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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’éloigna alors en souriant et en hochant la tête de satisfaction.
    Corbett s’arrêta sur le parvis pour que Ranulf pût voir la fin d’un mystère. Le spectacle était présenté sur une estrade à deux niveaux, montée sur roues ; les acteurs s’habillaient en bas et la pièce se jouait en haut. Le décor flamboyant représentait, dessinée de façon grotesque, la gueule de l’Enfer d’où jaillissaient des démons, et la scène était surmontée d’un toit et d’un impressionnant griffon d’argent. Le sujet, ce jour-là, était le récit de la Passion. Le Christ, vêtu d’une tunique blanche et d’une perruque aux mèches argentées, s’attirait les murmures de compassion du public tandis que Pilate, en cape pourpre et perruque rousse, était la cible de quolibets, de cris d’oiseaux, de huées et, de temps en temps, d’une poignée de boue. Ranulf serait resté plus longtemps si Corbett, las de la pièce et redoutant les tire-laine qui se mêlaient à la foule (il en avait repéré un, vu à un procès quelques mois auparavant), n’avait traîné son serviteur récalcitrant jusqu’au portail de la cathédrale. La nef était bondée et le brouhaha intense. Les deux hommes se frayèrent un chemin parmi les parchemineurs, les écrivains publics, les juristes au verbe haut et les serviteurs qui attendaient de louer leurs bras. Lorsqu’ils arrivèrent dans le choeur, l’odeur des cierges et de l’encens apprit à Corbett que l’office de none venait de s’achever à l’instant.
    Ils trouvèrent Plumpton dans la sacristie. Le prêtre avait l’air de mauvaise humeur et protesta violemment en écoutant la requête de Corbett.
    — Que désirez-vous ? Que je dresse l’autel comme il était lors de la mort de Montfort ?
    Il fut sur le point de refuser.
    — Il me faut à nouveau vous rappeler, l’avertit Corbett d’une voix lasse, que je ne fais pas cela par plaisir ni par goût de l’autorité, mais que j’obéis simplement aux ordres de notre souverain. Je vous serais reconnaissant, mon père, de veiller à ce que cela soit exécuté sur l’heure.
    Corbett alla prendre place dans le choeur tandis que Plumpton, aidé de quelques servants, ôtait le drap vert brodé d’or protégeant l’autel.
    — Mon père, s’exclama Corbett, ne préparez pas l’autel comme pour le début de l’office, mais tel que vous vous le rappelez quand vous l’avez débarrassé à la fin.
    Sir Philip lui jeta un regard furibond, mais acquiesça. Il lui fallut un certain temps, mais prenant sa tâche de plus en plus à coeur, il apporta les burettes d’eau et de vin, deux longs flacons à tige de verre dont les couvercles s’ornaient de grappes de raisin qui reposaient, chacun, sur un plateau en argent massif. Il étala les linges dont les officiants se servaient pour s’essuyer les doigts et nettoyer le calice. Quelques hosties non consacrées furent même éparpillées çà et là.
    Corbett se déclara satisfait et s’approcha de l’autel. Il ordonna d’allumer les cierges pour avoir le reflet qui convenait et se plaça là où se trouvait Montfort et là où lui-même s’était tenu lorsqu’il avait examiné l’autel sur ordre du roi. Le calice de Montfort était en évidence, le vin étincelant sous la lumière. Quant aux burettes, plus loin, celle contenant de l’eau était aux trois quarts pleine, celle du vin complètement vide.
    — Vous avez oublié de la remplir ! fit remarquer Corbett.
    Plumpton se récria :
    — Non, elle était vide après la messe. Je m’en souviens bien, car je n’ai pas eu à jeter le vin.
    Corbett eut un hochement de tête de compréhension. Quelque chose manquait pourtant, un détail lui avait échappé. Il était tellement survolté que son coeur battait la chamade. Il observa l’autel à nouveau pour en graver définitivement l’image dans son esprit. Il fit comme s’il contemplait un tableau, un vitrail impressionnant ou superbe, qu’il aurait voulu fixer à jamais dans sa mémoire.
    — Mon père, finit-il par dire, je vous remercie. Je ne parviens pas à trouver la solution. Vous le pourrez peut-être.
    Sur ce, il tourna les talons et sortit de la cathédrale.
    En cette fin d’après-midi, le brouillard qui ne s’était guère levé de la journée s’épaississait avec l’approche du crépuscule. Le mystère sur le parvis était achevé et les échoppes de Cheapside se fermaient déjà, les marchands accrochant les obligatoires lanternes

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