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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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Non.
    –  Personne ? »
    Elle fit un mouvement las de la tête.
    « Personne, excepté vous, le patron de l’hôtel, le garçon d’étage et la femme de chambre. »
    Elle sourit faiblement.
    « C’est maigre, n’est-ce pas ?
    –  Est-ce que monsieur… »
    Ravic chercha à se rappeler le nom du défunt. Il l’avait oublié.
    « Raczinsky connaissait bien des gens ici, mais je ne les ai jamais rencontrés. Il est tombé malade dès notre arrivée. »
    Ravic avait eu l’intention de ne rester qu’un moment. Mais en voyant la femme si prostrée, il changea d’idée.
    « Avez-vous dîné ? demanda-t-il.
    –  Non. Je n’ai pas faim.
    –  Avez-vous mangé quelque chose, aujourd’hui ?
    –  À midi. Pendant la journée, c’est plus facile. Dès le soir… »
    Ravic jeta un coup d’œil autour de lui. La petite chambre suintait la tristesse et novembre.
    « Il est temps que vous sortiez, dit-il. Venez avec moi dîner. »
    Elle paraissait si indifférente à tout qu’il s’attendit à un refus. Mais, au contraire, elle se leva immédiatement et prit son imperméable.
    « Ce n’est pas suffisant, dit-il. Ce manteau est trop léger. N’en avez-vous pas un plus chaud ? Il fait froid.
    –  Il pleuvait tout à l’heure…
    –  Il pleut toujours, mais il fait froid. Mettez quelque chose sous votre imperméable. Un autre manteau, ou un chandail.
    –  J’ai un chandail. »
    Elle se dirigea vers le coin où étaient ses valises. Ravic remarqua qu’elle n’avait pas défait les malles. Elle enleva la jaquette de son tailleur et enfila le chandail. Elle avait de belles épaules droites. Elle mit le béret et l’imperméable.
    « Est-ce mieux ainsi ?
    –  Beaucoup mieux. »
    Ils descendirent. Le patron n’était plus là. Le concierge avait pris sa place derrière le comptoir. Il triait le courrier. Une forte odeur d’ail se répandait autour de lui. À ses côtés, un chat tigré le regardait, immobile.
    « Vous n’avez toujours pas faim ? demanda Ravic, une fois dehors.
    –  Je ne sais pas. Pas beaucoup, je crois. »
    Il arrêta un taxi.
    « Dans ce cas, allons Au Relais de la Belle Aurore. On n’est pas forcé d’y prendre un repas complet. »
    Au Relais de la Belle Aurore, il y avait peu de monde. L’heure était trop tardive. Ils trouvèrent une table dans la petite pièce du haut. Un couple demeurait encore près de la fenêtre, dégustant du fromage, et un homme mince était attablé devant une mon tagne d’huîtres. Le garçon examina la nappe d’un œil critique et décida d’en mettre une propre.
    « Deux vodkas, commanda Ravic.
    –  Nous allons boire quelque chose et manger des hors-d’œuvre, dit-il à la femme. Cet endroit est célèbre pour ses hors-d’œuvre. Il n’y a à peu près rien d’autre. Du reste, quand on a fini les hors-d’œuvre on n’a plus faim pour autre chose. Il y en a des douzaines, des chauds, des froids, et tous excellents. Vous allez voir. »
    Le garçon apporta les verres et attendit, le calepin à la main.
    « Une carafe de rosé, dit Ravic. De l’Anjou.
    –  De l’Anjou rosé, bien, monsieur.
    –  Une grande carafe, dans de la glace. Et les hors-d’œuvre. »
    Le garçon s’éloigna. À la porte, il faillit se heurter à une femme coiffée d’un chapeau à plumes rouges qui montait l’escalier rapidement.
    Elle le poussa et se précipita vers l’homme mince qui mangeait des huîtres, en criant :
    « Albert, tu es un salaud !
    –  Chut ! Chut ! fit Albert en se retournant.
    –  Tu n’as tout de même pas la prétention de me faire taire ! » dit-elle, s’asseyant résolument et posant son parapluie mouillé en travers de la table.
    Albert ne paraissait pas surpris le moins du monde.
    « Chérie, dit-il, et il se mit à lui parler à voix basse.
    –  Buvons cela d’un trait, dit Ravic. Salute !
    –  Salute ! dit Jeanne Madou.
    Elle vida son verre.
    On apporta les hors-d’œuvre sur une table roulante.
    « Que désirez-vous ? demanda Ravic. Tenez, je crois que le plus simple serait que je vous serve. » Il remplit une assiette et la lui tendit. « Si vous ne les aimez pas, ça ne fait rien. Il y a encore tout un choix. Ce n’est que le commencement. »
    Il remplit son assiette et se mit à manger sans plus se préoccuper d’elle. Il avait tout à coup très faim. Quand il releva la tête, au bout d’un instant, il vit qu’elle mangeait aussi. Il lui tendit une

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