Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
sceller notre accord. Montfort appréciait les petits plaisirs de ce bas monde. Votre enquête démontrera que j’avais vu juste. Vous comprenez, Hugh, hier j’étais en colère, non pas à cause de sa mort, mais parce qu’il n’avait pas vécu assez longtemps pour prononcer cette homélie que je lui avais « achetée ». C’est moi, pour ainsi dire, qui l’avais rédigée, chapitre après chapitre ! Elle commençait par un rappel historique, montrant comment l’Église de ce pays avait toujours soutenu la monarchie et comment Erconwald lui-même, évêque de Londres, cet éminent Saxon dont le sarcophage se trouvait près de moi hier, avait tout fait pour la cité, le souverain et le royaume.
    « J’enrage encore de la disparition de Montfort et il me faut découvrir le coupable. L’a-t-il supprimé pour des raisons relevant de sa vie privée, ou parce qu’il savait que je l’avais circonvenu ? Montfort était à moi, corps et âme. Son assassin est mon ennemi et – j’en suis persuadé – siège tout près, voire à la droite de Robert Winchelsea, ce fourbe pompeux et pédant d’archevêque de Cantorbéry !
    La respiration d’Édouard se fit haletante et Corbett remarqua qu’il était au bord d’un de ses fameux accès de rage, frappant ses mains l’une contre l’autre et arpentant la pièce d’un pas plus vigoureux.
    — Je peux supporter les évêques qui me tiennent tête pour de justes raisons, Corbett, mais pas Winchelsea ! C’est un comploteur sournois qui s’éclipse souvent pour Rome ou Avignon et se donne des allures de saint, de Becket en habits somptueux. C’est un politique qui conspire contre moi. Il voudrait que je sois son obligé. Il se considère comme le défenseur des libertés de l’Église. Je suppose, dit le roi en crachant presque ses mots, qu’il aimerait assez finir comme Becket ! S’il ne prend garde, c’est ce qui va lui arriver !
    Corbett haussa les épaules. Le souverain qui le scrutait alla s’asseoir sur un coffre face à lui, sa colère apparemment envolée.
    — Vous semblez surpris, Corbett !
    — Je le suis effectivement, Sire ! Si j’accepte ce que vous me dites, je dois aussi accepter l’hypothèse selon laquelle on a tué Montfort après avoir découvert qu’il avait été suborné. Je persiste à croire, néanmoins, que c’est vous que l’assassin voulait frapper.
    — Et il a réussi, souligna le roi en riant jaune. Il a empêché Montfort d’intervenir en ma faveur, tout en me faisant endosser la responsabilité du meurtre. Brillante manoeuvre, Corbett, subtil stratagème !
    Corbett hocha la tête.
    — Je crois que c’est pire que cela. Il y a un assassin dans cette ville, Sire, qui veut votre mort. Montfort n’était qu’un moyen pour arriver à ses fins. Je pense, en fait, que le complot a mal tourné. J’espère pouvoir le prouver un jour.
    Le roi se pencha et tendit un doigt menaçant vers Corbett, allant presque jusqu’à lui toucher le visage.
    — Donnez-moi un commencement de preuve !
    — En voici une : le vin que vous avez envoyé. Pourquoi a-t-on fait la bêtise de l’empoisonner après la mort de Montfort et l’absence d’homélie ? Pourquoi cet empoisonnement que l’un des chanoines de St Paul et moi-même sommes seuls à connaître ?
    Corbett se mordilla la lèvre.
    — Vous voyez, Sire, l’assassin a commis une erreur fatale. Il a été pris de panique, car le vin a été empoisonné non pas avant la mort de Montfort, mais après, pour donner l’impression que vous en étiez responsable.
    Le roi se passa les mains sur le visage et Corbett attendit qu’il reprît la parole.
    — Eh bien, eh bien, Hugh, conclut-il, si vous avez encore des doutes, il vaut mieux que vous continuiez l’enquête.
    — C’est ce que je vais faire, Sire, mais...
    Le roi lui jeta un coup d’oeil perçant.
    — Mais... répéta fermement le clerc, il faudrait que vous me fassiez part, dorénavant, de tous les renseignements sur Montfort. Si j’avais su hier ce que vous m’avez révélé aujourd’hui, cela m’aurait facilité la tâche !
    Le roi traversa la pièce pour aller regarder au-dehors par la fente d’un des volets. La belle roseraie de Westminster était ensevelie sous un épais manteau de neige. Rien ne poussait, ni plantes ni herbe. Cette entrevue l’ennuyait à présent. Il redoutait les hommes comme Corbett, des hommes issus de nulle part, à l’esprit affûté comme un rasoir, des hommes

Weitere Kostenlose Bücher