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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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prince en tapant du pied. Si je ne peux vivre avec mes amis, à quoi bon un royaume ?
    Corbett jeta un regard d’avertissement à Ranulf.
    — Peut-être vous rejoindrai-je à Ashdown, ajouta Édouard en se détournant et en surveillant Corbett du coin de l’oeil.
    — Étiez-vous un ami de Lord Henry ? demanda le magistrat.
    Son interlocuteur le menaça d’un doigt espiègle.
    — Vous êtes là, Corbett, l’air confit en dévotion, avec vos yeux candides et votre visage innocent. Vous auriez dû être juriste au Banc du roi {9} . Je n’étais pas très ami avec Lord Henry, mais avec son frère, Sir William. Et, comme vous le savez, j’ai fait des pèlerinages au tombeau de sainte Hawisia.
    — Êtes-vous allé au manoir d’Ashdown ?
    — Oui, et à la taverne qui se trouve sur la route d’Ashdown. La forêt, là-bas, est riche en gibier.
    Il grimaça.
    — Lord Henry n’a pas été de cet avis, hein ? Alors, quand partez-vous ?
    — Dès que possible, Monseigneur. Votre père nous a donné des ordres et nous devons nous rendre à Ashdown.
    Édouard acquiesça. Il frappa l’épaule de Corbett d’un air distrait et, marmonnant, rejoignit ses serviteurs d’un pas nonchalant.
    — Qu’est-ce que cela signifiait ? s’enquit Ranulf.
    — Je l’ignore, répondit son maître. C’est un vrai tissu de mensonges. Philippe ment. Craon nierait encore la vérité si on la lui présentait en face. Notre roi dissimule la réalité et le prince de Galles suit sa propre voie solitaire. Quelle heure crois-tu qu’il est ?
    Ranulf leva les yeux vers le ciel.
    — Pas encore neuf heures.
    — Prépare nos affaires, les deux chevaux, le poney de bât et n’oublie pas mes sacoches.
    — Où allez-vous ?
    — Faire un tour dans le palais. Quand tu auras fini, rejoins-moi à la grille principale. Nous traverserons les douves et irons au village, dans une taverne nommée L’Arbre de Jessé. Le propriétaire loue une chambre, L’Étoile de Bethléem , qu’un pèlerin de retour de Terre sainte est censé avoir décorée.
    — Pour l'amour de Dieu, Messire, de quoi parlez-vous ?
    — Moi ? sourit Corbett. Avec mon visage dévot et mon air de pharisien ?
    Ranulf soupira. Il contempla un page qui retirait une lourde selle de combat du dos d’un destrier.
    — Maltote me manque, Maître, et pas seulement parce que c’était lui qui s’occupait des chevaux.
    Corbett suivit le regard que Ranulf jetait au page qui s’éloignait en chancelant sous le poids du lourd harnais. Maltote, jeune homme gauche, mais doué pour s’occuper des chevaux, avait été leur palefrenier. Il avait été tué dans une ruelle malodorante d’Oxford et son corps, à présent, reposait sous les dalles de la chapelle du manoir, à Leigthon {10} .
    — Il me manque vraiment, répéta Ranulf. Je suis heureux d’avoir abattu son assassin. J’espère que son âme pourrit en Enfer !
    Il partit à grands pas comme c’était son habitude lorsqu’il voulait cacher ses larmes.
    Corbett se promena dans le palais, saluant les gens qu’il connaissait, interpellé ici et là par d’autres clercs qui venaient lui serrer la main et se féliciter de son retour. Il se rendit dans l’arrière-cuisine et réussit à convaincre un cuisinier de lui fournir du pain, du fromage et un petit pichet de bière. Il s’installa tranquillement et mangea tout en surveillant la bougie des heures {11} fixée sur son support de fer près de l’huis ; quand le dixième cercle rouge fut presque atteint, il se dirigea vers l’entrée principale où son serviteur l’attendait déjà.
    — Je voulais vous demander, Messire, pourquoi ces noms d’Arbre de Jessé et d’Étoile de Bethléem ?
    — Je te l’ai dit.
    Corbett glissa son bras sous celui de Ranulf. Ils passèrent devant le corps de garde, traversèrent le pont et suivirent le chemin qui descendait en sinuant à travers les arbres vers le village. Corbett desserra son col blanc. C’était une chaude journée d’automne ; les feuilles mortes, sous leurs pieds, formaient un tapis doré et crissant. Ils se rangèrent pour faire place à un convoi de bêtes de somme. Les chevaux hennissaient en sentant l’odeur du sang gouttant des carcasses des cerfs, gorge tranchée et ventre ouvert, qu’on avait jetées sur leur dos. Les verdiers et les forestiers éclaboussés de sang étaient de fort bonne humeur. Il n’était pas encore midi et ils ne chassaient que depuis l’aube pour

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