Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
mieux me reposer de prendre chaque soir quelques gouttes de liqueur d’Hoffmann. Elles me procurent les instants de repos nécessaire.
    Nicolas connaissait la propriété de cette drogue dont naguère abusait Mme de La Borde. Nommée lectrice de la reine, la jeune femme de son ami se portait mieux et avait renoncé à ce dangereux adjuvant.
    — Auriez-vous, madame, quelques lumières sur les affaires qui pouvaient hanter le vicomte de Trabard, financières ou autres ?
    — Monsieur, nous nous croisions par hasard, comment aurais-je pu apprendre quoi que ce soit sur ceux qui étaient en affaires avec lui.
    Nicolas sentit Bourdeau qui frémissait à son côté. La réponse de fait était ambiguë et laissait entendre autre chose que ce qui était attendu… Devait-il poursuivre ? Rien n’était justifié tant que la lumière ne serait pas faite sur la nature de la mort du vicomte.
    — Madame, nous aurons sans doute l’occasion de nous revoir. Le corps du défunt vous sera rendu dès que possible.
    Elle lui tendit sa main à baiser. À la grande surprise de Bourdeau, Nicolas s’inclina fort bas. De fait, presque à genoux, il ramassait un livre aux pieds de la vicomtesse.
    — Tiens, dit-il, vous lisez Lesage, un Breton de chez moi.
    Il lut le titre.
    —  Histoire d’Estevanille Gonzalez, surnommé le garçon de bonne humeur. Un très plaisant ouvrage qu’on ne quitte qu’à regret.
    — Je l’ai fréquenté une partie de la nuit, allongée ici sur ce sofa, y prenant grand plaisir. Mais, j’ignorais que les commis de police lisaient…
    — Commissaire de police du roi au Châtelet, madame ! rugit Bourdeau, pourpre.
    Cet incident renvoya Nicolas à sa précédente pensée sur l’inspecteur. C’était bien là, chez cette dame, ce détestable esprit de caste auquel lui-même pouvait sacrifier et dont il était parfois la victime.
    Elle arrangea les plis de son vêtement et leva les yeux au ciel en une mimique lassée. Les policiers se retirèrent sans que fût répondu à leur salut.
    En bas de l’escalier Bourdeau grommela entre ses dents :
    — Foutue garce qui nous en conte !
    Nicolas sourit.
    — Te voilà bien galant avec cette beauté.
    — Bien moins que toi qui te prosternes à ses pieds. Crois-tu que je ne l’aie point noté ?
    — En temps voulu tu en connaîtras la raison. Et de préférence devant quelque plat réconfortant et quelque peu arrosé. Sémillante a dû avoir son picotin, son maître point ! Si nous posions quelques questions à cette drôlesse de femme de chambre ?
     
    Elle se tenait dans le vestibule, guettant leur départ, collée à la muraille, son petit visage pointu tendu vers eux.
    — Comment te nomme-t-on, ma fille ? demanda Bourdeau. Et point d’impertinence.
    — Je n’ai rien à dire.
    — La question n’est pas là. Ton nom ?
    Le ton de l’inspecteur la subjugua.
    — Nicole, Nicole Lozange.
    — Depuis combien de temps es-tu en service auprès de Mme de Trabard ?
    — Deux ans.
    — Où loges-tu ?
    — J’ai une couchette sous les combles.
    Nicolas imaginait la chose. Il se souvenait du quasi-placard où dormait jadis la femme de chambre de la comtesse du Barry, dans son appartement du château de Versailles. Souvent les animaux familiers étaient mieux traités que les domestiques. Dans quel méchant réduit cette musaraigne de ruelle se trouvait-elle confinée ?
    — Le commissaire a des questions à te poser.
    — D’autres domestiques logent dans l’hôtel ?
    — Non, ils habitent dans les communs.
    — Quand avez-vous appris l’accident survenu à votre maître ?
    — Au matin, par madame.
    — Était-elle couchée quand vous vous êtes présentée à elle ?
    Nicolas nota une imperceptible hésitation qui serait passée inaperçue à moins expérimenté que lui.
    — Elle était en chenille, sa tenue du matin…
    — Sans trahir votre loyauté, quels étaient les sentiments de votre maîtresse envers son époux ?
    Elle haussa les épaules, le regardant avec commisération.
    — Chacun sait qu’ils vivaient séparés.
    — Cette nuit, avez-vous bien reposé ?
    Le petit nez pointu paraissait frémir.
    — Fort bien. J’ai le sommeil profond, n’ayant nul instant de repos la journée avec une maîtresse fort exigeante.
    — Que vous servez avec la plus grande complaisance, j’en suis sûr. Plus dévouée que vous, on ne trouve pas.
    Elle parut ne point croire ce qui lui était affirmé. Son visage se

Weitere Kostenlose Bücher