Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
garder. Nicolas dut subir les minauderies, les serments, les supplications, la résistance de la belle, puis enfin l'aboutissement final dans un bruyant remue-ménage. Cela se répéta plusieurs fois jusqu'à une heure avancée de la nuit. Un couple trouva plus confortable de grimper jusqu'à ce foin tentateur et l'ardeur de ses ébats faillit disloquer la belle architecture de Nicolas que le rire gagnait tandis que la petite chatte, apeurée, se réfugiait au plus profond de ses vieilles hardes. L'épisode conclu, il finit par s'endormir.

    Ce furent les oiseaux qui l'éveillèrent avec les sifflements des merles, les morceaux de ténor d'un rossignol, puis les roucoulements de pigeons énamourés que la voûte répercutait. La journée s'écoula sans alertes. Sa monotonie ne fut rompue que par le passage de visiteurs, d'amoureux moins hardis et d'un paysan venu avec une charrette tirée par une vieille haridelle pour recueillir des brassées de fagots. L'attente commençait à lui peser. Il se mit à faire des anagrammes avec les noms de ses proches, Bourdeau, Sartine, Noblecourt, La Borde, Semacgus puis d'autres avec Balbastre, Camusot, Müvala et Cadilhac. Ses efforts s'avérèrent peu satisfaisants. Pourtant, avec un des noms dont il mélangeait les lettres, il éprouva une profonde stupeur. Le hasard venait-il de lui offrir un début d'explication d'une partie des avanies subies depuis le début de l'année ? Il ne pouvait en croire ses yeux et recommença l'opération à plusieurs reprises. Il réfléchit longuement sur sa découverte, trop incroyable encore pour qu'il s'en ouvre à quiconque. Si sa supposition était la bonne, le chaînon manquant à toute l'affaire surgissait avec éclat au hasard d'un effort de distraction mentale, comme un signe. Il tenta de rassembler d'autres éléments ; les uns comme les autres s'ajustaient dans cette construction comme les pièces disparates d'un carton découpé. Beaucoup d'épisodes s'éclairaient soudain, dans le cas où...
    Il se reprit, se raisonna et estima que cette trop longue attente le conduisait à des réflexions insensées. Il fallait raison garder, attendre et espérer que d'autres éléments s'imposeraient pour confirmer ou infirmer cette folle hypothèse. Peut-être son esprit battait-il la campagne et, comme on le disait en Bretagne, « il cherchait des prunelles dans les ronces ». S'efforçant de ne plus penser, il retourna à sa surveillance.
    La journée s'étira à la grande impatience du guetteur. Des maraîchers vinrent chercher des instruments. Des gamins jouant à cligne-musette faillirent bien le découvrir ; ce fut la petite chatte, décidément précieuse, sortant de leur refuge commun, le dos arqué, le poil dressé, essayant de se faire plus grosse qu'elle n'était, feulant et crachant, qui le sauva. Les gamins s'enfuirent épouvantés. Nicolas était de plus en plus las d'être ainsi claquemuré. Il finit ses provisions, les partageant avec sa compagne. Quelques visiteurs suivirent, de nouveau des amoureux qui, compte tenu de l'heure, ne poussèrent guère leurs tentatives.
    Vers six heures, il tressaillit. Bourdeau, dans les dépouilles de Cadilhac, paraissait plus vrai que l'original. L'inspecteur se plaça bien en vue sur un appentis, face à celui où se tenait Nicolas. À sept heures, un homme apparut, tout de noir vêtu. Nicolas ne parvenait à apercevoir que son profil. Soudain, l'homme se tourna et il reconnut un des jeunes gens qui fréquentaient chez Mme de Lastérieux et qui jouaient la partie de cartes lors de la soirée fatale du 6 janvier. Bourdeau s'avança au bord du garde-fou. L'inconnu le vit aussitôt et fit un pas en avant ; c'est alors que surgit la mouche qui devait traiter. Quelques paroles furent échangées. Nicolas devinait les mots en lisant sur le mouvement des lèvres : des chiffres pour la rançon de la boîte détournée, des conseils de prudence et un nouveau rendez-vous fixé. Suivit une longue explication de l'émissaire de la police, indiquant que si, par extraordinaire, Cadilhac, ou son représentant, n'étaient pas à même, dans les heures qui suivraient la rencontre, de se rendre dans un lieu précis, tout serait révélé à qui de droit. L'action se précipita. L'homme salua et se retira après un dernier regard appuyé à la silhouette énigmatique de Bourdeau. La mouche s'enfuit du côté du cloître de l'abbaye où il était prévu qu'il attendrait dans une pièce reculée,

Weitere Kostenlose Bücher