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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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merveilleux !
    –  Maintenant peut-être. Parce qu’il fait noir. Mais… »
    Il étendit la main vers le commutateur.
    « Non. Laisse-moi faire. Va-t’en. Et rentre avant midi demain ! »
    Elle se tenait dans l’encadrement de la porte. Le rayon argenté éclairait ses épaules et sa tête, par-derrière. Elle apparaissait indistincte, mystérieuse et excitante. Son manteau glissa à ses pieds comme une vague d’écume sombre. Elle s’appuya contre le chambranle et son bras fut éclairé par la lumière venant du corridor.
    « Va, et reviens », dit-elle en fermant la porte.
     
    La fièvre de Kate Hegstrœm était tombée.
    « S’est-elle éveillée ? demanda Ravic à l’infirmière à moitié somnolente.
    –  Oui. À onze heures. Elle vous a demandé. Je lui ai dit ce que vous m’aviez dit.
    –  A-t-elle parlé des pansements ?
    –  Oui. Je lui ai dit que vous aviez dû faire une incision. Une légère opération, et que vous lui expliquerez tout demain.
    –  Et c’est tout ?
    –  Oui. Elle a répondu qu’elle était satisfaite si vous l’étiez aussi. Elle m’a demandé de vous saluer si je vous voyais ce soir, et de vous dire qu’elle a confiance en vous.
    –  Bien… »
    L’infirmière boulotte s’assit dans un coin de la chambre, ajusta l’abat-jour pour que la clarté ne tombât pas sur le lit, s’enveloppa les jambes dans une couverture, et prit une revue. C’était une de ces publications bon marché qui contiennent des histoires de crimes et des scénarios de cinéma. Elle s’installa confortablement et se mit à lire. Sur la table, elle avait ouvert une boîte de gaufrettes au chocolat. Ravic, avant de sortir, la vit en prendre une. « Les choses les plus simples sont parfois incompréhensibles, pensa-t-il. Dans cette chambre une femme se meurt, et une autre demeure complètement indifférente. » Il referma la porte. Au fond, n’était-il pas dans le même cas ? Ne quittait-il pas cette chambre pour se rendre dans une autre où…
    La chambre était dans l’obscurité. La porte de la salle de bain était entrouverte. Il y avait de la lumière. Ravic hésita. Il ignorait si Jeanne était encore dans la salle de bain. Soudain il l’entendit respirer. Il traversa la pièce sans rien dire. Il était sûr qu’elle ne dormait pas. Mais elle non plus ne disait rien. La chambre fut subitement remplie d’un silence d’attente et de tension, comme un tourbillon qui attire… un abîme inconnu, in imaginable, duquel sortiraient des vapeurs incandescentes et au bord duquel le vertige vous attirerait vers le tumulte brûlant.
    Il ferma la porte de la salle de bain derrière lui. Dans la lumière vive, tout lui était de nouveau familier et connu. Il tourna le robinet de la douche. C’était la seule qu’il y eût dans l’hôtel. Il l’avait fait installer à ses frais. Il savait qu’en son absence le patron la faisait voir avec orgueil à ses amis et connaissances.
    L’eau chaude gicla sur sa peau. Dans la pièce voisine, Jeanne Madou était couchée et l’attendait. Sa peau était douce. Ses cheveux semblaient sur l’oreiller une vague impétueuse. Ses yeux brillaient même dans la pénombre, comme s’ils eussent reflété la pâle lumière des étoiles d’hiver qui scintillaient doucement à la fenêtre. Elle l’excitait parce qu’il ne restait jamais rien en elle de la femme qu’il avait connue une heure auparavant… parce qu’elle était tout ce que peuvent être la tentation et la séduction sans l’amour. Et pourtant, soudain, il ressentait presque de l’aversion pour elle… une résistance étrange qui se mêlait à l’attirance violente. Son regard fit machinalement le tour de la salle de bain. S’il y avait eu une autre porte, il est probable qu’il se serait habillé et serait parti.
    Il se frotta lentement avec la serviette. Quelle chose étrange était née en lui tout à coup ! Une ombre… un rien en somme. Peut-être était-ce sa visite à Kate Hegstrœm. Ou ce que Jeanne avait dit auparavant dans le taxi. Beaucoup trop tôt et bien trop facilement. Ou peut-être le fait qu’un être l’attendait, au lieu que ce fût lui qui attendît. Il serra les lèvres et ouvrit la porte.
    « Ravic, dit Jeanne, le calvados est sur la table près de la fenêtre. »
    Il s’immobilisa, réalisant à quel point tout son être avait été attendu. Il avait craint des paroles qui lui eussent été insupportables. Elle avait dit juste ce

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