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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de paix soit abrogé. Point de traité, point de mariage, point de petit-fils de Philippe IV sur votre trône à Westminster.
    Édouard sourit.
    — Vous résumez très bien la situation, Hugh.
    Corbett porta la main à sa bouche et baissa les yeux sur la table. Sa blessure à la poitrine était encore douloureuse, mais il essayait de le dissimuler. Le souverain se servait-il de lui comme appât ? Que se passerait-il s’il se rendait dans le Sussex et qu’un des tueurs de Craon frappe ? Édouard mettrait-il sa mort sur le compte de Philippe pour réclamer justice et abolir le traité papal de paix ? Ou pis encore ? S’il allait à Ashdown et que le roi y envoie son propre tueur ? S’il se retournait contre lui ? S’il le sacrifiait sur l’autel de l’intérêt personnel puis accusait les Français ? Corbett leva vivement les yeux. Édouard regardait Ranulf. Le magistrat savait ce que cela signifiait. Ranulf serait-il son assassin ? Son ambitieux clerc voyait-il en leur amitié quelque chose à acheter et à vendre en vue d’un avancement ultérieur ? Non, certainement pas !
    — Vous semblez quelque peu inquiet, Hugh !
    Corbett s’agita dans sa chaire. Il prit son gobelet et le leva. Prouvant ainsi qu’il ne tremblait pas.
    — Que se passera-t-il, Sire, si Craon n’a rien à voir avec la mort de Fitzalan ?
    — C’est possible.
    — Et que se passera-t-il, Sire, si, en me rendant à Ashdown, je deviens une amorce pour Craon ? Le seigneur Amaury peut fort bien ne point résister à la tentation et lâcher un assassin à mes chausses.
    — Continuez, dit le monarque d’une voix à peine audible.
    — Ne changeriez-vous pas alors de stratégie pour lui faire endosser ma mort ? N’enverriez-vous pas les missives les plus furieuses à Sa Sainteté le pape, en Avignon, en déplorant à grands cris le meurtre de votre principal clerc de la main d’un assassin français ?
    — Hugh, Hugh, comment pouvez-vous penser ça ?
    — Vous voilà bien audacieux ! aboya Warrenne.
    Corbett observa le vieux comte. « Vous êtes un ribaud et un ivrogne, songea-t-il, mais je vous ai mal jugé. Vous avez le sens de l’honneur. Vous ne m’aimez sans doute pas, mais vous aussi, vous estimez que le roi pourrait comploter. » Warrenne baissa les yeux.
    — J’ai dit que vous étiez bien effronté, Messire le clerc ! murmura-t-il.
    — Je suis très franc, railla le magistrat en réponse. Il s’agit de ma vie. Le roi en personne a remarqué que Craon pouvait en vouloir à mes jours.
    — Mais je ne vous envoie pas là-bas pour ça.
    L’humeur d’Édouard avait changé : de prince affligé il était devenu seigneur courroucé.
    — Hugh, nous sommes en Angleterre. Vous allez dans la forêt d’Ashdown. Si Craon lève le petit doigt contre vous, j’aurai sa tête ! M’entendez-vous, Corbett ? Je ferai tomber sa tête de ses épaules. Et je la ficherai sur un piquet au-dessus du Pont de Londres pour que les corbeaux puissent la caver comme ils le font avec les autres vermines.
    Corbett se mit à rire. Ce ne fut d’abord qu’un gloussement, mais plus il réfléchissait aux paroles du roi, plus son rire devenait irrépressible.
    — Cela vous amuse, Hugh ? Vous trouvez cela plaisant alors que votre souverain, lui, ne s’égaye point ?
    Corbett s’essuya les yeux d’un revers de main.
    — Majesté, je suis garde du Sceau privé. Le maître de vos secrets, votre clerc le plus loyal, mais je vois enfin où vous voulez en venir !
    Il se rembrunit.
    — Je ne suis pas un valet de taverne qu’on envoie en commission de-ci de-là. Je ne suis point, non plus, un nouveau clerc à la tonsure toute fraîche, qui se pavane dans ses atours neufs et croit tout ce qu’on lui dit. Alors, Sire, peut-être pouvons-nous parler ? De maître royal à serviteur loyal, de prince à conseiller. Ou, comme vous l’évoquiez précédemment, comme deux amis qui en ont beaucoup vu ensemble. On nous envoie dans le Sussex, reprit-il d’un ton plus égal, parce que vous voulez réellement savoir pourquoi un des principaux barons de ce pays a été assassiné ?
    — C’est exact.
    — Vous désirez aussi que nous découvrions s’il y a un lien entre la mort de Lord Henry et le macabre présent déposé devant le prieuré de St Hawisia ?
    — Oui.
    — Et vous aimeriez que je surveille Craon pour dévoiler les véritables rapports entretenus par Lord Henry Fitzalan et la cour de

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