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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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particulier, revient aux Prémontrés.
    — Et comment subsistait le vicomte de Trabard ?
    — Je l’ignore, monsieur le commissaire, et n’y ai eu, au grand jamais, nulle part.
    — Et comment parvenait-il à régler les intérêts chaque mois aux Prémontrés ?
    — Il bénéficiait sans doute de revenus à l’étranger, car cette somme était toujours versée en piastres espagnoles.
    Les deux policiers s’attachèrent à dissimuler leur surprise.
    — Vous reste-t-il quelque exemplaire de ces espèces ?
    — Hélas, non, le dernier versement a été effectué le premier de ce mois. Je ne comprends pas votre question.
    — Peu importe. En revanche, je dois vous dire, maître, qu’en tant que notaire vous avez couvert un accord qui enfreint les usages et les lois du royaume. Des conséquences judiciaires en découleront et il me revient de saisir le procureur du roi de cette affaire.
    Au fur et à mesure que les paroles s’égrenaient, prononcées sur le ton monotone d’une sentence, le petit homme s’enfonçait dans son fauteuil.
    — Pour le reste l’ordre en question aura également à s’expliquer. Vous voudrez bien nous remettre sur-le-champ les minutes relatives à ce traité. Elles constituent des pièces pour la suite judiciaire à instruire. Elles ont été enregistrées, bien sûr ?
    — Euh ! non, les parties ne le souhaitaient pas, s’agissant d’une affaire privée.
    — Cela ne fait qu’aggraver votre cas.
    — Que vais-je dire à mes clients ? Ils ne vont guère tarder à se manifester… Dès qu’ils apprendront la mort de M. de Trabard.
    Sans doute impressionné par l’émotion qui transparaissait dans le bredouillis de son maître, le singe, sautant sur lui-même, se mit à pousser des cris déchirants accompagnés de claquements de mâchoires.
    — Un dernier point, monsieur, demanda Bourdeau. Outre la substantielle commission que vous avez touchée au moment de la conclusion de l’affaire, il va de soi qu’en cas de décès du contractant vous deviez vous aussi recueillir quelque avantage du règlement définitif.
    La question était posée avec une telle assurance que le notaire, dont les défenses étaient depuis trop longtemps battues, considéra avec effroi l’inspecteur.
    — Certes… En effet… Il allait de soi… Compte tenu de ce que j’aurais à faire pour la dévolution. Une petite contrepartie.
    — Une poire pour la soif. Bien, bien, dit Nicolas. Vous mesurez, j’espère, la situation où vous place cet aveu. Le vicomte de Trabard ayant été assassiné, toute personne proche ou ayant eu avec lui des relations d’affaire ou qui profiterait du décès d’icelui, se trouve par là même placée au rang des suspects tant que la lumière n’aura pas été faite sur les conditions du crime. Monsieur, serviteur, et ne vous éloignez pas de Paris. Vous serez rapidement appelé à témoigner. Dès à présent, ce lieu demeure sous la surveillance de la police.
     
    Quand ils se retrouvèrent dans le fiacre, Nicolas remarqua à nouveau l’étrange éclat du soleil. Quoique aucun nuage ne parût, il était voilé, commegazé par un ciel lourd et uni. Il fit observer à Bourdeau la nuance rougeâtre de l’astre dont le regard pouvait soutenir l’éclat. L’inspecteur n’attachait pas la même attention au phénomène. Pour lui, il ne s’agissait que d’une vapeur, un fin brouillard suscité par les orages et que favorisait le contact entre une excessive chaleur et l’humidité des terres.
    Les embarras de la circulation leur offrirent tout loisir pour commenter leur rencontre avec le notaire du vicomte de Trabard. Bourdeau vitupérait contre la clique des trafiquants et sur la hausse des terrains à Paris qui s’augmentait à l’infini sans prendre en compte les ordonnances royales et en respecter les règlements. Il y avait là, disait-il, des crimes contre un peuple écrasé. De redoutables gredins s’emplissent les poches alors que les pauvres et les mendiants continuent d’affluer des provinces, Paris constituant la retraite et le refuge de toute la misère du royaume.
    — Après tout, reprit Nicolas, cette affaire est simple. Il y a de la piastre partout. Piastre rue d’Enfer.
    — Et une pièce anglaise.
    — Tu as raison. Le diable se loge parfois dans les détails qu’on néglige. Je reprends. Piastres chez notre marchand de ferraille.
    — Fausses, et le matériel ad hoc pour les frapper.
    — Et enfin rente consentie aux

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