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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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bon cœur et admit l'intruse dans son logis à la condition expresse qu'elle ne pénétrerait pas dans ses appartements, moyennant quoi la coquine conquit, de haute lutte, dans les heures qui suivirent, une place privilégiée sur les genoux du vieux magistrat. Quant à Cyrus, il paraissait rajeuni de cette nouvelle présence auprès de lui.
    Les jours qui suivirent furent consacrés aux travaux de l'enquête réouverte. Camusot menaça Nicolas des foudres d'une puissance qu'il ne nommait pas. L'inconnu refusa de parler tout autant que Müvala duquel on ne put tirer même un soupir. Nicolas répugnait à avoir recours à la question et entendait bien confondre les coupables moins par la force que par les subtilités du raisonnement. Balbastre, effondré, avait été écroué. M e  Tiphaine, averti par une voix mystérieuse, fut appréhendé aux portes de Paris alors qu'il s'enfuyait vers une destination inconnue. Il s'en tint, dans ses déclarations, au strict minimum, reconnaissant uniquement avoir reçu un testament sans en vérifier d'une manière trop régulière la rédaction et les signatures. De l'organiste de Notre-Dame terrorisé, on ne put rien tirer. La date de la comparution des prisonniers devant la commission présidée par M. de Sartine fut fixée au 31 mai.

    Mardi 24 mai 1774
    Dans la voiture qui le ramenait de Vaugirard à Paris, Nicolas songeait à la longue conversation qu'il venait d'avoir, au souper, avec Semacgus, sous un grand tilleul dont les effluves parfumaient la nuit. Il réfléchissait à la prochaine tenue de la commission d'enquête qui s'ouvrirait le lendemain. Trois magistrats y présideraient : M. de Sartine, M. Testard du Lys et M. Le Noir, conseiller d'État dont on parlait pour l'intendance du Limousin afin de remplacer M. Turgot, appelé par Maurepas au gouvernement. Sa participation à la commission extraordinaire avait été décidée par le roi. Sartine se disait son ami de longue date. Il avait confié à Nicolas que le magistrat bénéficiait de la confiance du feu roi, ayant été chargé d'un dossier intéressant les affaires de Bretagne et des lettres du monarque volées à une dame inconnue. C'était un habitué des affaires secrètes. Cela ne rassurait guère Nicolas, persuadé que Le Noir était lié étroitement à M. de Maurepas, puissance montante, lui-même cousin du duc d'Aiguillon et à M. de Saint-Florentin, duc de la Vrillière.
    Il faudrait jouer serrer, dire et ne pas dire, asséner en suggérant, ne pas citer de noms illustres et concilier les inconciliables. Tout cela entêtait Nicolas ; la partie serait rude. Il estimait cependant être de taille à se mesurer à cet aréopage parmi lequel il comptait un appui et allié en la personne de son chef. M. Testard du Lys, lui, l'appréciait, tout en ayant coutume d'arrêter sa position sur celle de la majorité. Cependant, en cas d'échec de sa démonstration et si la séance n'aboutissait pas à l'inculpation de certains prévenus, l'affaire risquait d'être classée, et il ne se débarrasserait jamais du soupçon qui pesait sur lui. Ceux qui évoqueraient le meurtre de la rue de Verneuil et ses suites ne manqueraient pas d'en répandre le bruit et la rumeur infamante gagnerait la Cour et la ville.
    Certes, il lui restait quelques atouts. Ce que lui avait appris Semacgus de l'entretien d'Awa, sa cuisinière africaine, avec Julia, l'esclave de Mme de Lastérieux, ouvrait de riches perspectives. Encore faudrait-il qu'elle acceptât de répéter ses confidences et ses aveux devant la cour. À cela, s'ajoutait ce que le chirurgien de marine, questionné sur un point précis de médecine qui intriguait le commissaire, lui avait révélé. Après une silencieuse réflexion, son ami, bouleversant sa bibliothèque, avait retrouvé un de ses carnets de campagne, enveloppés de toile cirée afin de les préserver des attaques de l'eau de mer, dans lesquels il notait ses opérations, ses escales et ses remarques sur la faune et la flore des pays traversés. C'est ainsi qu'à Madras, en 1755, il s'était entretenu toute une nuit avec des guérisseurs hindous, des talapoins 71 et un médecin arabe. La question de Nicolas réveilla ses souvenirs et recoupa ce qu'il avait appris de plus étonnant au cours de cette consultation. Il expliqua en détails la chose à Nicolas qui en tira sur-le-champ les conséquences, mais n'était pas certain de parvenir à utiliser cette information à bon escient.

XIII
    LE

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