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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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expédiées.
    C’était la troisième ou la quatrième fois que le roi lui confiait certaines tâches spéciales. Corbett, eût-il été honnête avec lui-même, aurait admis qu’il avait peur. Ses missions précédentes l’avaient entraîné à l’étranger ou dans les bas-fonds sinistres de Londres où il s’était heurté à de puissants personnages. Il avait dû déjouer des complots au pays de Galles et en Écosse ainsi que des tentatives d’assassinat. Il ne se faisait guère d’illusions : tôt ou tard il échouerait lamentablement, encourant ainsi la colère du roi, ou serait victime d’un grave accident. Qu’arriverait-il alors ? Le monarque pouvait très bien le rejeter comme un vieux chiffon ou un bout de parchemin inutile et il serait balayé comme les feuilles de l’été passé, écarté et vite oublié. Et à qui manquerait-il ? À sa manière, il aimait bien Ranulf, mais ne se leurrait pas sur les sentiments de son serviteur. Il n’y avait que Maeve, au pays de Galles. Corbett s’arrêta pour contempler, yeux plissés, une des grandes baies du Hall. On était à la mi-janvier et leur dernière rencontre datait de l’automne précédent. La sensation du temps écoulé ne fit qu’accroître son désir douloureux d’être près d’elle. S’il se laissait aller à penser au visage serein de Maeve, à sa blonde chevelure ou à son corps aux rondeurs parfaites, le plaisir qu’il ressentirait serait immédiatement suivi d’un profond accès de noire mélancolie. Il savait ne pas pouvoir se rendre au pays de Galles et les intempéries l’empêchaient, elle, de venir à Londres. Il lui fallait mener sa mission à bien et accepter ce que le sort lui réserverait.
    Peut-être était-ce là la raison de sa peur : à présent, il avait soif de vivre plus que jamais. Il redoutait la mort, craignant qu’un événement quelconque l’empêchât de revoir Maeve, de l’épouser et de partager sa vie. Car qu’adviendrait-il s’il mourait ? À quoi serviraient ses logements de Bread Street ou d’Aldermanbury, ou ses autres biens – le coffret marron, soigneusement scellé et déposé chez l’orfèvre de Cheapside et le manoir en ruine et désert du Sussex ? À quoi bon si son corps pourrissait dans une fosse commune ou quelque caniveau de Londres ?
    Il rejeta les pans de sa cape sur ses épaules et toucha machinalement le long poignard qui pendait à son baudrier. Il fut immédiatement accosté par un officier à la coupe de cheveux impeccable, vêtu d’un pourpoint et de chausses bleu et écarlate. Brandissant son bâton blanc d’huissier du Grand Hall, l’homme mit la main sur la poitrine de Corbett pour lui signifier de ne pas aller plus avant. Sa mine suffisante rayonnait à l’idée d’exercer un pouvoir quelconque et il se rengorgeait comme un petit moineau. Corbett aurait éclaté de rire en d’autres circonstances, mais cette fois-là, il regarda le visage porcin avec colère :
    — Vous m’arrêtez, Messire ?
    — Je vous arrête, répliqua le pompeux imbécile, parce que vous êtes armé, ici, près du Banc du Roi, et que cela constitue un délit.
    Il claqua des doigts en direction des hommes d’armes qui les observaient pour qu’ils vinssent arrêter Corbett, mais ce dernier abattit vigoureusement ses mains sur les épaules de l’huissier avec un bruit sourd.
    — Comment vous appelez-vous ? demanda Corbett.
    Une lueur de méfiance brilla dans les yeux de son interlocuteur. Corbett n’était ni ivre ni apparemment fou. Seul un homme sûr de son fait oserait agir ainsi avec un représentant du pouvoir royal.
    — Comment vous appelez-vous ? répéta Corbett sévèrement.
    — Edmund de Nockle, répondit l’outrecuidant personnage.
    — Eh bien, Edmund, martela Corbett en serrant son épaule jusqu’à ce qu’il vît l’autre grimacer de douleur, moi, je m’appelle Hugh Corbett. Je suis haut magistrat à la Chancellerie royale et envoyé spécial pour toutes affaires relevant du sceau privé. Si vous voulez m’arrêter, c’est votre droit le plus strict, mais je vous préviens qu’avant la tombée du jour, je serai de nouveau dans ce Hall avec épée et poignard tandis que vous, fier imbécile, vous serez enchaîné dans la prison de Marshalsea.
    L’huissier allait s’excuser, mais Corbett n’en avait pas fini avec lui.
    — Maintenant, Messire de Nockle, veuillez nous conduire jusqu’au roi !
    Le visage rouge de confusion, l’huissier fit

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