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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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envoyé ces fleurs ?
    –  Non. C’est la clinique. »
    Elle posa le miroir sur le lit.
    « Les cliniques n’envoient pas de lilas en janvier. Elles envoient des marguerites, ou quelque chose de ce genre. Les cliniques ne savent pas non plus que le lilas est ma fleur préférée.
    –  Ici, on le sait. Vous êtes une ancienne 1 cliente. » Il se leva.
    « Il faut que je parte. Je repasserai vers six heures.
    –  Ravic… »
    « Oui, c’est maintenant, pensa-t-il, qu’elle va me questionner. » Elle lui tendit la main.
    « Merci, dit-elle. Merci pour les fleurs. Et aussi de vous occuper de moi. Je me sens toujours tellement en sécurité avec vous.
    –  Allons donc, Kate. Je vous assure que ce n’est rien. Tâchez de dormir si vous le pouvez. Si vous ressentez des douleurs, appelez l’infirmière. Je lui laisserai les instructions nécessaires. Et je reviendrai cet après-midi. »
     
    « Veber, où est le cognac ?
    –  Ç’a été si mal que ça ? Voici la bouteille. Eugénie, veuillez apporter un verre. »
    Elle y alla de mauvaise grâce et revint. Veber s’exclama :
    « Mais ce n’est pas un verre que vous avez là. C’est un dé ! Apportez un verre convenable, Eugénie. Non, laissez, vous vous fatigueriez sans doute trop. J’y vais moi-même.
    –  Je ne comprends pas pourquoi, docteur Veber, dit Eugénie avec amertume, mais chaque fois que M. Ravic vient ici, vous…
    –  C’est bon, c’est bon, interrompit Veber. Voici votre verre, Ravic. Alors, que s’imagine-t-elle ?
    –  Elle ne m’a posé aucune question, dit Ravic. Elle dit qu’elle a confiance en moi.
    –  Vous voyez bien ! s’écria Veber rayonnant. Je vous l’avais dit !
    –  Veber, un patient vous a-t-il déjà remercié alors que vous ne pouviez rien faire pour lui ?
    –  Oui. Souvent.
    –  Et qu’est-ce que vous ressentiez ?
    –  Une impression de soulagement chaque fois. Et vous ?
    –  Moi ? J’ai envie de vomir. »
    Veber se mit à rire.
    « Oui, ça me donne envie de vomir, répéta Ravic.
    –  C’est la première fois que je découvre en vous un sentiment humain, dit Eugénie. Sauf que je désapprouve la manière dont vous vous exprimez.
    –  Vous oubliez souvent, Eugénie, dit Veber, que vous êtes une infirmière et non une psychiatre. Alors, Ravic, l’affaire est réglée ?
     – Oui, pour l’instan t.
    –  C’est parfait. Elle a dit ce matin à sa garde qu’elle veut partir pour Florence aussitôt qu’elle pourra quitter la clinique. C’est une excellente idée, dit Veber en se frottant les mains. Les mé decins de là-bas pourront s’occuper d’elle. Je n’aime pas que les patients meurent ici. Ça fait du tort à la réputation de l’établissement. »
     
    Ravic sonna à l’appartement de la sage-femme qui avait fait l’avortement de Lucienne. Après un temps assez long, la porte fut entrebâillée par un individu à l’allure louche, qui, voyant Ravic, garda la main sur le verrou.
    « Que voulez-vous ? grogna-t-il.
    –  -Je veux parler à M me  Boucher.
    –  Elle n’a pas le temps.
    –  Ça ne fait rien, je puis attendre. » L’homme se préparait à refermer la porte. « Si je ne peux attendre ici, dit Ravic, je reviendrai dans un quart d’heure. Mais pas seul. Je reviendrai avec quelqu’un qui réussira certainement à la voir. »
    L’homme le fixa :
    « Qu’est-ce que ça signifie ? Que voulez-vous ?
    –  Je vous l’ai déjà dit. Je désire parler à M me  Boucher. »
    L’homme hésita.
    « Attendez », dit-il en refermant la porte.
    Ravic examina la porte dont la peinture brune s’écaillait, la boîte aux lettres en fer-blanc, et la plaque émaillée mentionnant le nom. Que de misères et de craintes étaient passées par cette porte ! Elle s’entrouvrit de nouveau :
    « Êtes-vous de la police ? demanda un homme mal rasé.
    –  Si j’étais de la police, serais-je ici à attendre ?
    –  Entrez. »
    L’homme conduisit-Ravic le long d’un corridor obscur, jusqu’à une pièce encombrée de meubles. Un canapé de peluche, plusieurs chaises dorées, un tapis en imitation d’Aubusson, des scènes pastorales sur les murs. Devant la fenêtre, sur un pied métallique, une cage dans laquelle un canari se tenait immobile. Des assiettes et des figurines de plâtre accrochées un peu partout complétaient le décor.
    M me  Boucher entra. Elle était énorme de graisse et portait un ample kimono d’une

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