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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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s'ébranla dès qu'il y fut assis. On circulait à Londres aussi difficilement qu'à Paris. Il ne put rien noter de suspect, s'en remettant tout à fait à ses complices anglais, aux dispositions prises par Éon et au destin. Au bout d'une demi-heure de trajet, la voiture s'arrêta. Le cocher descendit avec calme de son siège et l'invita à entrer dans la boutique d'un perruquier. La perspective des alignements de modèles les plus divers aurait rendu fou de convoitise M. de Sartine. Une jeune fille le prit par la main, le fit passer derrière le comptoir d'ébène et de cuivre poli et le précéda dans un couloir sombre. Une porte fut poussée. Il sentit sur son visage un courant d'air froid et, sous ses pieds, un sol de pierre. Bientôt le jour réapparut ; une seconde porte s'ouvrit et la fille le confia à un gamin qui l'attendait, le visage à demi dissimulé par un bonnet de laine trop large. Celui-ci le tira par la manche et le dirigea vers un autre fiacre conduit par un nouveau cocher.
    La voiture erra longtemps, tournant plusieurs fois à angle droit, et un long quart d'heure s'écoula. Elle s'arrêta enfin. La porte s'ouvrit et le cocher lui demanda d'entrer dans une église qu'il nomma Queen's Chapel . Il lui mit dans une main un missel catholique en français, lui précisant que, pour le retour, il connaissait son adresse et pouvait rentrer par ses propres moyens. Enfin, la personne recherchée serait celle qui lui proposerait de lui décrire le monument, qu'il ne s'adresse surtout à aucune autre.

    La chapelle n'était pas grande mais d'admirables proportions, avec un plafond en caissons sculptés. Nicolas s'approcha de l'autel et entendit quelqu'un se glisser derrière lui. Se retournant, il découvrit un homme de taille moyenne, drapé dans un manteau à haut col, perruqué, le tricorne à la main qui présentait un visage bien empli, sans relief, mais aux yeux fureteurs.
    — Monsieur, demanda en français l'inconnu, veut peut-être connaître l'histoire de ce monument ?
    L'homme prit le missel de Nicolas, l'ouvrit et vérifia quelque chose, puis le mit dans sa poche.
    — Bien volontiers, dit Nicolas.
    — L'architecte Inigo Jones l'a édifié en 1627 pour la princesse Henriette de France, épouse de Charles I er . Je vous recommande l'autel décoré par Annibale Carrache. Cela vous satisfait-il ?
    — Monsieur, fit Nicolas, vous savez qui je suis et de qui je suis l'envoyé. On m'a autorisé à vous proposer tout arrangement utile afin de mettre un terme à une situation préjudiciable à tous, et à vous le premier, et qui ne peut qu'être un malentendu.
    — C'est vite dit, protesta l'homme. Voyez comme on me traite ! Considérez les bandits qu'on lance à mes basques pour me tuer. Comment voulez-vous que j'accepte quelque proposition que ce soit ! Je me veux venger, aussi vrai que je m'appelle Morande. Je vais porter plainte et j'obtiendrai bien quelque chose comme victime du despotisme.
    Il se calma, soudain doucereux.
    — Je n'ai rien contre vous, reprit-il. Venez donc rencontrer ma femme et mes marmots. Je vous prie bien humblement de venir manger une hure de saumon dont on m'a fait présent et qui vaut tous les poissons de France et, cela, flanqué d'huîtres frites. Hein ? De quoi donner de l'exercice à l'estomac le plus chaud. Ma femme est très malade, étant sujette à des pertes de sang. Ayez pitié d'elle, soyez bon.
    — Vous me voyez disposé à vous aider de toutes sortes de manières, répondit Nicolas. Je n'ai pas fait tout ce chemin sans pouvoir proposer une solution permettant à toutes les parties intéressées d'obtenir satisfaction.
    — Non, répliqua Morande, il est trop tard pour traiter. On m'agresse, j'attaque, j'attaque...
    Il frappait du talon sur le sol.
    — J'ai consulté des hommes de loi et je détaillerai à nouveau dans les papiers publics l'histoire des coquins de la police de Paris qu'Aiguillon a envoyés ici pour m'enlever et me poignarder.
    — Monsieur, répondit Nicolas, il est beau d'accuser, mais vous êtes vous-même la cause de vos déboires. Que ne trouvez-vous d'autres occupations que de salir la réputation de personnes de qualité qui ne vous connaissent ni d'Ève ni d'Adam ?
    — Et que voulez-vous que je fasse ? Que diable, prouvez-moi qu'il existe de meilleurs sujets que les putains de la Cour pour venir au but que je me propose et qui est de me procurer des deniers. Si je faisais des scènes et des romans, personne ne me

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