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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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c'est que les faiblesses constatées, au lieu de conduire à la sagesse, incitent à multiplier les expériences.
    — Mais, dit Nicolas, Sa Majesté a bien vendu le Parc aux cerfs à M. Sevin, l'huissier de la chambre de Madame Victoire ?
    — Oui, mais les tentations subsistent. Certains trouvent intérêt à les multiplier ; dans le harem du grand Turc, les filles les plus désirables sont celles qui n'y figurent pas encore.
    Nicolas se demandait si son ami, fort libertin et voué aux plaisirs, s'appliquerait à lui-même, l'âge venant, les mêmes conseils de prudence et de modération. Chacun menait sa vie comme il l'entendait et la sagesse finissait quelquefois par l'emporter. Il suffisait de constater la nouvelle conduite de Semacgus pour s'en convaincre.
    — Hélas, mon ami, comme le répète à satiété le président de Saujac, « on ne change pas ses habitudes, ce sont les habitudes qui vous changent ».
    Nicolas décida d'attaquer de front.
    — Quels sentiments vous inspiraient Mme de Lastérieux ?
    L'utilisation du mot Madame lui paraissait l'impliquer de manière moins directe dans la question posée. La Borde regarda Nicolas dans les yeux avec une gravité un peu triste qui fit soudain ressortir la différence d'âge qui les séparait, comme si toute une expérience de vie amoureuse resurgissait.
    — Ne m'en veuillez pas, répondit-il, je la croyais coquette et tout à l'opposé de ce qui vous aurait convenu. Il est dommage de constater que sa mort vous a, en quelque sorte, libéré et, sans doute, évité bien des déboires. Qu'elle ait nourri pour vous un penchant, je n'en disconviens pas. Le tout serait de discerner ce qui fondait son attachement : l'amabilité de l'homme qu'elle prétendait aimer ou la volonté de parvenir. J'inclinerais pour la seconde hypothèse. De nos jours, on ne se contente plus de paraître vermeil, on veut devenir incarnat. Était-ce une impression ? Elle semblait me réserver un traitement particulier et dulcifiait sa superbe en ma présence. Ses minauderies servaient d'appât et rehaussaient ses charmes.
    — Et vous estimez...
    — Que c'est l'homme de Cour qu'elle favorisait en moi. Elle était si désireuse de s'y pousser et d'y faire son chemin...
    Face à cette sincérité, les quelques soupçons qui avaient effleuré Nicolas disparurent à l'instant, même si une partie de son esprit policier lui insinuait que le sentiment n'avait rien à faire dans une enquête bien ordonnée. Un long silence s'installa entre eux, que rompit soudain le premier valet de chambre.
    — C'est moi qui vous ai fait inviter au tiré du roi. Sa Majesté a fait observer que vous n'aviez pas besoin d'être convié, autorisé à y paraître de fondation. Il a ajouté qu'il regrettait de ne vous y voir point aussi souvent qu'il le souhaiterait. De grâce, faites-vous moins rare à la chasse, pour lui et pour moi !

    M. de La Borde déposa Nicolas au Grand Châtelet. Le Père Marie, très agité, l'informa qu'un événement grave s'était produit et que l'inspecteur Bourdeau avait gagné la rue Saint-Julien-le-Pauvre. L'inspecteur avait insisté pour que le commissaire le rejoignît aussi vite que possible à son retour de Versailles. Un fiacre de la police l'attendait pour le mener de l'autre côté de la Seine. Le trajet n'était pas très long, mais les encombrements de la fin d'après-midi bloquèrent la voiture du commissaire rue du Marché-Palu, au sortir de la Cité. Il dut l'abandonner, enjoignant au cocher d'avoir à le retrouver dès qu'il serait dégagé. Il prit la rue du Petit-Pont, puis la rue de la Boucherie, avant de pénétrer dans l'étroite rue Saint-Julien-le-Pauvre.
    Une foule animée et jacassante entourait une charrette de la police. Des gardes-françaises tenaient le peuple à distance de la porte d'une vieille demeure dont la façade était inclinée par les ans. Nicolas se fraya un passage et se fit reconnaître. Par une des fenêtres, Bourdeau le héla. Dans le vestibule, il dut encore écarter quelques commères qui lui décochèrent des injures. Sur le palier du quatrième étage, il trouva l'inspecteur et un exempt. Son adjoint l'arrêta, le prit à part et le mit aussitôt au fait de la situation.
    — Rabouine faisait le guet depuis hier devant cette maison. Il n'avait rien observé d'extraordinaire, sauf que, ce matin, sur le coup de midi, Balbastre est arrivé. Il est monté chez M. du Maine-Giraud. Il n'est demeuré que quelques

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