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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pencha et fit approcher Nicolas.
    — ... Je me suis laissé dire que l'argent nécessaire pour l'achat de cette charge venait tout droit d'un haut personnage qui souhaitait disposer d'un tabellion à sa main qui lui devrait son élévation. Le montant de la somme a surgi par miracle en écus bien sonnants dans des sacs scellés du contrôle général 48 .
    — Vous supposez donc qu'un...
    — Rien, rien. Je n'ai rien dit, je ne m'étonne de rien. Les temps sont ainsi. Vous m'avez compris. Vous entendez bien chat sans qu'on puisse dire minou 49 . Oubliez-moi et partez, c'est l'heure du repas de mes enfants.
    Le valet apparut, portant des plats chargés de viandes diverses. Ce fut un hourvari, des glapissements et de nouvelles mêlées. Nicolas salua et, sans demander son reste, se retira. Dans sa voiture, il constata que ce bref entretien confirmait tout ce que lui-même et Bourdeau appréhendaient. La charge de M e  Tiphaine, acquise dans des conditions troubles en dehors des règles normales, constituait le gage d'une fidélité achetée et prête à toutes les compromissions. Dès lors, une descente et un nouvel interrogatoire au domicile de l'intéressé risquaient d'aller à l'encontre des buts recherchés. Il fallait soumettre le manuscrit du testament à un expert dans la comparaison des écritures qui établirait, sinon une certitude, au moins une présomption en cas de faux, et placer sous haute surveillance le jeune notaire pour mieux connaître ses entours et tenter de démasquer ses commanditaires. Alors seulement, on pourrait mettre à la gêne 50 le notaire et le pousser dans ses retranchements.
    Nicolas regagna le Châtelet pour y retrouver l'inspecteur et le charger de ce travail. Celui-ci jugea Nicolas si fatigué et hagard qu'il le convainquit de regagner au plus tôt la rue Montmartre. L'exaltation du matin dissipée laissait la place à une grande lassitude et à un évident besoin de sommeil ; c'était encore le contrecoup de l'équipée anglaise.

    À l'hôtel de Noblecourt, Nicolas inquiéta Catherine, revenue de Vaugirard, par son peu d'entrain. Il répondit d'un ton distrait aux interrogations pressantes du vieux procureur, curieux d'un compte rendu de son entrevue avec « l'homme aux chats », et se contenta d'assurer que sa lettre de recommandation avait atteint son but. Puis il monta se coucher ; quatre heures de relevée sonnaient à Saint-Eustache.

    Jeudi 20 janvier 1774
    Un énorme chat noir pelotait sa poitrine et l'empêchait peu à peu de respirer. La panique le gagnait d'autant plus que le matou lui parlait, ses yeux verts pailletés de jaune étincelant d'un lointain regard humain : son angoisse augmentait de ne rien comprendre aux sons rauques de la bête. Il tenta d'échapper à son étreinte. Soudain, le voile se déchira, il hoqueta, toussa et ouvrit les yeux pour découvrir le visage débonnaire de Bourdeau.
    — Ah, enfin, monsieur le commissaire consent à s'éveiller ! Il y a un moment que je m'époumone.
    — Je finissais ma nuit, bâilla Nicolas.
    — Pardié, je m'en souhaite d'aussi belles ! De quatre du soir à neuf heures ce matin, dix-sept heures de tours de pendule ! Êtes-vous dispos, au moins ?
    — À merveille, fit Nicolas en sautant du lit. Je vous avais pris pour un chat.
    Sur cette phrase qui laissa son ami ébahi, il courut à sa toilette. Il ne fut pas long à rejoindre Bourdeau qui buvait un café au lait avec Marion. Nicolas, qui en tenait plutôt pour le chocolat, constatait que ce breuvage avait gagné toutes les couches de la société et que les harengères de la Halle en tâtaient tout aussi bien que les duchesses. Comme Bourdeau se brûlait, Marion lui conseilla d'emporter le bol dans la voiture afin de l'achever de le boire tout à son aise.
    — Ce breuvage n'est bon que préparé à la maison, dit Bourdeau alors que leur voiture s'ébranlait.
    — M. de Noblecourt, qui l'apprécie, me contait que dans sa jeunesse le premier café installé à la foire Saint-Germain était tenu par des Arméniens. Ensuite, un Persan ouvrit un second établissement rue de Buci. Mais ce qui décida de la mode et de l'engouement actuels, ce fut la superbe installation d'un Vénitien, près de la Comédie-Française, rue des Fossés-Saint-Germain, nommé Francesco Procopio di Coltelli.
    — D'où le nom de Procope , de ce haut-lieu des dégustateurs et des joueurs d'échecs.
    — Où l'on parle tant que nous y entretenons, en permanence, une

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