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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pleurer. Nicolas lui tendit un mouchoir, qu’elle lui rendit, sec, après s’être tamponné les yeux.
    Nicolas s’était penché à la portière.
    — Nous ne prenons pas le bon chemin. Je crains que ce cocher ne s’égare.
    — Je lui ai ordonné de passer au Grand Châtelet.
    — Cela fait un détour qui vous va retarder.
    — Oh ! Si peu. Il me permet de vous parler plus longuement.
    Nicolas eut un doute.
    — Êtes-vous certaine de loger à la Ville de Reims  ? Savez-vous, madame, que la police est à même de tout savoir et qu’il est périlleux de lui mentir, même si rien ne peut vous être reproché.
    — Hélas, monsieur, en vérité je suis à bout de ressources. Je dois tout vous avouer. Mes effets sont au Mont-de-piété et j’en suis réduite à coucher sur la paille. Nous avons dû quitter la Ville de Reims . Je loge dans un autre garni, hébergée par la mère de ma femme de chambre.
    — Mais votre époux ?
    — Le comte menacé d’arrestation par ses créanciers se cache en province. Je vis d’espérances trompées. J’attends une aide du cardinal de Rohan. Une autre personne des entours de la reine a promis de m’apporter son soutien.
    — Un appui, madame, auprès de la reine ? Peut-être est-il de mes connaissances ?
    — Il n’y a pas d’inconvénient à vous le révéler. Il s’agit du vicomte de Trabard. Nous nous sommes rencontrés aux courses de chevaux. C’est d’ailleurs moi qui lui ai présenté le comte de Cagliostro. Il était fort curieux de vérifier tout ce qui se disait sur notre grand homme.
    — S’était-il engagé à intercéder en votre faveur ?
    — Il m’avait assuré le vouloir et, sous peu, me secourir de substantielle façon. Mais depuis, hélas, il ne s’est pas manifesté.
    Devait-il lui annoncer la mort tragique du vicomte ? Elle l’apprendrait bien assez tôt.
    La voiture venait de s’arrêter sous le porche du Grand Châtelet. À nouveau la comtesse, les yeux chavirés, se pressa contre Nicolas.
    — J’ose espérer, monsieur, que vous voudrez bien me faire la grâce de mettre au compte de mes malheurs l’incohérence de mes propos. Le désespoir où je me trouve, le nom que je porte qui ne m’autorise à aucun abaissement, la nécessité où je me débats de tenir ce rang, tout concourt à m’accabler. Puisse, monsieur, cette situation vous convaincre de ma sincérité.
    Nicolas s’inclina sans répondre. Une petite main tira lentement la portière. Espérait-elle qu’il remonterait ? Immobile et pensif, il regarda s’éloigner la voiture de la comtesse de La Motte-Valois.
     
    La vieille forteresse était déserte. Seul, le père Marie fricotait sur son potager la pitance du soir. Il proposa à Nicolas de la partager avec lui, ce qui fut gentiment décliné. Une réflexion dans la solitude s’imposait désormais. Enfermé dans le bureau de permanence, il s’assit, prit un papier et une plume et commença à rédiger deux notes sur Cagliostro et Mme de La Motte où il résuma à la fois ses impressions et les informations recueillies. La plume crissait sur le papier, il s’appliquait, tant il avait souvent remarqué que nombre de ces états relevaient de plumes négligentes et offraient aux lecteurs successifs d’illisibles grimoires. Une fois achevée cettefastidieuse tâche, il tenta de mettre en ordre les éléments divers offerts par la quête d’une journée fort remplie.
    L’usage criminel des pétards constituait le point de départ. Tout provenait de ceux-ci. Bourdeau avait retrouvé trace de leur achat. Ce faisant, ils s’étaient transportés à la cour du Dragon, chez un marchand de ferraille-serrurier. L’homme pour le moins ne s’était pas montré ouvert aux questions. Une cave découverte, l’existence d’une muraille de cages de rats dissimulant la porte dérobée d’un local clandestin qui contenait une machine à frapper la monnaie, offraient de nouvelles et graves dimensions à l’affaire.
    Les plaques d’un métal inconnu, la piastre ramassée, identique à celle des écuries de l’Hôtel de Trabard, constituaient autant d’éléments qui se rattachaient les uns aux autres. Le mutisme de Lambroie, la fuite de son fils, la disparition inexpliquée de Mange-rat , plaidaient en faveur de la découverte d’une vaste entreprise criminelle.
    Chaque élément s’attachait au précédent comme les grains d’un chapelet. Le témoignage du baron de Besenval brochait le tout, apportant une

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