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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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au front haut, les sourcils bien dessinés, d’une beauté sévère mais déjà marquée.
    — Monsieur le marquis, je vous présente le comte Axel de Fersen, de retour des Amériques où il a servi sous nos drapeaux.
    Les deux hommes s’inclinèrent.
    — Je vous laisse avec Vaudreuil. Je vais continuer ma promenade avec M. de Fersen.
    Celui-ci lui tendit un bras sur lequel elle s’appuya. Après un sourire à Nicolas, la reine s’éloigna. Nicolas considéra Vaudreuil qui paraissait comme pris au piège, inquiet de voir la reine l’abandonner. En un éclair Nicolas se remémora la situation. Homme de tous les plaisirs, Vaudreuil passait pour l’amant de Mme de Polignac. On disait que son arrogance excédait parfois la reine. Nul doute qu’il fût au courant de son séjour à Londres si d’Adhémar s’était plaint. M. de Ranreuil était ainsi devenu l’ennemi de la camarilla . Peu importait, ce qu’il réprouvait, ce n’était pas les amitiés et affections de la reine, privilèges de toute personne privée, c’était que celles-ci engageassent la personne royale. Tout ce qui comptait dans le royaume savait que bien des décisions, nombre de nominations, des pensions, services et prébendes, prenaient naissance dans le cercle restreint des Polignac. Marie-Antoinette n’apparaissait plus comme la reine de tous ses sujets, mais comme un pantin couronné animé par un groupe de voraces. Il s’en voulut aussitôt de l’audace de l’image évoquée. Une barrière était dressée autour d’elle qu’il était malaisé de franchir et dont l’existence l’éloignait de bons serviteurs qu’elle aurait eu intérêt à entendre, sinon à écouter. L’influence de la souveraine sur le roi multipliait, malgré les réticences de celui-ci, les conséquences de cette situation. Louis XVI d’ailleurs considérait avec amitié Mme de Polignac et les siens.
    Le comte de Vaudreuil personnifiait tout ce que Nicolas détestait. Tout était composé chez ce gentilhomme. Une beauté froide glaçait un visage immobile où seul un mince sourire sans lèvres planait en permanence. Il était réputé pour son exacte politesse et pour les flots de compliments dont il accablait ses interlocuteurs, prompt pourtant, avec le ton de persiflage à la mode, à décocher la minute suivante les flèches les plus cruelles qui ruinaient la réputation de nombre de ceux qui se croyaient ses amis. Le comte, tout marri qu’il fût d’avoir dû abandonner la reine, lui fit bon accueil.
    — Que je suis aise de vous revoir, Ranreuil. Il y a longtemps que nous nous sommes vus. Il est vrai que vos tâches vous attachent à Paris.
    Le voilà déjà qui brocarde, songea Nicolas. Nous nous sommes croisés et tu m’as évité et maintenant tu feins le contraire et pousses ta pointe avec ce mot de tâches que tu veux insultant.
    — Monsieur le comte, Sa Majesté approuve que je puisse vous parler de feu le vicomte de Trabard.
    — Vraiment ! Que ne me l’a-t-elle signifié de vive voix ?
    — Vous en doutez ? Elle n’est point éloignée. Souhaitez-vous qu’on l’oblige à réitérer ?
    Il y eut un moment d’hésitation. Le comte serra les dents, ses pommettes saillirent.
    — Il n’est point besoin. Que voulez-vous savoir ?
    — Oh ! De simples confirmations. La reine, ayant perdu de grosses sommes au jeu, a demandé conseil à ses entours.
    — Monsieur !
    — Monsieur, que puis-je vous dire d’autre que la vérité ? Celle que l’on aime le moins à entendre est souvent celle qui importe le plus à savoir.
    — C’était affaire privée.
    — Je vous remercie de me confirmer donc l’existence d’une réunion chargée de conseiller la reine. Je ne vous demanderai pas qui la constituait, je le sais.
    — Zest ! Monsieur, je n’ai pas affirmé cela. Et d’ailleurs, de quel droit me turlupiner avec tout cela ?
    — C’est le fait, monsieur, des responsabilités de mes tâches en tant que commissaire de Sa Majesté aux Affaires extraordinaires.
    — Il est vrai que c’est votre emploi.
    Cela fut dit sur un ton qui dans d’autres circonstances eût mérité qu’on mît l’épée à la main. Nicolas se contint.
    — C’est en effet la charge que le feu roi m’avait confiée et que notre souverain a maintenue. Je lui en rends compte comme je le ferai quand j’en aurai achevé avec vous.
    — L’argument peut faire mouche.
    — Pour ne pas prolonger un entretien que vous ne semblez guère

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