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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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terrain. Parfois l’autre versant du vallon était caché par des branches pendantes et de hautes tiges de fougères, mais il y avait aussi des trouées où un archer expérimenté aurait pu se tenir, dissimulé dans l’ombre, et lâcher une flèche.
    — Ranulf, ordonna-t-il, retourne près des serviteurs de Lord Henry. L’un d’entre eux doit avoir un arc et un carquois. Rapporte-les.
    Ranulf s’exécuta en hâte. Corbett tenta de se mettre dans la peau d’un assassin.
    — Ce n’était pas un accident de chasse, affirma-t-il avec force.
    Il fit les cent pas et choisit finalement la place où il demeura jusqu’au retour de Ranulf. Il prit l’arc, sélectionna une des flèches dans le carquois et en examina la cruelle pointe acérée.
    — C’est une flèche de guerre ? demanda-t-il.
    — Oui, répondit Sir William. Si nous chassions, Messire, elle serait émoussée.
    Le clerc saisit la corde de l’arc en bois d’if et encocha un trait. Après avoir pris une profonde inspiration, il leva l’arme. Quand le trait fut à la hauteur de ses yeux, il recula.
    — Bon, Ranulf, dit-il, commence à compter.
    Baissant à nouveau l’arc, il tourna son regard vers l’endroit où était mort Lord Henry. Il visa ensuite avec soin. Il sentait une légère brise sur sa joue ; sans quitter sa cible des yeux ; il prit une profonde inspiration. Il était conscient de la puissance de l’arme et les deux doigts de sa main gauche agrippèrent l’arc juste au bout de la plume d’oie grise. Il expira et, en même temps, lâcha la flèche. À peine distinct, le trait fendit l’air à travers la clairière et disparut parmi les arbres, de l’autre côté. Quand il baissa le bras, Ranulf avait compté jusqu’à neuf.
    — C’est très court, observa Corbett. Quelques instants. Maintenant que l’assassin a atteint sa cible, il doit battre en retraite. Dans l’enceinte, tout est chaos et désarroi. Que va-t-il faire, Ranulf ?
    — Si j’étais lui, Messire, j’aurais laissé un cheval quelque part. Je m’enfuirais aussi vite que possible pour mettre autant de distance que faire se peut entre moi et ici.
    — Sir William ?
    — J’agirais de même.
    — Mais ce n’est pas le problème, n’est-ce pas ? réfléchit le magistrat en tendant l’arc au seigneur. Le tueur a dû fuir. Le véritable danger ne se trouvait pas là.
    — C’était avant, hein ? avança Ranulf.
    — Oui. Il m’a fallu quelque temps pour découvrir cet endroit, le meilleur pour tirer. Bien sûr, le meurtrier a pu apprendre que Lord Henry avait l’intention d’organiser une partie de chasse à Savernake Dell mais il ne pouvait savoir où se tiendrait le seigneur du manoir. Tout comme il ignorait s’il le verrait bien.
    — C’est évident, renchérit Ranulf. Une fois sur place, il aurait pu constater que Lord Henry était caché par ses serviteurs et ses invités.
    — Justement. Auquel cas, notre homme aurait pu essayer de tuer Lord Henry auparavant ou même attendre un autre jour.
    Il adressa un sourire par-dessus son épaule à Sir William.
    — Y a-t-il une faille dans ce que je dis ?
    Le seigneur lui répondit par un regard glacial.
    — Vous savez bien qu’il y en a une, Sir William. Votre frère était un homme de pouvoir. Il n’aurait jamais accepté de passer en second. Il lui fallait être devant. C’était l’hôte et un grand chasseur.
    — Mais c’était notoire, bégaya Sir William.
    — Y compris pour les gens qui n’étaient pas de sa famille ? railla Ranulf.
    — Comme l’a souligné Sir Hugh, répliqua le seigneur, sur la défensive, Lord Henry était le premier en tout. Premier-né, premier dans le tournoi, dans la chevauchée et, oui, à la chasse.
    Corbett fit quelques pas en examinant les grands chênes. Il se dirigea vers un vieil arbre creux, sans doute touché par la foudre. Il avait au moins six pieds de diamètre. D’autres, semblables, se dressaient à côté.
    — Où sommes-nous ?
    — Nous nous trouvons à l’orée de Savernake Dell, répondit Sir William. On appelle cet endroit « Les Arbres creux », à cause des chênes. Mon père disait que, dans son enfance, il y avait eu un terrible orage pendant lequel quelques arbres avaient été foudroyés.
    — Et ? s’enquit Corbett.
    — Il est bien connu comme lieu de rendez-vous pour les amoureux ou de terrain de jeux pour les enfants.
    William eut un sourire en coin.
    — Mon frère et moi venions souvent y jouer

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