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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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saura pas dans quelle direction il est parti.
    –  Ils le sauront bien. Il n’avait pas utilisé son billet de sleeping. L’as-tu brûlé ?
    –  Oui.
    –  Dans ce cas, brûle également le reçu des bagages.
    –  Nous pourrions l’adresser par la poste à la consigne, et leur faire envoyer les valises à Berlin.
    –  Cela reviendrait au même. Il vaut mieux le brûler tout simplement. Si tu essaies d’être trop malin, tu ne feras qu’attirer les soupçons. Pour l’instant, il a tout simplement disparu. Ce sont des choses qui peuvent arriver à Paris. Ils vont faire une enquête, et s’ils ont de la chance, ils pourront repérer le dernier endroit où il a été vu. À l’Osiris. Tu y es allé ?
    –  Pour une minute seulement. Je l’ai vu, mais lui ne m’a pas aperçu. Je suis sorti et je l’ai attendu dehors. Personne ne nous a remarqués.
    –  Ils peuvent demander qui était à l’Osiris à ce moment-là. Rolande se souviendra que tu y étais passé.
    –  J’y vais souvent. Aucune importance.
    –  Il vaudrait mieux qu’on ne te questionnât pas. Un réfugié sans papiers. Rolande sait-elle où tu habites ?
    –  Non. Mais elle connaît l’adresse de Veber. C’est le médecin officiel. Et puis Rolande quitte sa place dans quelques jours.
    –  Ils sauront la trouver, dit Morosow en emplissant de nouveau son verre. Ravic, je crois que tu ferais bien de disparaître pour quelques semaines. »
    Ravic le regarda.
    « C’est vite dit, Boris, mais où ?
    –  Un endroit où il y ait beaucoup de monde. Va à Cannes ou à Deauville. La saison bat son plein, et tu peux facilement disparaître dans la foule. Ou à Antibes. Tu connais l’endroit, et on n’y exige pas de papiers. Veber et Rolande peuvent toujours me tenir au courant et me dire si la police s’est informée à ton sujet. »
    Ravic secoua négativement la tête.
    « Le mieux est de rester tranquillement ici, et de vivre comme si rien n’était arrivé.
    –  Non. Pas dans un cas comme celui-ci. »
    Ravic leva les yeux sur Morosow.
    « Je ne fuirai pas. Il faut que je reste ici. Tu me comprends ?
    –  Brûle d’abord le reçu des bagages », dit-il pour toute réponse.
    Ravic tira le bout de papier de sa poche, l’enflamma et le laissa se consumer dans un cendrier. Morosow jeta les cendres par la fenêtre.
    « Voilà qui est fait. Tu n’as plus rien qui lui ait appartenu ?
    –  De l’argent.
    –  Fais voir. »
    Il l’examina. Il n’y découvrit aucune marque identifiable.
    « Tu peux facilement t’en débarrasser. Que comptes-tu en faire ?
    –  Je pourrais en faire un don anonyme au comité des réfugiés.
    –  Change-le demain, et envoie l’argent d’ici deux semaines.
    –  C’est bien. »
    Ravic remit les billets dans sa poche. Tout en les pliant, il s’aperçut qu’il venait de manger. Il jeta un regard sur ses mains. Quelles idées étranges il avait eues ce matin ! Il prit un autre morceau de pain.
    « Où allons-nous manger ? s’informa Morosow.
    –  N’importe où. »
    Morosow le regarda. Ravic sourit. C’était la première fois qu’il souriait.
    « Boris, dit-il, ne me regarde pas avec des yeux d’infirmière, comme si tu t’attendais à me voir piquer une crise. J’ai supprimé une bête féroce qui méritait un sort cent fois pire. J’ai tué des douzaines de gens qui m’étaient complètement étrangers et j’ai été décoré pour cela. Je ne les avais même pas tués en combat loyal ; j’avais rampé jusqu’à eux, je les avais épiés, et je les avais frappés par-derrière. Mais c’était la guerre, et c’était par conséquent honorable. Le seul regret que j’ai eu aujourd’hui a été de ne pouvoir me faire connaître d’abord de Haake, comme j’en avais sottement le désir. Mais c’en est fini de lui ; il ne torturera plus personne. J’ai dormi, et maintenant, sa mort m’est tout aussi étrangère qu’un fait divers que je lirais dans les journaux.
    –  Parfait. »
    Morosow mit sa veste.
    « Allons-nous-en. J’ai besoin de boire quelque chose.
    –  Toi ? dit Ravic en levant les yeux.
    –  Oui, moi », fit Morosow.
    Il hésita une seconde, puis :
    « Aujourd’hui, pour la première fois, je me sens vieux. »

 
CHAPITRE XXXI
     
     
     
    L A fête donnée en l’honneur de Rolande commença ponctuellement à six heures. Une heure plus tard, tout serait terminé. Les affaires reprenaient à sept heures.
    La table

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