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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Bucéphale, ce qui demeure à prouver, ce n’était pas la première fois qu’il s’y rendait, pourquoi alors le cheval l’a-t-il attaqué ?
    — Je crois que l’étalon ne l’a pas attaqué, mais qu’un incident l’a rendu furieux. Souviens-toi que l’action se déroule dans une semi-obscurité.
    Entrés dans l’écurie, ils constatèrent que tout avait été lavé à grande eau. Nicolas regretta de n’avoir point placé de scellés et interdit l’accès à ces lieux criminels. Mais pouvait-il supposer… ? L’enquêteur était un aveugle qui avançait à tâtons dans la nuit des possibles. Chaque pas ouvrait des chemins multiples. On s’engageait sans savoir, on refluait, on cherchait des brisées, les voies se croisaient, on repartait souvent sans comprendre les signes semés sur le chemin. Parfois on se trouvait face à un mur qu’il fallait contourner, en se jetant dans des contre-allées. Dans cette chasse, le policier se sentait poursuivi, traqué par d’insistantes hypothèses. Il était, davantage que le coupable, un gibier harcelé par de faux-semblants, des trompe-l’œil et des illusions.
    Le box de Bucéphale était ouvert et rutilait d’un nettoyage tout frais. Nicolas embrassa l’ensemble d’un coup d’œil et constata d’emblée qu’il n’y avait guère d’endroit où dissimuler des papiers. Son regard se porta successivement sur l’auge de pierre servant d’abreuvoir et sur la mangeoire emplie de fourrage, solidement fixée au mur. Ils s’évertuèrent à tout examiner. Le sol et les murs furent sonnés et sondés, sans succès. Enfin Nicolas s’attacha à contempler la mangeoire. Il dégagea la paille. C’était un beau berceau de bois dur reposant sur un socle. Ce dernier l’intrigua tant il était épais en comparaison de l’ensemble. Il monta sur un seau renversé et passa son doigt dans la petite nef. Sur le côté intérieur en façade, il sentit une aspérité, comme une encoche dans le bois. Bourdeau, qui s’était interrompu dans sa recherche et qui observait le manège de Nicolas, sentit son frémissement.
    — As-tu trouvé quelque chose ? Tu parais sur les charbons !
    — Je crois bien. Il y a un retrait anormal. Ah ! Voilà !
    La partie verticale du socle de la mangeoire s’ouvrit et un rectangle de bois tomba sur le sol.
    — Il y avait une sorte de réglette à glissière qui en étant poussée fait jaillir la paroi. Voilà une cachette qu’on ne peut découvrir que si on la cherche, et encore !
    — Alors, que contient-elle ?
    — As-tu toujours ton bout de chandelle que je te vois transporter depuis que je te connais ?
    — Certes, et les allumettes pour lui donner lumière.
    Aussitôt dit, aussitôt fait et le commissaire put examiner avec la dernière attention l’espèce de conduit ainsi découvert.
    — Hélas, il est vide !
    — On pouvait s’en douter.
    — Que veux-tu dire ?
    — Que s’il y a eu crime et si le vicomte de Trabard n’était pas là par hasard, soit il y dissimulait des documents, soit il venait les récupérer, et par conséquent dans les deux cas celui qui, le cas échéant, serait son assassin les aura dérobés.
    — Bien raisonné. La source de la vérité réside dans les faits. Oh ! Je crois avoir trouvé des vestiges…
    Nicolas avait le bras presque entièrement engagé dans le socle de la mangeoire. Son visage se crispait dans l’effort pour récupérer ce qu’il avait découvert.
    — Un morceau de papier et une pièce. C’est peu.
    Il descendit de son seau et considéra ses trouvailles.
    — Cela est bien étrange. Un bout de papier qui est resté coincé, accroché par une aspérité de bois intérieur mal raboté. Bénie soit cette écharde !
    — Peut-on y lire quelque chose ?
    — Un nom écrit à la main, «  Princesse de Bouillon  » et la monnaie est… une pièce anglaise, un shilling d’argent.
    — Peste, bougonna Bourdeau, cet hôtel est une maison de change, piastre, shilling et quoi encore ? Et une princesse encore ! La connais-tu, celle-là, monsieur le marquis ?
    — Je crois bien. C’est la maîtresse de Castries, ministre de la Marine, successeur de Sartine. Elle est réputée jouer gros jeu et ne pas dédaigner la débauche la plus crapuleuse.
    — Peux-tu me dire ce que fait ce morceau de papier dans la mangeoire d’un étalon ?
    — C’est le vestige d’un morceau plus gros et sans doute plus édifiant.
    — Et selon toi, où trouverons-nous le

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