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L'Anneau d'Atlantide

L'Anneau d'Atlantide

Titel: L'Anneau d'Atlantide Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pas accablante, en hiver ?
    — En effet, mais c’est ainsi et il n’y a guère de raisons de changer. Le voyage dure onze heures !
    — Bon. Je prendrai celui de vingt-deux heures !
    — C’est entendu. Bon appétit, Excellence !
    En s’attablant devant son petit déjeuner simplifié – s’il aimait les œufs au bacon, les toasts, les buns et la marmelade d’oranges amères, il détestait les harengs, saucisses, porridge et autres aliments indispensables à tout estomac britannique pour bien commencer la journée ! –, il sentit s’envoler sa mauvaise humeur. L’idée de rejoindre son ami lui souriait d’autant plus que la princesse Shakiar l’avait prié de s’accorder un temps de réflexion sans en préciser la durée et que, s’il aimait le tourisme, encore fallait-il que cela ne dure pas une éternité. Et puis pour garder le contact avec Adalbert, il aurait fait n’importe quoi… poussé autant par l’amitié que par ce petit démon de l’aventure qui s’était réveillé en lui à la suite de son dîner chez Maître Massaria. Enfin, cela lui laissait la journée libre pour visiter Le Caire. Pas la ville entière, évidemment : elle était immense et recelait des trésors. Plus encore la périphérie où se tenaient les Pyramides, le Sphinx et les autres sites archéologiques, mais il pourrait peut-être compléter sa visite quand il reviendrait.
    En attendant, il procéda à sa toilette et refit ses bagages. Il se rasait dans la salle de bains quand les vitres se mirent à trembler. Dans la chambre voisine une voix puissante entonnait :
     
    L ’ amour est un oiseau rebell e
    Que  nul ne peut a-apprivoise r
    Et  c ’ est bien en vain qu ’ on l ’ appell e
    S’ il lui convient de- e  refuser …
     
    Il se mit à rire tout seul. La cantatrice qui, dans la nuit, avait pris la place d’Adalbert ! Il l’avait oubliée, celle-là, et, à entendre l’énergie qu’elle déployait en lançant les premières notes de la Habanera de  Carmen ,  ce devait être une femme de poids comme, selon lui, c’était un peu trop souvent le cas des  prime donne .  Partant de cette hypothèse, on pouvait se demander quelle aurait été sa réaction s’il avait cassé un carreau pour s’introduire dans sa chambre. Un bon point pour elle, cependant, sa voix était magnifique et comme la surprise lui avait valu une estafilade, il s’interrompit et retourna dans sa chambre pour mieux l’écouter. Sans doute venait-elle donner un concert ou jouer à l’Opéra et il regretta un instant que son départ l’empêche d’aller l’entendre. Peut-être se produirait-elle un soir à la Fenice de Venise…
    En descendant, il voulut s’enquérir de son nom auprès du réceptionniste, mais celui-ci s’était absenté et il alla demander une calèche au voiturier.
    D’habitude, il préférait se promener à pied afin d’essayer de s’imprégner de l’âme de la ville inconnue en se mêlant à la foule, mais le temps lui étant compté, il choisit de se faire conduire à la Citadelle. De ce promontoire, il aurait une vue d’ensemble du Caire et de son site.
    — Ti as raison, approuva le cocher en galabieh bleue à pompons rouges. Si ti viens pour la première fois, vaut mieux voir de là-haut. Après ti choisiras.
    Et, faisant tournoyer son fouet en se gardant bien de toucher son cheval, il s’enfonça dans une rue grouillante d’un monde bariolé et singulièrement odoriférant. L’impression de plonger dans une fourmilière parmi laquelle son attelage se déplaçait avec une nonchalance bon enfant.
     
    Bâtie par Saladin au XII e  siècle sur un éperon rocheux, la Citadelle surgissait de ce grouillement, s’enlevant vigoureusement sur le ciel bleu, rappel farouche d’un autrefois guerrier rendant à « la Victorieuse » sa signification. Elle résumait l’empire qu’avait conquis le Grand Sultan, hautaine et formidable comme l’avaient été les puissants châteaux des Croisés. La dominant, un dôme au dessin pur que dorait le soleil du matin, encadré des quatre aiguilles des minarets, semblait s’accrocher au ciel : la mosquée Muhammad Ali d’où s’élevait le bourdonnement d’une prière. On ne visitait pas. D’ailleurs on ne visitait rien, ni le château, ni les mosquées secondaires, ni le palais où veillaient des gardes, ni les bâtiments qui faisaient de cette

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