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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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hors-la-loi, tu ne manques pas de culot. Un des endroits les plus élégants de Paris.
    –  Ce sont les seuls où l’on soit vraiment en sûreté, quand on n’a pas comme toi un passeport Nansen. Le plus sûr moyen d’être pris, est de se conduire comme un réfugié. Tu devrais le savoir.
    –  Et avec qui y vas-tu ? Avec l’ambassadeur d’Allemagne, pour plus de protection ?
    –  Avec Kate Hegstrœm. »
    Morosow siffla.
    « Kate Hegstrœm ! Elle est revenue ?
    –  Elle arrive demain matin. De Vienne.
    –  Dans ce cas, je te verrai un de ces jours au Schéhérazade.
    –  Pas sûr.
    –  Allons donc, le Schéhérazade est toujours le quartier général de Kate Hegstrœm quand elle est à Paris. Tu sais cela aussi bien que moi.
    –  Cette fois, c’est différent. Elle entre à l’hôpital. Elle doit être opérée dans quelques jours.
    –  Raison de plus pour qu’elle y vienne. Décidément, tu connais mal les femmes ! » Morosow plissa les yeux. « Ou alors, chercherais-tu à la dissuader de venir ?
    –  Pourquoi ?
    –  Je pense soudain que je ne t’ai plus vu depuis le jour où tu nous a envoyé cette femme, Jeanne Madou. J’ai l’impression que c’est plus qu’une coïncidence.
    –  Quelle blague ! Je ne savais pas qu’elle était là. Ainsi, elle a trouvé un emploi ?
    –  Oui, avec l’ensemble, tout d’abord. À présent, elle fait une espèce de numéro seule. Deux ou trois chansons.
    –  Elle est remise d’aplomb ?
    –  Naturellement. Pourquoi pas ?
    –  Elle était si désespérée. Pauvre petite !
    –  Tu dis ?
    –  J’ai dit « pauvre petite ».
    Morosow se mit à rire.
    « Ravic, dit-il, d’un ton paternel, et avec une expression où se lisait un monde d’expérience, ne dis pas de sottises. Cette femme-là est une catin.
    –  Hein ? fit Ravic.
    –  Une catin. Pas une prostituée, mais une catin. Si tu étais russe, tu me comprendrais. »
    Ravic secoua la tête.
    « Alors, elle a beaucoup changé. Au revoir, Boris. »

 
CHAPITRE VII
     
     
     
    « Q UAND dois-je entrer en clinique, Ravic ? demanda Kate Hegstrœm.
    –  Demain soir. Nous vous opérons le lendemain. »
    Elle était debout devant lui, mince, un peu masculine, pleine d’assurance, jolie, mais plus très jeune.
    « Cette fois-ci j’ai peur, dit-elle. Je ne sais pourquoi, mais j’ai peur.
    –  Je ne comprends pas. C’est une affaire sans gravité. »
    Ravic l’avait opérée de l’appendicite deux ans plus tôt. À partir de ce moment-là, ils étaient devenus amis. Elle disparaissait parfois durant des mois et un beau jour elle revenait. Il la considérait un peu comme sa mascotte. Elle avait été sa première patiente à Paris, et lui avait porté chance. Depuis, il avait travaillé régulièrement et n’avait plus d’ennuis avec la police.
    Elle s’approcha de la fenêtre et regarda au-dehors. La fenêtre donnait sur la cour de l’hôtel Lancaster. Un énorme marronnier tendait ses branches dénudées vers le ciel brumeux.
    « Toujours la pluie, dit-elle. Quand j’ai quitté Vienne, il pleuvait. Quand je me suis éveillée à Zurich, il pleuvait encore. Et maintenant… » Elle tira les rideaux. « Je ne sais pas ce qui me prend. Je vieillis peut-être.
    –  Quand on le dit, c’est que ce n’est pas vrai.
    –  Je devrais me sentir différente. J’ai obtenu le divorce il y a deux semaines. Je devrais être gaie. Mais je suis lasse. Tout se répète, Ravic. Pourquoi ?
    –  Rien ne se répète. C’est nous qui nous répétons, voilà tout. »
    Elle sourit et s’assit sur le divan qui se trouvait à côté de la cheminée postiche.
    « C’est bon d’être de retour, dit-elle. Vienne est devenue une véritable caserne. C’est d’un morne ! Les Allemands l’ont littéralement piétinée, et avec eux les Autrichiens. Les Autrichiens aussi, Ravic. Cela semble une contradiction de la nature, un Autrichien nazi. Et pourtant, j’en ai vu.
    –  Ce n’est pas étonnant, Kate. Nulle maladie n’est plus contagieuse que le pouvoir.
    –  Et aucune ne change autant les êtres, Ravic. C’est pour cela que j’ai demandé le divorce. Le charmant oisif que j’avais épousé il y a deux ans s’est transformé du jour au lendemain en un brutal chef de troupe. Je -l’ai vu forcer le vieux professeur Bernstein à nettoyer le pavé, tandis qu’il le regardait en riant. Ce même Bernstein qui, un an auparavant, l’avait guéri

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