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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’on ne pouvait corrompre. Édouard était sûr, au fond de son coeur, que s’il lui confiait une mission qui allait à l’encontre de ses principes, le clerc la refuserait. S’il s’apercevait d’une irrégularité à rectifier, il le ferait pour obéir à sa conscience, quels que fussent les désirs du roi, Édouard n’avait aucun doute là-dessus. Le souverain avait du respect pour Corbett, tout en le considérant comme un pédant légèrement pharisien. Édouard soupira. Il ne se souciait pas vraiment de savoir qui avait assassiné ce pauvre Montfort, ce prêtre mercenaire et vil ! Il savait qu’on pouvait suborner ce genre d’hommes avec n’importe quoi, une maison, de l’or, des nominations à des postes élevés. Ce qu’il voulait ardemment découvrir, c’était l’identité de ceux qui avaient fait échouer son projet qui visait à la déconfiture de Winchelsea. La rage bouillonnait encore dans ses veines, il le sentait. Oh ! avec quel plaisir il aurait écouté l’homélie de Montfort et joui en silence de la stupéfaction qui se serait lue sur le visage de Winchelsea et des évêques moralisateurs ! Voilà ce qu’il aurait voulu ! Et surtout, il lui fallait l’argent que recelaient les coffres archipleins de l’Église pour lancer de nouvelles attaques contre les Écossais à partir des Marches, équiper une flotte et l’envoyer en Flandre {23} , faire traverser à ses armées les frontières nord de la France et donner une bonne leçon au roi Philippe en lui apprenant à ne pas toucher aux possessions anglaises. C’était encore possible. Peut-être Corbett réussirait-il, ou du moins l’aiderait-il à réussir. Le roi se tourna vers son clerc, un sourire aux lèvres.
    — Messire, je ne peux rien vous dire de plus, mais vous avez notre promesse que tout ce que vous ferez pour débusquer cet immonde assassin sacrilège recevra notre soutien, quel que soit le temps que vous y consacrerez.
    Comprenant que c’était le moment de prendre congé, Corbett se leva en saluant le roi et sortit à reculons. Dans le couloir, il se permit un long soupir de soulagement. Il savait parfaitement qu’Édouard ne l’aimait pas beaucoup, mais il avait la ferme intention de lui montrer que, de son côté, il ne lui faisait pas du tout confiance. Il entendit une porte s’ouvrir et fit volte-face. Le roi se tenait sur le seuil, souriant comme un père indulgent.
    — Messire Corbett, s’écria-t-il, à propos de votre fiancée galloise, Maeve ap Morgan...
    Corbett attendit en opinant.
    — ... si cette affaire est résolue, nous vous laisserons quitter notre service pour que vous puissiez aller la retrouver.
    Le roi souriait toujours.
    — En fait, si tout se règle rapidement, nous ferons en sorte qu’elle vienne ici, à Londres, à la cour. Bien sûr, si vous échouez...
    Le roi se mordilla les lèvres comme s’il répugnait à poursuivre.
    — Mais, ajouta-t-il d’un ton lourd de sous-entendus, nous sommes sûr que vous ne nous décevrez pas !
    Corbett salua derechef. La porte se referma. Il pivota sur ses talons avant de longer le couloir à grandes enjambées, conscient de la promesse du souverain autant que de sa menace sous-jacente.
    Il passa le reste de la journée dans son bureau, à rédiger, au nom du roi, des brouillons de mandats qui certifiaient que le clerc Hugh Corbett avait toute autorité pour agir en certains domaines et que les shérifs, baillis et autres officiers qui devaient allégeance au roi étaient tenus de lui porter aide et secours. Une fois ces lettres mises en forme et recopiées par le principal assistant de Corbett, William Hervey, petit homme discret comme une souris, elles furent envoyées au roi pour que ce dernier les approuve et y appose son sceau. Corbett régla d’autres questions mineures, donna ses ordres à ses subordonnés, expédia un serviteur à la recherche de Ranulf et ordonna à Hervey de le retrouver devant le portail de St Paul le lendemain matin, juste après prime. Le petit homme opina vigoureusement du bonnet. Il aimait beaucoup Corbett qui le protégeait et lui confiait des tâches spéciales. En même temps, l’aisance avec laquelle son supérieur pouvait approcher le souverain et les grands barons l’emplissait d’une crainte respectueuse. Corbett, quant à lui, avait une totale confiance en Hervey. Ce dernier avait pratiquement élu domicile à la Chancellerie, et ses doigts étaient constamment tachés d’encres colorées

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