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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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volte-face sans vouloir entendre les ricanements de Ranulf. À sa suite, ils quittèrent le Grand Hall, descendirent un escalier et longèrent un couloir tortueux. Corbett savait parfaitement où se trouvait le souverain. La chambre royale était située près du bureau où l’on gardait lettres et sceaux. Nockle s’approcha d’une lourde porte, fermée par des barres de fer, et frappa doucement, mais Corbett, décidant qu’il en avait assez, le repoussa et tambourina. Il entendit le roi lui dire d’entrer. Il ouvrit et pénétra dans la pièce, Ranulf sur ses talons.

 
    CHAPITRE VII
    Assis sur un énorme coffre au fond de la pièce, le souverain était entouré de rouleaux de parchemin et de vélin jonchant le sol. Le feu ronflait dans la cheminée et l’âtre était parsemé de débris de bois et de charbon. Corbett fut immédiatement frappé par la chaleur intense qui régnait dans la salle ; de fait, on avait fermé les volets et allumé au moins trois braseros supplémentaires. Les clercs travaillant à de longues tables semblaient regretter d’avoir revêtu maintes couches de vêtements. Le roi dictait plusieurs lettres à la fois, interrompant souvent une dictée pour en commencer une autre – les quatre scribes étaient tous en train d’écrire. Corbett avait déjà assisté à ce spectacle étonnant : le roi passait d’un sujet à l’autre, d’une missive exigeant d’un shérif qu’il comptabilise de façon plus rapide et exacte les revenus d’un comté, à celle priant un cardinal de Rome d’intercéder auprès de Sa Sainteté pour telle ou telle affaire.
    À l’entrée de Corbett, il se leva et congédia ses secrétaires de sa voix de stentor. Il n’eut pas à le dire deux fois : ils laissèrent tomber leurs plumes et quittèrent la pièce à la queue leu leu, l’air soulagé. Le souverain remplit deux hanaps à ras bord et les apporta à Corbett et Ranulf. Le clerc bafouilla des remerciements et avala le vin goulûment. Édouard surprenait toujours Corbett. Il se montrait parfois arrogant, mais il pouvait aussi se rappeler un détail insignifiant concernant un simple serviteur et même se déranger en personne pour le confort d’un subalterne de sa Maison.
    Ce jour-là, il semblait être de cette humeur. Il fit signe à Corbett et à Ranulf de s’asseoir sur un banc.
    — Vous avez été fort matinal aujourd’hui, Messire !
    Le roi éclata de rire en voyant la mine stupéfaite de son clerc.
    — J’ai envoyé un messager chez vous, mais vous étiez déjà sorti. Avez-vous commencé votre enquête sur l’affaire de St Paul ?
    — Oui, Sire.
    — Et qu’avez-vous découvert ?
    — Peu de chose.
    Corbett vit le regard du roi s’assombrir et eut à nouveau conscience de son caractère lunatique.
    — Je veux dire, Sire, que j’en ai appris un peu plus. Il est certain que Montfort a été empoisonné, mais le produit utilisé a sûrement dû être versé pendant le sacrifice de la messe, probablement pendant la communion des célébrants. Il est mort quelques minutes après l’avoir absorbé.
    — Savez-vous qui est responsable ?
    — Cela peut être chacun d’entre nous, Sire. On avance même votre nom.
    Le monarque s’approcha si près de Corbett que celui-ci sentit l’odeur de sa transpiration mêlée à celle d’un parfum rare.
    — Qu’insinuez-vous, Hugh ?
    — Sire, vous avez bien fait parvenir du vin à Montfort la veille de la cérémonie ?
    — Oui, répondit le souverain avec méfiance.
    — C’est Fulk Bassett qui en était chargé, n’est-ce pas ?
    — En effet, confirma rapidement le roi en observant attentivement Corbett et en jetant des regards en biais à Ranulf, comme s’il regrettait sa générosité passée et désirait le congédier sur-le-champ.
    Ranulf le comprit. Il reposa son hanap, bondit sur ses pieds, salua le roi et quitta gracieusement la pièce à reculons en murmurant qu’il avait oublié quelque chose dans le Grand Hall, et si son suzerain et Messire Corbett voulaient bien l’excuser... Il n’acheva pas sa phrase, mais ouvrit la porte et s’enfuit dans le couloir, en laissant son maître affronter seul la colère d’Édouard. Corbett attendit qu’il fût sorti pour reprendre :
    — Sire, le vin que vous avez envoyé contenait le même poison que celui qui a tué Montfort. Je n’en connais pas la composition exacte : de l’arsenic, de la belladone, du suc de digitale ? Peut-être les trois. On a retrouvé

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