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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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qu’il fallait. Il se sentit calme, plus léger, sûr de lui.
    « Tu as pu trouver la bouteille ?
    –  C’était facile, elle était là. J’ai trouvé un tire-bouchon et je l’ai ouverte. Donne-m’en, veux-tu ? »
    Il versa deux verres et lui en tendit un. Il but avec délices. Il se sentit heureux.
    Elle pencha la tête en arrière et prit une gorgée. Ses cheveux étaient répandus sur ses épaules, et elle ne paraissait penser à rien d’autre qu’à boire. Ravic avait déjà remarqué cette faculté chez elle, de se donner toute à ce qu’elle faisait. Il eut vaguement la pensée que ce don était à la fois fascinant et dangereux. De telles femmes n’étaient qu’amour lorsqu’elles aimaient, que désespoir lorsqu’elles étaient désespérées ; et ne devenaient qu’oubli, lorsqu’elles oubliaient. Jeanne reposa son verre.
    « Ravic, dit-elle en riant, je sais ce que tu penses.
    –  Vraiment ?
    –  Oui. Tu viens de te sentir plus qu’à demi marié. Moi aussi. Être laissée à la porte n’est pas la plus enviable des expériences. Être laissée avec un bouquet de roses dans les bras… Heureusement que le calvados était là. »
    Ravic remplit les verres.
    « Tu es extraordinaire, dit-il. Tu as parfaitement raison. Il y a un instant, dans la salle de bain, tu m’étais presque insupportable. Et maintenant, je te trouve parfaite. Salute !
    –  Salute !
    –  C’est la seconde nuit, dit-il ; la nuit dangereuse. Il n’y a déjà plus la fascination de l’inconnu, et pas encore le charme de la familiarité. Mais nous allons survivre !
    –  Tu sembles bien sûr de toi, dit-elle en posant son verre. ^
    –  Mais non. Je parle tout simplement. On ne sait vraiment jamais rien. Tout est toujours différent. Ce n’est jamais la seconde nuit. C’est toujours la première. La seconde serait la dernière.
    –  Dieu merci ! Où cela nous mènerait-il autrement ? Tout deviendrait de l’arithmétique. Et maintenant, viens. Je ne veux pas dormir encore. Je veux boire avec toi. Les étoiles ont l’air glacées là-haut. On a si facilement froid quand on est seul.
    Même s’il fait chaud. Mais on n’a jamais froid quand on est deux.
    –  Tu te trompes. Quand on est deux, on peut parfois mourir de froid.
    –  Pas nous deux.
    –  Bien sûr », dit Ravic.
    Mais, dans l’obscurité, elle ne put discerner l’expression de son visage.

 
CHAPITRE X
     
     
     
    « Q U ’ EST - IL arrivé, Ravic ? » demanda Kate Hegstrœm.
    Elle était légèrement soulevée sur son lit, sa tête reposant sur deux oreillers. La chambre était imprégnée de parfum. Le vasistas de la fenêtre était entrouvert. L’air pur et froid du dehors se mêlait à la chaleur de la pièce. On se serait cru en avril plutôt qu’en janvier.
    « Vous avez été fiévreuse durant quelques jours, Kate. Ensuite vous avez dormi près de vingt-quatre heures d’affilée. Mais la fièvre a disparu et tout va bien. Comment vous sentez-vous ?
    –  Fatiguée. Toujours fatiguée. Mais pas comme avant. Je suis détendue. Et je ne sens presque pas de douleur.
    –  Plus tard, vous allez souffrir un peu. Mais nous allons faire le nécessaire afin que la douleur soit supportable ; d’ailleurs, elle ne persistera pas, vous le pensez bien. »
    Elle acquiesça.
    « Vous avez été obligé d’opérer, Ravic ?
    –  Oui, Kate.
    –  C’était indispensable ?
    –  Oui. »
    Il attendit. Mieux valait la laisser questionner sur ce qu’elle voulait savoir.
    « Combien de temps faudra-t-il que je garde le lit ?
    –  Quelques semaines.
    –  Je crois que ça me fera du bien, dit-elle après un instant de silence. J’ai besoin de calme. Je me rends compte à présent à quel point j’étais épuisée. Je refusais de l’admettre. Était-ce ce que j’avais qui me fatiguait tellement ?
    –  Évidemment.
    –  Et aussi les hémorragies qui survenaient de temps à autre. Entre mes règles ?
    –  Cela aussi, Kate.
    –  Ces semaines me seront profitables. C’est mieux ainsi. S’il fallait que je me lève maintenant pour retomber dans tout ça… je crois que je ne le pourrais pas…
    –  Ce n’est pas indispensable. Il faut tout oublier. Ne penser qu’à l’avenir immédiat. À votre déjeuner par exemple.
    –  J’obéis, docteur, dit-elle. Mais donnez-moi le miroir. »
    Il le prit sur la table de nuit et le lui tendit. Elle s’examina attentivement.
    « Est-ce vous qui m’avez

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