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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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attendre.
    La chose faite, l’inspecteur finit par dénicher un vieux balai qui permit de dégager la poussière de limaille qui couvrait le sol. À la place du bahut apparut une dalle différente des autres et pourvue d’un anneau de fer.
    Le ferrailleur s’était mis à pousser des hurlements au point que Bourdeau dut le menacer de la poire d’angoisse. La dalle soulevée, en fait un trompe-l’œil en bois, révéla une échelle de meunier qui plongeait dans l’obscurité d’une cave. Bourdeau tira des bouts de chandelle de ses poches, battit le briquet et les alluma. Il descendit le premier, suivi par Nicolas. Lorsqu’ils mirent pied sur le sol, une rumeur étrange frappa aussitôt leurs oreilles, faite de petits sons aigus, de grattements et de frottements. À cela s’ajoutèrent des points rougeâtres qui constellaient, mouvants, la muraille en face d’eux. Ils ne parvenaient pas à distinguer, éblouis par leurs propres lumières, l’origine du phénomène. Le bruit soudain enfla, les cris aigus atteignirent au paroxysme. Nicolas décida de fermer les yeux. Il tendit sa chandelle à Bourdeau afin d’avoir la lumière dans son dos et approcha la muraille. Grande fut sa surprise de découvrir des dizaines de cages posées, les unes sur les autres, qui toutes contenaient des rats dont les yeux, reflétant la lumière, expliquaient l’origine de ces points rouges.
    — Un mur de rats ! Et pour quel motif ?
    — Mon ami, la question est par trop évidente pour ne pas donner la réponse. Ce mur vivant cache autre chose.
    Nicolas continua son inspection de la pièce qui possédait de nombreux recoins. Dans l’un d’eux il trouva une méchante couchette faite de chiffons sales entassés. À un morceau de fer fiché dans la pierre pendaient des hardes d’enfant, pauvres pièces rapiécées et usées jusqu’à la trame. Sous la couchette s’entassaient des peaux de rat mal tannées qui dégageaient des odeurs infectes. Sous cette couche pestilentielle, était dissimulée une petite boîte enbois munie d’un couvercle à glissière. Il la tira et, parmi de pauvres vestiges, mine de plomb, ficelles, billes en terre, deux clous, un éclat de verre, une lame de canif sans manche, deux queues de rat desséchées, une image naïve de la Vierge, quelques liards, un bout de chandelle, il aperçut un paquet de pétards entamé et, enfin, une piastre espagnole en argent. Ce qui le frappa dans cette étrange trouvaille, ce fut l’état de la pièce, brillante, sans usure ni rayures, d’évidence une pièce neuve. Que faisait-elle dans les misérables biens d’un gamin de la rue ?
    Bourdeau s’approcha et à son tour inventoria les découvertes du commissaire. Grattant le sol autour de la couchette, il dégagea de petits ossements qui avaient l’apparence d’avoir été rongés. D’un mouvement accablé de la tête, il les désigna à Nicolas.
    — Est-il possible ? Imagine…
    Le commissaire réfléchissait. Sa gorge se serrait en songeant à la vie de cet enfant, voué à quelle innommable besogne ? Était-il le gardien du secret de cette cave, de cette fosse aux rats ? Que faisait, dans cette accablante misère, une pièce d’argent étrangère ? Se pouvait-il que ce petit fût condamné à se nourrir du bétail couinant dont d’évidence il était le berger ? Et les rongeurs eux-mêmes ? Une pensée affreuse le traversa. La seule ressource pour le troupeau et leur gardien, sans nécessité d’avoir recours à aucune intervention extérieure, c’était les rats qui se dévoraient et se reproduisaient, augmentant ainsi la nourriture utile de ce lieu d’abjection. Une question surgissait aussitôt : quel indéniable secret cette organisation perverse pouvait-elle bien dissimuler ? La pensée du gamin l’obsédait. Qu’était-il devenu ? Combien de ses semblables croupissaient ainsi dans Paris la grand’ville, épaves misérablesnées du malheur et de la misère ? Une fois de plus, et avec une sensibilité que sa maturité aiguisait, la cité lui apparaissait comme un Moloch destructeur d’existences, divinité dont le brillant faux-semblant dissimulait de bien ténébreux et redoutables mystères. Sans doute sa récente retraite dans sa Bretagne natale, dont pourtant la misère paysanne n’était pas absente, mais où elle revêtait des aspects moins effroyables, accentuait-elle encore ce sentiment.
    — Que dis-tu de cette pièce ?
    Bourdeau approcha la piastre du bout de sa

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