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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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d’efficacité, nous progresserons séparément. Ne t’enfonce pas dans la forêt, même en te fiant à ta marinette 3 . Un trouble pesant m’habite.
    1 - L’expression « mettre la puce à l’oreille » existe depuis au moins le XIII e  siècle. Toutefois, elle signifiera jusqu’au XVI e « éprouver du désir pour une personne », ne prenant sa signification actuelle que plus tard.
    2 - Distillateurs.
    3 - Boussole. L’ancêtre de la boussole était déjà mentionné en Chine au II e  siècle de notre ère. Il s’est agi dès le XI e  siècle d’une aiguille aimantée, scellée dans une ampoule de verre à moitié remplie d’eau. Elle dut son nom de marinette au fait qu’elle était « la compagne » des marins.

LXV
    Orée de la forêt de Montlandon, novembre 1306
    D ruon avait arpenté l’orée de la forêt tout le matin, par un froid glacial qui lui engourdissait les pieds et les doigts. Heureusement, en dépit d’un ciel lourd et gris, la pluie l’avait épargné. Il avait interrogé tous ceux qu’il avait croisés, voyageurs ou paysans, habitants des petits hameaux qu’il traversait, provoquant le plus souvent la méfiance et n’obtenant que de vagues réponses à sa question : « Une haute femme maigre, à la chevelure très sombre, se serait-elle montrée dans les parages ? »

    Déçu, fatigué, affamé, se demandant si Huguelin avait été plus chanceux de son côté, il décida d’avancer un peu entre les arbres dénudés par l’hiver approchant afin de se restaurer. Il s’installa au pied d’un chêne et ouvrit la bougette que lui avait offerte maîtresse Borgne, la même que celle qu’elle avait tendue à Huguelin. Brave Cécile. Un regain d’énergie s’était insinué en elle.
    Il attaqua à belles dents le pain et un généreux morceau de fromage. L’impressionnant silence de la forêt l’environnait. Un menteur silence, celui de petites créatures qui se taisaient de crainte de signaler leur présence. Les points de suspension d’une nature qui avait appris que l’homme ne serait plus jamais son allié.
    Il faillit s’étouffer sur une bouchée lorsque la voix guillerette, presque enfantine, qu’il aurait reconnue entre dix mille, résonna dans son dos :
    — Vous me cherchiez, miresse ?
    Il se retourna et découvrit la mage Igraine, enveloppée dans les pans d’un mantel doublé de fourrure qui ne parvenait pas à alourdir sa silhouette. Arthur, le freux, était perché sur son épaule, si impassible qu’on l’aurait cru empaillé. Elle tendit à Druon la petite outre de peau qu’elle portait en bandoulière :
    — Buvez. Nulle crainte, il ne s’agit que d’eau. Toutefois, vous devriez être davantage sur vos gardes. Si j’avais été animée de viles intentions, vous seriez déjà mort.
    Il s’exécuta. Enfin, le gros morceau de pain mâché passa et Druon se leva pour la saluer.
    — Je suis heureuse de vous revoir, mire. Vous ai-je un peu manqué ?
    — Le terme serait sans doute flagorneur. Néanmoins, j’ai maintes fois pensé à vous. Dame Igraine, je me trouve…
    — Dans l’embarras, termina-t-elle pour lui. (Joviale, elle proposa en désignant la bougette de Cécile, abandonnée non loin du tronc :) Vous avez là une tentante boutille. Trinquons au passé et aux amis qui se rejoignent.
    Il lui jeta un regard sidéré et elle s’esclaffa :
    — Non, point de divination ici ! J’ai distingué sa forme. Si… s’il vous restait un excès de nourriture et que vous souhaitiez vous en défaire…
    Se souvenant de la voracité de la mage, il lui offrit un gros morceau de pain et rompit son fromage en deux. Elle s’installa à ses côtés et ils mangèrent en tranquillité, se passant la boutille. Elle proposa quelques boulettes de mie au freux qui les attrapa avec une délicatesse surprenante du bout de son redoutable bec noir. Igraine émit un soupir satisfait et épousseta les miettes tombées sur sa housse de brunette 1 . Son étonnant regard presque jaune se perdit au loin.
    — Qu’attendez-vous ? déclara-t-elle à brûle-pourpoint.
    — Que vous me contiez ce que vous savez, rétorqua Druon d’un ton plus sévère qu’il ne le souhaitait.
    — Tout et rien.
    — Avec votre respect, cessons ces habiles pirouettes. L’heure est grave.
    — Oh, je ne l’ignore pas. Louis d’Avre est un fin limier. Pugnace, de surcroît.
    — Vous le connaissez ? s’enquit Druon, pourtant peu étonné.
    Elle plissa les

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