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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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silence buté. Ils le tinrent entre eux deux, quasiment porté, et rejoignirent sans encombre leur voiture rue du Four.
     
    Dès leur arrivée, le prévenu fut confié au père Marie qui se chargea des formalités d’écrou et, dûment éclairé sur la cause, fit jeter Lambroie dans l’un des cachots les plus sinistres de la vieille forteresse. Son obscurité humide permettrait peut-êtrede délier une langue jusqu’alors embarrassée. Gremillon et Rabouine furent convoqués et mis au fait de la situation. Le sergent devait se mettre en quête de Mange-rat et Rabouine organiserait la surveillance de la cour du Dragon, aidé de mouches dont l’aspect ne dénoterait pas au milieu du petit peuple des lieux. L’endroit demeurait le plus propice pour relier les écheveaux inconnus de ces mystères. Le piège le mieux agencé serait mis en place, qui se refermerait dès qu’un quidam s’aventurerait à approcher l’atelier du serrurier. Il conviendrait aussi de veiller à la sortie du passage de la rue Taranne. Quiconque s’introduirait dans la nasse se trouverait ainsi dans l’absolue impossibilité d’en sortir. Cet épiement se poursuivrait jour et nuit, sans relâche tant que le stratagème n’aurait pas produit le résultat escompté.
    La mise en forme et les multiples préparatifs de ce plan se prolongèrent tard dans l’après-midi. Contrairement à M. de Sartine qui ne goûtait pas la cuisine des enquêtes, le commissaire Le Floch savait d’expérience combien la présence du chef activait les énergies des subalternes. Il serait au bout du compte le responsable de ce qui adviendrait, aussi estimait-il nécessaire d’être partie prenante de tous les détails d’une opération comme celle qui s’apprêtait. Ses proches qui lui vouaient une fidélité adamantine lui en étaient reconnaissants, assurés par le haut d’être dirigés, couverts et garantis. Il écrivit un court billet à M. Le Noir pour l’informer du déroulement inattendu de l’enquête et le fit porter incontinent à l’hôtel de police.
     
    Vers cinq heures de relevée, Nicolas, ayant consulté sa montre, quitta le Grand Châtelet pour se rendreà pied chez le comte de Cagliostro. Il aimait ces marches dans la ville. Il en appréciait les curiosités, notait les transformations que le siècle apportait aux quartiers traversés. Il demeurait attentif à l’atmosphère, à ces mille petits incidents de la rue qui, plus que d’autres indices, donnaient la température et l’état d’esprit du peuple. Ce faisant, il se souvenait que le premier souci de la police demeurait qu’aucun désordre ne se développât dans la capitale du royaume.
    Au coin de la rue de la Coutellerie, il rencontra Tirepot qui lançait aux chalands pressés de trouver le lieu idoine pour satisfaire leurs besoins d’une voix éraillée sa sempiternelle sentence Chacun sait ce qu’il a à faire, le chalet pour un, le chalet pour deux ! Nicolas observa que son vieux complice ne portait plus le lourd et puant fardeau des deux seaux et de la toile cirée. Un jeune homme en culottes bouffantes et vieux gilet brodé avait pris la place du légitime propriétaire.
    — Ah ! Nicolas, il y a lurette que j’t’ai vu. Toujours à la cour, hein ?
    — J’étais chez nous, à Guérande.
    — Hé, l’heureux homme !
    — Mais, que vois-je ? Les affaires reprennent ; tu embauches désormais ?
    — J’te présente Yves, de chez nous, il vient d’Elven, comme tu l’as noté à sa défroque. C’est un petit cousin. Je le forme au métier…
    Il cligna d’un œil.
    — Tu vois ce que je veux dire… Il faut bien préparer sa succession.
    Il flanqua une bourrade à son commis, lui désignant Nicolas.
    — Le commissaire Nicolas Le Floch, un pays à nous. Tu lui obéiras comme à moi. Entends-tu ?
    Le garçon secoua la tête, découvrant des dents dont l’éclat frappa Nicolas tant à Paris la chose était rare.
    — Tu pourras compter sur lui quand je n’y serai plus.
    — Allons, tu te portes bien.
    — Une hernie qui m’empêche de porter. Des douleurs… J’me réserve la voix pour le moment… Yves, un jour, prendra ma place. Je lui laisserai mon négoce. C’est un brave gars. Yac’h evel u c’hloc’h, sain comme une cloche.
    —  Ya pa ne ve ket faou ! rétorqua Nicolas, oui, quand elle n’est pas fêlée !
    Un grand rire suivi d’une interminable quinte de toux secoua le vieux Breton. Il asséna une seconde bourrade à son

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