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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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perspective qui reliait l’affaire Trabard, par le bas, à la fausse monnaie et à la transmutation des métaux par Cagliostro et, par le haut, à une raison première qui risquait de compromettre la reine et menacer le trône. Et la chaîne des causes continuait à filer, accumulant de nouveaux éléments. Cagliostro avait admis et reconnu, dans la sincérité forcée de celui qui, incertain de ses protections, entend ne pas provoquer les autorités d’un pays qui l’accueille, avoir reçu le vicomte de Trabard. Enfin, à l’initiative de cette rencontre surgissait la comtesse de La Mottequi, dans sa situation, pouvait espérer grappiller quelque bénéfice d’une éventuelle opération alchimique réussie.
    Sur cette dame, son jugement demeurait partagé, il ne négligeait pas l’avis de Restif de La Bretonne mystérieusement surgi de l’ombre et qui portait écho de ses propres questions. Il conviendrait d’interroger le Hibou pour en savoir plus. Il estima n’avoir rien omis. Soudain une angoisse lui poigna le cœur. Il oubliait qu’à tout cela s’agrégeait cette tentative de chantage qui menaçait, non seulement la reine, mais encore Louis son propre fils. Le vicomte de Trabard demeurait le dénominateur commun de toutes ces menées, l’élucidation de son assassinat sans doute la clé de l’énigme. Et pourtant, certaines constatations déjà engageaient à privilégier des mobiles précis. Sa religion n’était certes pas faite à cet égard. Derechef il fallait chercher, creuser les faits, sonder les âmes. Alors qu’il pensait avoir franchi un grand pas dans son enquête, le commissaire aux Affaires extraordinaires était de nouveau confronté à la surface des choses .

VI
    MAQUERELLE, NOTAIRE ET TURC
    « Se promener d’un pas agile
    Au temple de la vérité
    La route en était difficile. »
    Voltaire
    Jeudi 17 juillet 1783
    Levé dès l’aube, Nicolas rejoignit le Grand Châtelet. Il y trouva Bourdeau toujours matinal et qui attendait dans l’impatience le compte rendu de son chef. Celui-ci, qui avait eu le temps d’y réfléchir, dressa un tableau à la fois concis et précis de tout ce qu’il avait appris au cours de sa visite chez le comte de Cagliostro. L’inspecteur tira sur sa pipe, inondant la pièce d’âcres relents.
    — Tout cela se tient comme les doigts de la main, sans pourtant n’apporter aucune lueur sur la mortde Trabard et le lien qui pourrait exister avec la tentative de chantage reçue par Le Noir.
    — Mon expérience me dit qu’il nous faut poursuivre pas à pas dans la direction que j’ai hier indiquée et nous armer de patience. Où est Mange-rat  ? Que nous offrira le piège de la cour du Dragon ? Et une rencontre avec notre amie Paulet s’impose au plus tôt.
    — Et poursuivre l’enquête rue d’Enfer. Qui a tué Trabard ?
    — Qui pourrait y avoir intérêt ?
    — Sa femme et son possible amant, le maître-palefrenier ? Ou encore Diego Burgos ?
    — Il serait prématuré de se prononcer avant de savoir qui a intérêt matériel à la mort du vicomte. Il nous faut donc trouver son notaire et l’interroger. Y a-t-il un testament et, dans le cas contraire, qui bénéficie de cette mort ?
    — Il s’agit de maître Liénard, successeur de Latre de Colleville, quai d’Orléans, près du pont de la Tournelle.
    — N’oublie pas cette mystérieuse voiture aux armes de France entrevue la nuit de la mort du vicomte, rue d’Enfer.
    — Je crois raisonnable de supposer qu’un proche de la reine – M. de Vaudreuil ? – ait pu venir interroger Trabard sur le succès de ses tentatives de rechercher la somme nécessaire à solder la dette de jeu de la reine…
    Il se mordit les lèvres, n’ayant jusque-là jamais abordé ce point précis avec l’inspecteur, soucieux de ne pas nourrir sa naturelle animosité contre les désordres de la cour.
    — Tiens, remarqua Bourdeau mi-figue mi-raisin. Ah ! Ah ! Voilà bien un coup de jésuite de robecourte. Oh ! oui, tu peux feindre de ne pas comprendre. Je te perce à jour, commissaire.
    Nicolas soupira. Il préférait que Bourdeau prît la chose à la plaisanterie. Son souci essentiel était de ne point peiner son ami. Il décida de continuer sur le même ton.
    — Tu t’égares, inspecteur. Je ne voulais pas ajouter à tes soucis de famille la sollicitude que tu aurais prise à ceux de la reine.
    — Le bon apôtre ! s’écria Bourdeau, s’étouffant de rire.
    — Bon, tu sais tout

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