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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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reste du papier ?
    — Je pense qu’il est entre les mains de celui qui était dans cette écurie cette nuit. Animé peut-être des plus funestes desseins.
    — Selon toi, M. de Trabard a-t-il été tué avant de se trouver sous le sabot de Bucéphale ou le cheval l’a-t-il attaqué sans raison ?
    — Point ! S’il venait de nuit dans ce box , c’est qu’il ne le craignait pas. Imagine-moi me rendant dans l’écurie de la rue Montmartre. Crois-tu que Sémillante m’attaquerait ? Pour le reste, l’ouverture nous confirmera ou infirmera cette hypothèse. Je crains que nous n’ayons plus rien à faire ici. Retournons voir la veuve.
     
    La femme de chambre accepta de mauvais gré de les introduire chez Mme de Trabard. Allongée, quasi alanguie, sur un sofa, simplement vêtue d’une sorte de lévite lilas, elle les regarda sans un mot. Le salon, presque un boudoir, était tendu de ces toiles à figures et à fleurs que la mode, toujours souveraine à Paris, venait de lancer. Nicolas fut frappé de l’aspect de la vicomtesse, mince plutôt que maigre. Sa chevelure blonde tirant sur l’argent tombait en cascade sur un visage fin au teint éclatant. Les yeux bleu pâle entourés de cernes ne cillaient pas, n’offrant aucun signe de vie à ce visage ivoirin, figé et presque livide.
    — Messieurs, dit-elle. On m’annonce des policiers. Faut-il ajouter à mon malheur l’indiscrétion imposée dans ma maison d’étrangers qui molestent mes gens ?
    — D’abord permettez-moi, madame, de vous présenter mes condoléances. Je suis le commissaire Le Floch. Veuillez pardonner notre intrusion, mais il n’est point de maison où le domestique s’oppose aux magistrats du roi. C’est par égard pour vous que je n’ai pas ordonné de la faire saisir.
    Elle se redressa, d’évidence piquée, rajusta sa robe, tapota un coussin et murmura quelques mots indistincts.
    — Que cherchez-vous ici ?
    — Sauriez-vous qui le secrétaire Diego Burgos est allé prévenir du drame de cette nuit ? Car c’est cette action qui a déterminé notre venue ici.
    — Je n’ai rien à voir avec M. Burgos. Quant à ce que vous nommez drame, ce n’est à ma connaissance que la conséquence de la funeste passion de mon époux pour ces vilaines bêtes.
    — Dont l’inconvénient majeur est aussi de dévorer le bien des familles. C’est en effet un très onéreux caprice. Et je n’évoque pas les paris…
    Elle sourit et Nicolas observa que cela transformait du tout au tout son apparence, en irriguant son visage d’une vie nouvelle.
    — Au vrai, monsieur, quelle est la raison de votre présence ici ?
    — Nous avons été commis d’enquêter sur ce qui, au premier abord, ne laisse pas d’apparaître comme un accident, mais qui, en second examen, pourrait s’apparenter à un meurtre. Outre cela d’autres éléments entrent en ligne de compte qui, ajoutés à cette incertitude, enveloppent de soupçons le drame de cette mort.
    — Vous m’en voyez furieusement étonnée et presque confondue. Comment cela est-il possible ?
    — C’est pourquoi, madame, il vous faut répondre à nos questions. Où étiez-vous cette nuit ?
    Nicolas nota un imperceptible sursaut.
    — Mais… Monsieur, dans mon lit.
    — J’entends bien, madame. Cependant quand on est venu vous prévenir de ce qui était advenu, vous n’avez pas ouvert votre porte et nul ne vous a vue.
    Elle lui coula un nouveau regard dulcifiant.
    — Monsieur, il y a des circonstances dans lesquelles une femme ne souhaite pas être surprise… sans apprêts.
    — Votre beauté les rend sans doute superflus, mais dans ces funestes circonstances on a pu s’étonner de votre, disons, indifférence.
    — Je devine qui est ce on . Il ne cessera donc jamais de me poursuivre.
    Nicolas ne releva pas.
    — Madame, quelles étaient vos relations avec votre époux ? Vous ne serez pas surprise d’apprendre que la rumeur rapporte que vous vivez très éloignés l’un de l’autre.
    — Vous l’avez saisie au vol ; ma foi, tout est dit, monsieur. Que pourrais-je vous apprendre de plus ? Je suis privée depuis longtemps des devoirs qu’un galant homme se devrait d’avoir envers sa femme. J’ajouterai qu’ayant apporté en dot une fortune importante, celle-ci a fondu comme neige au soleil.
    — Merci, madame, de votre sincérité. Rien dans cette nuit ne vous a donc frappée ?
    — Mes chagrins me pèsent tant que j’ai coutume pour tenter de

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