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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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comprenez ? Nous serions même prêts à payer… »
    Il leva la main.
    « Évidemment, il ne pourrait être question de ça dans votre cas ! Mais tout de même, les moindres petits renseignements… »
    Haake continuait à observer Ravic.
    « C’est possible, dit celui-ci. On ne sait jamais. Ça pourrait arriver… »
    Haake rapprocha sa chaise de son interlocuteur.
    « C’est une de mes fonctions, comprenez-vous ? Les communications entre l’extérieur et l’intérieur. Il est parfois très difficile d’y arriver. Nous avons ici des gens très bien qui travaillent pour la cause. »
    Il haussa les sourcils.
    « Avec nous, bien entendu, c’est tout autre chose. C’est une question d’honneur. C’est la patrie, n’est-ce pas ?
    –  Naturellement. »
    Haake leva les yeux.
    « Voilà mes amis qui arrivent », dit-il. Il posa quelque monnaie dans la soucoupe, après avoir vérifié le montant.
    « Excellente idée d’inscrire le montant sur la soucoupe, dit-il. Une coutume qu’on pourrait introduire chez nous. »
    Il se leva et tendit la main.
    « Auf Wiedersehen, Herr von Horn. Je suis heureux de vous avoir rencontré. Je vous ferai signe dans deux semaines. »
    Il sourit.
    « Silence et discrétion, bien entendu.
    –  Naturellement. N’oubliez pas.
    –  Je n’oublie jamais rien. C’est mon métier qui l’exige. Je n’oublie jamais un visage ni un rendez-vous. »
    Ravic se tint debout devant lui. Il crut qu’il lui faudrait enfoncer son poing à travers un mur de ciment. Puis il sentit la main de Haake dans la sienne. Une main petite, et étonnamment douce.
    Il demeura là indécis, pendant un temps, et suivit des yeux Haake. Après quoi il se rassit. Il sentit soudain qu’il tremblait. Il paya l’addition et sortit. Il prit la direction qu’avait prise Haake. Puis il se souvint qu’il les avait vus monter dans un taxi. Il eût été inutile d’essayer de les suivre. Haake avait déjà quitté son hôtel. S’il le voyait quelque part, ses soupçons pourraient s’éveiller. Il rebroussa chemin et se rendit à l’International.
     
    « Tu as agi sagement », dit Morosow.
    Ils étaient assis à la terrasse d’un café du Rond-Point. Ravic examina sa main droite. Il l’avait purifiée avec de l’alcool. Il s’était jugé ridicule et enfantin, mais il n’avait pu s’en empêcher. La peau était maintenant desséchée comme du parchemin.
    « Tu aurais été idiot de tenter quelque chose, reprit Morosow. Il est heureux que tu n’aies pas été armé.
    –  Peut-être », dit Ravic sans conviction.
    Morosow le regarda.
    « Tu n’es tout de même pas assez bête pour vouloir te faire arrêter pour meurtre, ou pour tentative de meurtre », dit-il.
    Ravic garda le silence.
    « Ravic, dit Morosow, ne sois pas fantasque !
    –  Je ne le suis pas. Mais ne peux-tu pas comprendre que je rage d’avoir raté cette occasion ? Si je l’avais rencontré deux heures plus tôt, j’aurais pu l’entraîner quelque part… J’aurais pu… »
    Morosow remplit les verres.
    « Tiens, bois. De la vodka. Tu le retrouveras plus tard !
    –  Peut-être.
    –  Tu le retrouveras. Il va revenir. Ce genre de type revient toujours. Il a trop bien mordu à l’hameçon. Prosit ! »
    Ravic vida son verre.
    « Je pourrais encore aller à la gare du Nord. Voir s’il part vraiment.
    –  Bien sûr. Tu pourrais aussi essayer de l’abattre dans la gare. Vingt ans de pénitencier au minimum. Tu as d’autres idées du même genre ?
    –  Je pourrais au moins m’assurer qu’il part vraiment.
    –  Te faire voir et tout gâcher ?
    –  J’aurais dû lui demander à quel hôtel il était.
    –  Pour éveiller ses soupçons ? »
    Morosow remplit de nouveau les verres.
    « Écoute-moi, Ravic. Je sais que tu te figures en ce moment que tu as agi tout de travers. Cesse d’y penser ! Brise quelque chose si le cœur t’en dit. Quelque chose qui soit assez gros et qui ne coûte pas cher. Le palmier de l’International, si tu veux.
    –  À quoi bon ?
    –  Ou alors, parle. Parles-en jusqu’à ce que tu en aies assez. Chasse cela de ton esprit. Calme-toi à force d’en parler. Tu n’es pas russe, sans quoi tu pourrais comprendre cela. »
    Ravic se redressa.
    « Boris, dit-il, je sais qu’il faut exterminer les rats et non pas entrer avec eux dans un concours de morsures. Mais je ne peux pas en parler. Je ne peux qu’y penser. Décider de ce que je vais faire. Me

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