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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’assistance, força délicatement les mâchoires pour examiner la cavité buccale. Comme il s’y attendait, les gencives autour des dents pourries étaient noirâtres et la langue gonflée, ce qui expliquait que la bouche fût restée entrouverte. Il comprit instantanément ce qui s’était passé. Montfort ne s’était pas écroulé subitement par suite d’un arrêt brusque du coeur ou d’un afflux de sang soudain au cerveau. Non, il avait été empoisonné.
    Corbett replaça le voile et salua Plumpton avant de sortir et de retrouver Bassett et Ranulf qui l’attendaient.
    — Alors ? s’enquit Bassett.
    Corbett se contenta de lui jeter un bref coup d’oeil et revint dans le choeur.
    Ranulf se moucha bruyamment sur la manche de son surcot en se régalant à l’avance de la suite des événements : du vilain se préparait et son maître et lui allaient avoir du pain sur la planche. Ils seraient convoqués par leur puissant souverain et chargés d’une mission secrète. Si tel était vraiment le cas, et puisque jusqu’ici son maître n’avait jamais déçu le roi, cela signifiait davantage d’argent et de richesses ainsi qu’une position sociale plus élevée ; sans compter une gloire qui rejaillirait sur Ranulf. Il se ne tenait plus d’orgueil. La populace de Londres avait été évacuée de la nef, mais lui, Ranulf-atte-Newgate, l’ancien larron condamné autrefois à se balancer au gibet des Elms avait pu rester là. Corbett lui avait obtenu un pardon officiel et depuis lors, grâce à la discrétion, la subtilité et la perspicacité de son maître, la prospérité de Ranulf n’avait cessé de croître. Corbett se montrait généreux malgré son caractère taciturne et réservé, et Ranulf avait commencé à mettre de côté un joli petit pactole chez un orfèvre près de Poultry. Non point qu’il s’inquiétât outre mesure de l’avenir. Il prenait les jours comme ils venaient, ses deux buts dans l’existence étant de veiller sur Corbett et de profiter le plus possible de la vie.
    Ses relations avec son maître n’étaient pas faciles, car ce dernier était d’un tempérament morose et renfermé. Il restait parfois attablé des heures dans un coin de taverne, sirotant du vin ou de la bière, perdu dans ses pensées, et quand Ranulf essayait de l’en tirer, il ne recevait de Corbett que des regards furieux. Le seul endroit où celui-ci semblait prendre goût à la vie, c’était aux Archives, parmi les rouleaux de parchemin, le vélin, la cire à cacheter, les encriers et les plumes. Il paraissait en tirer autant de plaisir que Ranulf à poursuivre de ses assiduités les épouses et filles de divers marchands londoniens. Bien sûr, il y avait toujours la musique. Dans leur maison de Bread Street, Corbett passait maintes soirées à jouer doucement de la flûte pour lui-même et à inventer de nouvelles mélodies. Et puis sa mélancolie avait une autre raison d’être : Maeve, la Galloise, sa fiancée, une damoiselle bien gentille, d’après Ranulf, qui redoutait pourtant ses façons énergiques et le regard de ses yeux d’un bleu limpide. En fait, c’était la seule femme qui eût jamais intimidé Ranulf et il n’était pas loin de penser qu’elle effrayait même Corbett. Elle avait déclaré son amour au clerc, mais refusait, jusqu’ici, de décider de la date du mariage, arguant du fait que la situation au pays de Galles ne s’était pas encore stabilisée, par suite de l’échec de la révolte à laquelle son oncle, un fourbe corpulent, s’était trouvé étroitement mêlé {11} . Oui, cette Galloise leur compliquait la vie. Ranulf lança un regard courroucé à son maître qui s’éloignait, et aussi fort que possible il se remoucha sur la manche de son surcot. Bassett grimaça tandis que Corbett s’arrêtait net et décochait un coup d’oeil furibond à son serviteur.
    — Cette fois, lui ordonna-t-il sèchement, reste dehors !
    Ranulf obtempéra en souriant pendant que le clerc, suivi de Bassett, repoussait la tenture du choeur et rejoignait le roi. Édouard était affalé au pied du sarcophage de saint Erconwald d’une manière fort peu majestueuse. Appuyé au mur, Surrey se curait les dents, les yeux rivés sur la rosace d’où se déversaient des flots de lumière comme s’il la voyait pour la première fois. Corbett comprit que son souverain était d’une humeur de chien en voyant ses yeux mi-clos et son long visage ridé revêtir la sombre expression

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