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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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pas ? »
    Il commanda une autre fine.
    « Pourrais-je vous offrir quelque chose ?
    –  Merci, je crois que je vais en rester là.
    –  On me dit qu’ils ont des bordels fantastiques, ici. Des endroits où on donne des représentations, et tout le reste. »
    Les yeux de Haake brillaient. Ils brillaient du même éclat qu’ils avaient eu des années auparavant, sous la lumière crue de la cave.
    « Il ne faut pas que je pense à cela, se dit Ravic. Pas maintenant. »
    « Vous y êtes déjà entré ? demanda-t-il.
    –  Oui, dans plusieurs. Pour voir seulement, bien entendu. Pour voir à quel niveau de bassesse un peuple peut descendre. Mais je ne suis sûrement pas allé aux bons endroits. Naturellement, je dois être très prudent. Ça pourrait être mal interprété. »
    Ravic acquiesça de la tête.
    « Il y a des endroits qui ne sont pas dangereux. Des endroits où les touristes ne vont jamais.
    –  Vous en connaissez ?
    –  Bien sûr, plusieurs. »
    Haake ingurgita sa seconde fine. Il devenait de plus en plus amical. Toutes les inhibitions qu’il avait apportées d’Allemagne s’envolaient peu à peu. Ravic sentit qu’il n’éprouvait pas la moindre méfiance.
    « Je compte y faire un petit tour ce soir, dit-il à Haake.
     – Vraiment ?
    –  Oui. Je le fais de temps à autre. Il est bon d’apprendre le plus possible.
    –  Juste ! Absolument juste ! »
    Haake le fixa un moment.
    « Soûle-le, se dit Ravic. Si tu ne peux pas faire autrement. Soûle-le et entraîne-le dans quelque coin. »
    L’expression de Haake s’était modifiée. Il n’était pas gris, il était seulement absorbé dans ses pensées.
    « C’est dommage, dit-il enfin. J’aurais bien aimé vous accompagner. »
    Ravic ne répondit pas. Il voulait à tout prix éviter de provoquer les soupçons de son ennemi.
    « Il faut que je rentre à Berlin ce soir. »
    Haake consulta sa montre.
    « Dans une heure et demie. »
    Ravic demeura parfaitement calme. « Il faut que je parte avec lui, se dit-il. Il vit sûrement à l’hôtel. Pas dans un appartement. Il faut que je l’accompagne jusqu’à sa chambre, et là… »
    « Je dois retrouver ici deux de mes amis, dit Haake. Ils vont arriver d’une minute à l’autre. Ils voyagent avec moi. Mes bagages sont déjà à la gare. Nous allons nous y rendre directement. »
    « J’ai perdu, pensa Ravic. Pourquoi n’ai-je pas une arme sur moi ? Pourquoi en suis-je venu à croire comme un imbécile que ce qui est arrivé avant n’était qu’hallucination ? Je pourrais l’abattre dans la rue et m’esquiver par une entrée de métro.
    « C’est malheureux, répétait Haake. Mais nous pourrions peut-être remettre ça à la prochaine fois. Je reviens dans deux semaines. »
    Ravic respira.
    « Affaire conclue, dit-il.
    –  Où habitez-vous ? Je pourrais vous joindre par téléphone.
    –  J’habite le Prince-de-Galles. Juste en face. »
    Haake tira un carnet de sa poche et inscrivit l’adresse. Ravic remarqua l’élégante reliure rouge en cuir de Russie. Le crayon était d’or. « Ce que doit contenir ce carnet ! songea-t-il. Sans doute des renseignements qui entraîneraient pour des malheureux la torture et la mort. »
    Haake remit son carnet en poche.
    « Vous parliez à une chic femme, tout à l’heure. »
    Ravic dut réfléchir un instant.
    « Ah ! Oui, oui, en effet.
    –  Une étoile de cinéma ?
    –  Oui, quelque chose comme cela.
    –  Une bonne amie ?
    –  Amie seulement. »
    Haake, songeur, regarda droit devant lui.
    « C’est la grande difficulté ici, dit-il. De faire la connaissance de quelqu’un de bien. On ne trouve jamais le temps ni les bonnes occasions.
    –  Ça peut s’arranger, dit Ravic.
    –  Donnerwetter, ce ne serait pas mal ! Elle est française ?
    –  Italienne, je crois. Un mélange, quoi. »
    Haake sourit.
    « Pas mal. Évidemment, chez nous, on ne peut pas s’offrir ça. Mais ici, on est incognito, du moins jusqu’à un certain point.
    –  Vous êtes incognito ? » demanda Ravic.
    Haake fut interdit une seconde. Puis il sourit.
    « Je comprends, dit-il. Évidemment, je ne le suis pas pour ceux qui sont au courant… Mais, en dehors de cela, l’incognito le plus strict. Justement, tenez, il me vient une idée. Êtes-vous en contact avec des réfugiés ?
    –  Très peu, dit Ravic prudemment.
    –  C’est dommage ! Nous aurions aimé avoir certaines informations… Vous

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