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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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recherché et sévèrement châtié une fois repris, ce qui ne manquerait pas d'arriver. – Répond : qu'il le savait mais que sa liberté n'avait pas de prix. Interrogé pour connaître d'où provenaient les épices dont il usait à l'occasion de ses préparations. – Répond : que c'était là des graines de Saint-Domingue appelées piments de bouc qui étaient chez lui consommés habituellement. Interrogé à nouveau sur la présence de M. von Müvala le soir de la mort de sa maîtresse. – Répond : qu'il ne savait rien et ne l'avait vu pour la dernière fois ce soir-là qu'au moment où sa maîtresse lui présentait des parfums dont il s'était enquis. Interrogé pourquoi il avait été à ce moment-là appelé par sa maîtresse. – Répond : qu'elle l'avait chargé de porter une lettre à la poste, qu'il l'avait fait aussitôt et qu'il ne savait pas à qui elle était destinée, ne sachant ni lire ni écrire. Interrogé de savoir si sa maîtresse entretenait commerce charnel avec M. von Müvala. – Répond : qu'il était assuré que non et sa maîtresse était trop entichée de M. Le Floch pour aller chercher son plaisir ailleurs. »
    Bourdeau lui tendit un autre papier.
    — Voilà le réquisitoire du procureur.
    —  « Je requiers , reprit Nicolas, pour le roi, attendu ce qu'il résulte de l'état de l'enquête et aux pièces de la procédure, que ledit Casimir, esclave nègre, soit condamné d'être brûlé vif dans un bûcher, qui sera dressé et allumé, à cet effet, pour l'exécution de la haute justice, sur la place de Grève en cette ville. Icelluy Casimir, préalablement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire pour avoir révélation de ses complices. »
    — Il va de soi que tout cela est de routine pour accélérer les choses, tant certains sont pressés de le voir convaincu et châtié ! Mais les preuves manquent de sa culpabilité, c'est le moins que l'on puisse dire. Les crimes d'empoisonnement ont toujours déterminé des mouvements insensés. Savez-vous qu'on réfléchit à aggraver les peines ? Il est un magistrat de nos connaissances 36 qui prêche pour que le coupable, arrivé au lieu de l'exécution et étant monté sur l'échafaud, soit renversé dans une chaudière d'eau bouillante.
    — Fi, l'horreur !
    — Que pensez-vous des propos de Casimir ? demanda Bourdeau.
    — Mystérieux truchement, donneur de conseils, poison inconnu, incertitude sur le caprice de Julie pour Müvala, lettre envoyée en pleine nuit, pourquoi et à quel destinataire ? Cet interrogatoire obscurcit plus qu'il n'éclaire ! De plus, il est indigent.
    — Exact. J'ai organisé ce soir un conseil de guerre officieux. Semacgus nous reçoit à Vaugirard. Exceptionnellement, Sanson a accepté son invitation. Nous examinerons l'affaire sous tous ses angles, à tête reposée, si toutefois cette partie vous agrée. Catherine viendra aider Awa, cela promet d'être succulent ! M. de Noblecourt aurait bien couru la poste afin d'être des nôtres, mais sa présence risquait d'effaroucher Monsieur de Paris.
    — Cela me convient, j'ai besoin de votre amitié à tous. Sans compter le plaisir de retrouver la cuisine française.
    Cela lui avait échappé. Il se mordit les lèvres, se traitant d'étourneau. Bourdeau ne releva pas, mais ses yeux se plissèrent d'ironie contenue. Pour faire diversion, Nicolas se leva et fourragea dans un casier où s'accumulaient des notes ou du courrier parvenu à son nom au Châtelet. Son cœur battit la chamade en reconnaissant, sur un petit pli carré avec un cachet de cire rouge, l'écriture de Mme de Lastérieux. À ce premier sentiment succéda l'incompréhension de voir que l'adresse portait « à Monsieur, Monsieur Nicolas Le Floch, Commissaire de police au Châtelet, rue Montmartre, Hôtel de Noblecourt, vis-à-vis le passage de la Reine de Hongrie » . Pourquoi, en dépit de toutes ces précisions, cette lettre était-elle parvenue à la prison royale ? Il l'ouvrit, oubliant la présence de l'inspecteur. « Nicolas, qui ne nous épouse pas s'expose à ce que l'objet de sa flamme lui en fasse ressentir les désagréments, tant sa tristesse est grande de ce délaissement, et aille jusqu'à former des souhaits contre vous. Je ne prétends point me justifier d'une faute trop réelle ni diminuer celle-ci. Croyez que je me méprise autant qu'il est possible d'avoir cédé à un mouvement d'humeur en vous donnant l'impression d'avoir eu la

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