtout sans que bourdonnent les oreilles 1 de Louis d’Avre ? La forêt, certes, c’est là qu’Igraine se terre. Cependant, elles sont vastes et denses alentour.
Le regard enfantin le dévisagea, au point que Druon demanda dans un soupir défait :
— Que retiens-tu ?
— Oh… Vous m’allez trouver bien fol, mon maître…
— Allons, j’attends.
— Eh ben… Eh bien… Euh… Ajoutez-vous foi aux pouvoirs des mages ?
— Question ardue. Si je me fie à l’expérience de mon père puis à la mienne, une réponse négative s’impose. Tous ceux que nous croisâmes étaient des charlatans, des jeteurs d’ineptes sorts et des bouilleurs 2 de grotesques potions et philtres…
Il se souvint qu’Igraine avait prévu son arrivée au château de la baronne Béatrice, qu’elle avait vu le brasier qui avait consumé la dépouille de son père, et su, dès leur première rencontre, qu’elle était femelle. Pourtant, elle avait tu son genre à son seigneur.
— … Toutefois, force m’est d’admettre qu’Igraine… m’a surpris, en plusieurs occasions, par la pertinence de ses… visions, dirons-nous faute d’un terme plus adéquat. Et donc, où voulais-tu en venir ?
— Eh bien… Peut-être sent-elle votre tracas. Peut-être tiendra-t-elle à y mettre terme ?
— Et elle se manifesterait donc afin de m’éclaircir, par pure bonté d’âme ? Je n’y crois guère. Toutefois, nous ne pouvons demeurer telles deux poules écervelées dans l’attente de son bon vouloir. Aussi allons-nous fouiner, questionner les gens pour tenter de déterminer où elle se trouve. Pour plus
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