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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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sang ruisselle et ont usé d’elles de la plus vilaine façon. Je tiens leurs noms à ta disposition, je les ai notés dans mon registre. Tu connais ma douceur et ma délicatesse, j’supportions point ces avanies. Ah ! Elle est belle la jeune noblesse.
    — Le bureau que vous connaissez fera le nécessaire. J’ai moi-même, prenez en compte notre indulgence, une requête à vous présenter.
    La Paulet, soudain attentive, se carra sur son siège et, frileusement, referma son peignoir.
    — J’t’écoutions comme le lait chez le fromager.
    — Vous souvenez-vous de la Présidente, une ancienne d’ici, une amie de la Satin, qui vous a quittée pour gagner l’Angleterre ?
    Pour y avoir bien réfléchi, il avait préféré aborder l’affaire de cette manière de telle sorte qu’à aucun moment la Paulet, dont il connaissait la susceptibilité, eût le sentiment d’être en position d’accusée.
    — Cette puante carogne ? Que la teigne et la rogne la dévorent ! Ah, combien que je me la rappelle, cette vieille éponge à mercure ! Ah, que oui !
    — Sauriez-vous ce qu’elle est devenue ?
    — Elle n’a point fait fortune chez le Godon , elle est revenue faubourg Saint-Marcel et c’te bagasse, pour gagner son quignon, courait les remparts, fosse à purin des rouliers et des portefaix.
    — Qu’est-il survenu pour que vous la vomissiez ainsi ? N’étiez-vous pas en bons termes jadis ?
    — T’me connais, je suis bonne mère, surtout avec mes anciennes. Elle est venue crier famine. J’ai trop de cœur, ça me perdra. Vu son état, j’pouvions pointla mettre aux enchères. Elle aurait fait fuir la pratique. Je l’ai engagée comme gardienne et portière. Vois-tu, j’avais confiance en elle. Et sais-tu ce qu’elle m’a agonie ? Un jour elle a disparu avec ma cassette. Elle connaissait, hélas, tous mes secrets !
    Elle essuya une larme qui dérangea tout à fait son maquillage, puis soudain ses petits yeux noyés dans la graisse s’étrécirent encore.
    — Mais qu’est-ce que tu lui veux à c’te loquette de morue ?
    — Nous la recherchons…
    Nicolas poussa un tabouret près de la Paulet et lui saisit la main.
    — Paulet, écoutez-moi. J’ai besoin de votre aide.
    — Oh ! dit-elle à mi-voix. À langue sucrée, oreille fermée. Tu me dores la pilule.
    — C’est la parole d’un vieil ami qui vous connaît depuis vingt-trois ans. Durant tout ce temps, vous ai-je jamais manqué, jamais ?
    — C’est ma foi vrai. Que me veux-tu pour l’heure ?
    — Vous ne voudriez pas qu’il arrivât du mal à Louis ?
    Il sentit la main frémir sous la sienne. Il savait qu’au milieu d’une mer d’iniquité subsistait chez la vieille maquerelle un îlot de pureté, son affection pour son fils.
    — À Louis, mon petit, mon neveu, ma croquignole. Tu sais c’est le meilleur côté de ma vie. Je donnerais tout pour lui, tout ! Et si queuque z’un s’avisait de…
    Ce quos ego était éloquent et ne surprit pas Nicolas.
    — Sachez qu’il est menacé, et moi aussi, cela va de soi.
    — Qu’attends-tu de moi ?
    — Vous connaissez tous les secrets, ma liaison avec Antoinette et la naissance de Louis. Cette affaire a été traversée et fonde une menace de chantage qui détruirait mon fils. Comme je suis assuré de votre discrétion, je recherche qui a pu connaître les dessous de cette naissance. Croyez-vous, Paulet, que la Présidente aurait pu commettre ce crime de révéler ce qu’elle savait ?
    — Tout est possible venant de cette langue fourchue… Dans son bel âge, elle était fort amie d’Antoinette. Elle a beaucoup changé…
    — Savez-vous où la trouver ?
    — Tu imagines qu’après ce qu’elle m’a fait subir j’l’aurais laissée en paix ? J’avais mis sur le coup quelques vieux amis des Gardes-françaises. On a fait chou blanc. La garce s’est cachée et, profitant de la paix proclamée, elle a filé et serait retournée à Londres se faire pendre.
    — La croyez-vous capable d’en être venue à trahir ses amis ?
    — Eh, bâfre, ne m’a-t-elle pas dépouillée, moi, sa mère ? Dans l’état où elle se trouve tout est possible. Hélas ! Pauvre Louis. Quel souci tu viens de m’apporter. Je m’en vas me ronger les sangs !
     
    Sortant du Dauphin couronné , Nicolas demeura un long moment silencieux. Il remarqua soudain que Bourdeau s’agitait, impatient de parler.
    — Que t’en semble, Pierre ?
    — Je trouve que tu es

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