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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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instants, puis s'est éloigné l'air égaré. Rabouine n'a pas hésité sur ce qu'il devait faire. Il m'a dépêché un « vas-y-dire » pour me signaler les faits et a pris l'organiste en filature. Je n'ai pas de nouvelles de lui. Dès qu'on a pu me joindre – j'étais sur une affaire de contrebande de vins à Montmartre –, je suis accouru ici. Cette chambre n'était pas fermée ; le loquet retombe lorsqu'on tire la porte. Le jeune monsieur a été trouvé mort, transpercé sur une épée coincée par les barreaux du dossier d'une chaise. Tout indique un suicide. J'ai évité de rien toucher, souhaitant que vous soyez le premier à examiner le corps, sa disposition et tout ce qu'on pourra trouver ici.
    Sans un mot, Nicolas poussa la porte. D'un coup d'œil, le spectacle du drame s'imposa à lui. La chambre paraissait vide, tant son meuble était pauvre et rare. Une armoire en bois blanc, une couchette avec une paillasse recouverte d'une courtepointe en damas usé, une table bancale avec un escabeau de paille crevé et un paravent en papier huilé à demi replié sur une coiffeuse à cuvette. La fenêtre, ouverte sans doute par Bourdeau, faisait face à la porte. À sa droite, un peu en diagonale de l'entrée, et comme vautré, basculé sur une chaise coincée dans l'angle de la chambre, un corps en chemise, la chevelure naturelle rabattue sur le visage, frappait par son immobilité. Le bout de la lame d'une épée brillait un peu à gauche, sous l'omoplate.
    Nicolas s'approcha avec précaution de la victime, comme un chien à l'arrêt. Il examinait le sol souillé de sang, enregistrant chaque détail. Il se redressa, lut les titres des livres posés sur une tablette. Quelques rares vêtements étaient pendus à des clous et recouvraient une paire de bottes. Se penchant à nouveau vers le parquet, il remarqua une série d'égratignures. Des estafilades coupant le papier à fleurettes attirèrent également son attention, si fraîches que la poussière de plâtre jonchait encore le sol. Il fit un pas pour observer le corps. Il tira sur un bras encore souple. D'évidence, le décès ne remontait pas à très longtemps, quelques heures au plus. Il calcula que cela coïncidait à peu près avec le passage de Balbastre. Il appela Bourdeau et l'exempt. Ensemble, ils dégagèrent le corps qui fut allongé sur le côté, Nicolas souhaitant laisser l'arme maintenue en place en vue d'un examen attentif lors de l'ouverture à la basse-geôle. Il fut frappé, comme ses aides, par l'expression de terreur imprimée sur le visage encore presque enfantin de la victime. Il reconnut pourtant dans ses traits déformés l'un des joueurs de cartes entrevus au cours de la soirée chez Mme de Lastérieux. Le cadavre fut ensuite emmené sur un brancard, tandis que Nicolas relevait par estampage les écorchures du parquet. Avant de quitter la pièce et de poser les scellés, l'inspecteur et lui fouillèrent partout. Leur tâche fut facilitée par l'indigence du logis. Ce fut Bourdeau qui, dégageant les habits, lui signala la paire de bottes précédemment aperçue et qui se révéla appartenir à Nicolas ; il s'agissait bien de celles qui avaient disparu rue de Verneuil. De fait, l'une des semelles portait une semence qui dépassait. Il fit le lien avec les égratignures relevées sur le sol, comparables à celles observées dans la chambre de Julie.

    C'est sur cette constatation remarquable qu'ils quittèrent la rue Saint-Julien-le-Pauvre. Au Châtelet, Nicolas donna des instructions pour que l'ouverture du corps se fasse au plus tôt. Il éprouvait quelques scrupules à recourir une nouvelle fois à Sanson et à Semacgus, mais ne parvenait pas à se résoudre à abandonner cette opération si lourde de conséquences à la médiocrité des médecins de la prison. Il se rendit à l'étude de M e  Tiphaine, notaire de Mme de Lastérieux, située rue de la Harpe. Il y trouva des clercs effarés et une jeune épouse éplorée qui lui apprit que son mari venait, à la suite de la visite d'une personne qu'elle ne connaissait pas, de jeter quelques effets dans un portemanteau et de se précipiter dans sa voiture. Il lui avait juste indiqué d'écrire poste restante chez son banquier, à La Haye, en Hollande. Il passerait régulièrement à cette adresse récupérer son courrier. Déçu et accablé par ce nouveau coup du sort, le commissaire, de retour au bureau de permanence, retrouva Rabouine qui faisait son rapport à Bourdeau.

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