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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de respirer les relents des produits avariés qui brûlaient sous leur nez. Autour du cou d’un malheureux, accusé de colporter des ragots, pendaient une meule à aiguiser et une pancarte le stigmatisant comme calomniateur pour que tous puissent l’accabler de railleries.
    En apercevant les ribaudes, Corbett se souvint d’Abigail, la femme qui habitait la maison de Montfort dans Candlewick Street. Aurait-elle joué un rôle dans cet assassinat ? Elle aussi avait assisté à la messe et le doyen, qui n’était pas la crème des hommes, l’avait menacée de la livrer à la vindicte publique. À sa troisième condamnation, une prostituée pouvait être, sous le fouet, traînée de la prison jusqu’aux limites de la ville et là bannie à jamais de la cité. Cependant, il rejeta cette idée : si la liaison de Montfort avec une courtisane avait été de notoriété publique, le doyen aurait été, lui aussi, emmené à la prison de la Tun à Cornhill et exposé à la risée de tous. Corbett s’arrêta soudain pour observer la bousculade autour d’un énorme chariot bâché qui s’était renversé ; tout le chargement avait roulé dans la neige boueuse, et le charretier et ses aides s’affairaient à en écarter garnements et chenapans. La confusion qui régnait reflétait celle qui s’agitait sous son crâne. Pourquoi un homme arrivé à une position aussi élevée avait-il tout risqué pour tenir une maison mal famée ? Il aurait été complètement déshonoré si cela s’était su. Peut-être fallait-il y voir le signe de l’arrogance : ayant atteint le pinacle de sa carrière, il avait probablement estimé qu’il pouvait se permettre des choses interdites aux autres, et surtout aux prêtres.
    Corbett retrouva Ranulf qui l’attendait et lui donna quelques pièces d’argent pour faire des emplettes. Quant à lui, il se rendit chez son banquier, l’orfèvre Guisars, dont l’échoppe aux dimensions modestes semblait démentir la richesse toujours croissante. Le clerc regarda les coffres en cuir bien rangés ainsi que les rouleaux de parchemin fichés et étiquetés indiquant qui utilisait les services de Guisars, à qui ce dernier avait prêté de l’or et à quel taux. Malgré l’opposition de l’Église à l’usure, l’activité bancaire avec ses dépôts de fonds était devenue un commerce prospère dans la capitale. L’orfèvre accueillit Corbett avec son obséquiosité habituelle. Le clerc, client régulier et digne de confiance, était du genre qu’appréciait tout banquier : déposant souvent de l’argent et en retirant rarement. Ce jour-là, néanmoins, il le déçut. D’ordinaire, il aimait à s’attarder et à lui rapporter les commérages de la cour et du palais, renseignements qui, même insignifiants, pouvaient s’avérer utiles au banquier un jour ou l’autre. Mais ce matin-là, le clerc avait manifestement l’esprit ailleurs. Il parla d’un ton cassant, exposa brièvement sa requête et une fois que Guisars lui eut garni sa petite bourse de cuir, murmura des remerciements et partit. Il alla déjeuner à la taverne où le rejoignit Ranulf, qui venait de passer une bonne heure à acheter des provisions. Son serviteur lui rendit la monnaie restante. Corbett regarda la maigre somme :
    — C’est tout ?
    — Oui, Messire.
    Il poussa un léger gémissement. Il avait été si accaparé par cette affaire et par d’autres problèmes à la cour qu’il avait négligé de tenir ses comptes à jour. Il avait oublié que l’hiver cruel avait fait monter les prix en flèche. Deux miches de pain coûtaient généralement un penny, mais c’était le double à présent. Même chose pour les légumes, la viande, les boissons et toutes les marchandises en provenance des campagnes. Après que Ranulf se fut restauré, ils se dirigèrent vers St Paul, en empruntant Cheapside. Le brouillard commençait à se dissiper et les chalands arrivaient sur les marchés. Corbett pensait tellement à sa prochaine rencontre avec Plumpton, tout en prêtant une oreille distraite aux réflexions amères de son serviteur sur la cherté de la vie, qu’il ne remarqua pas, et Ranulf non plus, qu’ils étaient suivis. Un jeune homme vêtu de noir, aux yeux plissés, au visage grêlé et aux longs cheveux graisseux leur avait emboîté le pas dès la taverne, tel un oiseau de mauvais augure. L’individu ne relâcha sa surveillance que lorsqu’ils pénétrèrent dans l’enceinte de St Paul ; il

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