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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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de Rohan-Guémené. Il est bien morose en dépit de la paix et de notre victoire. Lors de sa dernière sortie à Paris, il n’a reçu aucune acclamation. Pour moi, il y a longtemps que j’y suis accoutumée… Il trouve le peuple bien ingrat envers lui.
    — Mesurez, Madame, les inconvénients et comparez-les. Il vous faut trouver une solution, la première a échoué. Croyez un bon serviteur, le roi est votre seul recours. Qu’en dit votre société ?
    — Vaudreuil recherche une autre sortie…
    À peine avait-elle laissé échapper ce nom qu’à nouveau elle se mordait les lèvres. Il sentit qu’elle s’en voulait d’avoir par mégarde révélé le nom qu’il recherchait et qu’elle n’avait pas souhaité jusque-là lui donner.
    — Vaudreuil et d’autres, chacun m’a apporté son conseil.
    — Mais le conseilleur n’est pas le payeur. Votre Majesté a dû le constater.
    — Hélas !
    Que pouvait-il attendre de plus ? Il avait obtenu ce qu’il cherchait à savoir. S’imposer outre serait malséant. Il ne parviendrait pas à faire dire à Marie-Antoinette ce que sans doute elle ignorait. Il cherchait la phrase qui inciterait la reine à mettre fin à l’audience quand des pas se firent entendre et interrompirent la réflexion de Nicolas. Le roi, en costume de chasse, entra dans le grand cabinet, un fouet à la main. Évitant le dandinement habituel, la marche rapide lui allait bien et mettait en valeur sa haute silhouette. Le commissaire s’interrogea : Le Noir l’avait-il déjà informé de la requête de sa femme ?
    — Ah ! Antoinette. Je m’inquiétais. On me rapporte que les entrées ont été annulées. Seriez-vous souffrante ?
    — Un peu lasse, seulement, Monsieur. Je déplore le souci que je vous ai donné.
    Louis XVI tourna la tête vers Nicolas incliné. Il marcha sur lui à le toucher et le considéra de ses yeux myopes.
    — Tiens ! Mais c’est Ranreuil.
    Nicolas n’attendit pas la question qui allait suivre.
    — Je faisais ma cour à la reine.
    — Bien. Venez me voir à l’occasion, là où vous savez. J’ai toujours plaisir à parler avec vous.
    Le roi faisait allusion à son cabinet secret, cet atelier sous les combles du château où il avait reçu plusieurs fois Nicolas. Il demeura un moment silencieux, d’évidence à la recherche d’un sujet de conversation. Le commissaire en profita pour dévisager le roi à la dérobée. Il nota la physionomie ouverte, les yeux bleus clignotants, le nez aquilin un peu épaté, les lèvres épaisses s’ouvrant sur des dents noires, larges et mal enchâssées. Il fut surpris que la belle chevelure du souverain ait été rassemblée en un chignon. Quelle était cette fantaisie ? Il avait encorepris de l’embonpoint et ses cuisses avaient atteint une prodigieuse grosseur.
    La reine s’était mise à rire.
    — Mon Dieu, Monsieur, dit-elle en désignant le chignon du roi, quelle est cette mascarade ?
    — Trouvez-vous cela vilain ? Qu’en pensez-vous, Ranreuil ?
    Nicolas se réfugia dans le rire.
    — Voyez donc, Ranreuil trouve cela ridicule. Mais c’est une mode que j’ai envie d’amener, dans ce domaine je n’en ai encore institué aucune.
    — Ah ! Sire, gardez-vous-en bien, celle-là est affreuse.
    — Cependant, Madame, il faut bien que les hommes aient quelque manière de se coiffer distinguée de celle du sexe. Vous nous avez enlevé le plumet, le chapeau, la cadenette, la queue, seul le catogan nous restait et le voilà capturé alors que je le trouve fort vilain aux femmes. Comprenez-vous, Madame ?
    — Sire, j’ai entendu la leçon. J’abandonne les catogans et je reprends le chignon 8 .
    Elle plongea dans une grande révérence de cour.
    — Je vous enlève Ranreuil. À tantôt. J’espère, dit le roi en prenant familièrement Nicolas par l’épaule, que cette mode adoptée avec fureur à Paris va tomber au moyen de cette plaisanterie. Je veillerai à ce que cet échange soit répandu. Je le conterai à Richelieu. Dans ce pays le rire tue le ridicule.
    Dans l’antichambre, le roi s’arrêta et, se tournant vers Nicolas, s’avança sur lui jusqu’à le faire reculer contre la muraille. Il le dominait.
    — Ranreuil, je vous sais gré de faire votre cour à la reine, mais aussi de votre loyauté à son égard et… au mien. Le Noir vient de m’avertir. Je saistout. D’ailleurs tout se sait à Versailles, y compris ce qui ne devrait pas l’être… Je connaissais la dette de la

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