Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
de qui affronte un problème personnel. Le roi leva les yeux à l’entrée de Corbett.
    — Eh bien ?
    Le clerc eut un geste d’impuissance :
    — C’est bien ce que je craignais, Sire. Un assassinat.
    — Comment le savez-vous ? fit Surrey en se redressant tout d’un coup. Êtes-vous médecin ?
    Corbett soupira. Il avait toujours redouté l’hostilité des grands barons, ces seigneurs à qui la puissance avait été conférée de naissance et qui voyaient d’un mauvais oeil tous ceux dont le pouvoir était octroyé par le roi. Corbett servait loyalement la Couronne. Il avait certes étudié avec acharnement dans les collèges d’Oxford, travaillé de longues heures, transi de froid, dans des scriptoriums et des bibliothèques exiguës, mais il ne devait sa position élevée qu’à la seule faveur du roi, et cela était toujours sujet d’acrimonie pour des seigneurs comme Surrey. Corbett n’avait jamais encore rencontré de noble qui l’acceptât pour ce qu’il était, un magistrat compétent, un serviteur du roi, digne de confiance.
    Cela dit, il savait comment survivre aux intrigues de cour.
    Il s’inclina devant Surrey :
    — Monseigneur a raison ! concéda-t-il avec un sourire mielleux, tout en se le reprochant. Je ne suis pas médecin, mais j’ai quelques notions en matière de poisons.
    — Alors vous êtes un homme exceptionnel, l’interrompit Surrey.
    Corbett sentit une bouffée de colère l’envahir et il se mordilla la lèvre. Surrey insinuerait-il qu’il avait trempé dans le meurtre du doyen ? Il coula un regard en biais au roi qui s’était levé et époussetait son habit.
    — Monseigneur, reprit lentement Corbett, il se trouve que par suite de certaines circonstances, divers domaines de la médecine ne me sont pas inconnus. Par ailleurs, chacun sait qu’un mort dont la face est encore rigide, la langue enflée et la bouche aussi noirâtre que les portes de l’Enfer a certainement été victime d’un empoisonnement. Ce que nous devons découvrir, poursuivit-il en regardant le roi droit dans les yeux, c’est qui l’a empoisonné, où et comment !
    Il entendit alors Bassett réprimer une exclamation et étouffer un juron, et il aurait vivement souhaité se retourner et l’observer, mais il continua à fixer le roi en se demandant quelles raisons avait Bassett d’être si inquiet. En quoi cela le concernait-il ? Mais les réponses devaient attendre. Corbett se doutait de ce qui allait advenir : le roi lui ordonnerait de découvrir les motifs derrière cet assassinat et de ne pas prendre de répit tant qu’il n’aurait pas dévoilé la vérité ou rassemblé assez de renseignements pour donner l’impression qu’il la connaissait.
    — Sire, répéta Corbett avec insistance, nous devons absolument faire la lumière sur ce crime. Montfort venait d’une famille que vous haïssez, c’est de notoriété publique. Il était également proche de Monseigneur l’archevêque de Cantorbéry et avait l’intention, après la messe, de prononcer une homélie dénonçant votre projet d’assujettir l’Église à l’impôt.
    Corbett s’interrompit pour s’humecter les lèvres ; Édouard s’était ressaisi et semblait, par un pur effort de volonté, être revenu du bord du gouffre noir où menaçait de l’entraîner sa colère.
    — Les gens vont vous accuser de la mort de Montfort, reprit Corbett.
    Le roi lui tourna le dos, s’appuyant sur le sarcophage, bras tendus et tête baissée, sous la grande rosace, comme plongé dans ses prières. Puis il fit face à Corbett, l’air épuisé.
    — Oui, ce que vous dites est vrai, reconnut-il posément. On va me mettre le crime sur le dos comme pour la mort d’autres membres de sa maudite famille. Comment pourrais-je jamais exiger des impôts d’un clergé qui va se soulever comme un seul homme et réclamer justice pour le meurtre de Montfort ?
    Il plissa les yeux dans la pénombre.
    — Mais comment cela a-t-il pu se passer, Hugh ?
    — Deux solutions, répondit immédiatement Corbett, presque sans réfléchir. Soit il a ingurgité le poison avant le début de l’office, soit...
    — Soit ? le pressa impatiemment le roi.
    — Soit c’est le calice qui a été empoisonné, continua calmement Corbett.
    Le monarque blêmit à l’idée de ce sacrilège.
    — Vous voulez dire, s’interposa Surrey, que le vin consacré, le sang du Christ, aurait été empoisonné ? Par un célébrant, alors !
    Le comte traversa

Weitere Kostenlose Bücher