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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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langoustine.
    « Goûtez cela ; c’est meilleur que la langouste. Et essayez aussi le pâté maison. Avec une croûte de pain. Parfait. Maintenant, une gorgée de ce vin léger et bien frappé.
    –  Vous vous donnez bien du mal pour moi, dit Jeanne Madou.
    –  Pas plus qu’un maître d’hôtel, répondit Ravic en riant.
    –  Je suis très touchée.
    –  Je n’aime pas manger seul, voilà tout. Je suis comme vous.
    –  Je suis une triste compagnie.
    –  Au contraire, vous êtes la compagne de dîner idéale. Je ne peux pas supporter les bavards, les gens qui parlent fort. »
    Il tourna la tête dans la direction d’Albert. Le chapeau à plumes achevait de lui expliquer d’une voix distincte pourquoi il était un salaud et, en même temps, ponctuait ses phrases de coups de parapluie sur la table. Albert l’écoutait patiemment, peu impressionné. Jeanne Madou eut un bref sourire :
    « Cela aussi, j’en suis incapable.
    –  Voici la seconde table roulante, dit Ravic. L’attaquons-nous tout de suite ou préférez-vous d’abord une cigarette ?
    –  Une cigarette.
    –  Tenez, aujourd’hui, j’ai autre chose que du tabac noir. »
    Il lui donna du feu. Elle s’appuya en arrière et aspira profondément la fumée. Puis elle dit en l’enveloppant du regard :
    « On est bien ici. »
    Il crut un instant qu’elle allait fondre en larmes.
    Ils prirent le café au Colisée. Le grand établissement des Champs-Élysées était noir de monde, mais ils trouvèrent une table au bar du sous-sol, qui était tout entouré de volières où s’ébattaient des oiseaux multicolores des tropiques.
    « Avez-vous songé à ce que vous allez faire ? lui demanda Ravic.
    –  Non. Pas encore.
    –  Aviez-vous un projet en arrivant à Paris ? »
    Elle hésita.
    « Non. Rien de défini.
    –  Ce n’est pas par curiosité que je vous le demande.
    –  Je sais. Vous trouvez que je devrais faire quelque chose. Moi aussi, du reste. Je me le répète tous les jours. Mais…
    –  Le patron de votre hôtel m’a fait comprendre que vous étiez actrice. Remarquez que je ne l’ai pas questionné. Il me l’a dit quand je lui ai demandé de me rappeler votre nom.
    –  L’aviez-vous oublié ? »
    Il rencontra son regard calme.
    « J’avais laissé votre billet à l’hôtel et je n’arrivais plus à me souvenir.
    –  Vous le rappelez-vous, maintenant ?
    –  Oui. Jeanne Madou.
    –  Je ne suis pas une grande actrice, dit-elle. J’ai joué quelques petits rôles et plus rien ces derniers temps. Et puis je ne parle pas assez bien le français.
    –  Quelle langue parlez-vous ?
    –  L’italien. J’ai été élevée en Italie. Un peu l’anglais et le roumain. Mon père était roumain. Il est mort. Ma mère était anglaise. Elle vit toujours en Italie, je ne sais pas où. »
    Ravic ne l’écoutait qu’à demi. Il s’ennuyait et ne savait plus que dire.
    « Avez-vous fait autre chose ? questionna-t-il pour maintenir la conversation. En dehors des rôles que vous avez joués ?
    –  J’ai dansé et chanté. »
    Il la regarda d’un air de doute. Elle paraissait si peu faite pour cela. Il y avait en elle quelque chose de vague et d’incolore, qui la rendait peu attrayante. Elle n’avait pas l’air d’une actrice. Quel grand mot d’ailleurs !
    « Ce serait peut-être plus facile pour vous, dit-il. Vous pouvez chanter sans connaître parfaitement le français.
    –  Il s’agit de trouver quelque chose. C’est difficile quand on ne connaît personne. »
    Morosow ! pensa Ravic. Le Schéhérazade ! Morosow devait avoir des tuyaux. Cette idée le réveilla. Morosow l’avait poussé à cette soirée ennuyeuse, ce serait à son tour de montrer ce qu’il savait faire.
    « Connaissez-vous le russe ?
    –  Un peu. Quelques chansons, des airs tziganes. Ils ressemblent aux airs roumains. Pourquoi me demandez-vous ça ?
    –  Je connais quelqu’un qui est au courant de ces choses-là. Il pourra peut-être vous aider. Je vais vous donner son adresse.
    –  Je crains que ce ne soit inutile. Les agents sont partout les mêmes. Les recommandations ne servent pas à grand-chose. »
    Ravic comprit qu’elle croyait qu’il voulait se débarrasser d’elle à bon compte. Comme c’était vrai, il protesta :
    « L’homme auquel je pense n’est pas un agent. C’est le portier du Schéhérazade. Une boîte de nuit russe à Montmartre.
    –  -Le portier ? » Jeanne Madou releva

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