Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
de son intelligence et de sa sagesse.
    Il fit une grimace.
    — Lord Henry a, il y a peu, fait restaurer le saint lieu ; Madeleine n’a eu de cesse qu’il s’exécute.
    Corbett jeta un coup d’oeil vers Ranulf : à l’aide de son poignard qui tranchait le bois blanc, il venait de fabriquer un pieu aiguisé.
    — N’avons-nous pas quelqu’un d’autre ?
    — Moi ?
    — Oui, Sir William, vous-même. Vous ne donnez guère l’image du frère éploré. Vous étiez absent quand Lord Henry a été assassiné. Vous avez mentionné des ragots. Il est possible que vous ayez disparu dans les bois, emprunté un sentier le long de la barrière, pris l’arc caché, lâché la flèche meurtrière, dissimulé l’arme puis que vous soyez revenu en toute hâte.
    — Dans ce cas, Sir Hugh, je n’aurais pas eu besoin de cheval, n’est-ce pas ?
    Corbett rejeta la tête en arrière et se mit à rire.
    — Il y a une autre possibilité, intervint Ranulf.
    Il jeta son morceau de bois et rengaina son poignard.
    — Quel que soit l’assassin de Lord Henry, c’était un maître archer. Comment savons-nous que c’était quelqu’un qu’il connaissait ? Il y a bien assez de soldats errants, d’archers du roi revenant de guerre, qu’on peut engager comme tueurs en leur fournissant monture, arc et flèches.
    — Voulez-vous dire que c’est ce que j’ai fait ?
    — Non, Sir William, je me contente de remarquer qu’on aurait pu le faire.
    — Aimiez-vous votre frère ? questionna tout à trac Corbett.
    Sir William se cacha le visage dans les mains et se frotta les yeux.
    — Quand j’étais enfant, quand Henry, Madeleine et moi courions dans ces bois comme des gobelins sortis de l’Enfer, il n’y avait nulle rancoeur, nulle jalousie, nulle amertume entre nous.
    Il tenta de maîtriser sa voix.
    — En fait, Madeleine et moi adorions le sol que foulait Henry. Nous avions l’habitude de jouer à Savernake Dell. Henry était Arthur, Madeleine Guenièvre et moi Galaad. Les étés paraissaient ne devoir jamais finir. Les jours étaient une éternité. Vous comprenez, notre père s’est marié deux fois. Ma mère et celle d’Henry est morte fort jeune. Mon père s’est remarié ; sa seconde épouse a trépassé en couches, mais Madeleine a survécu. Notre père est devenu acariâtre et renfermé, et s’est davantage intéressé à ses domaines et ses revenus qu’à ses trois enfants qui, selon lui, avaient coûté la vie aux deux femmes qu’il avait aimées. On nous laissait libres.
    — Quand cela a-t-il changé ?
    — Henry a été envoyé aux collèges de Cambridge. Quand il est revenu, c’était un étranger : grand et hautain, citant grec et français. Il raillait mes jeux d’enfant et la piété de Madeleine. Il se rapprocha de plus en plus de notre père et se jeta dans l’administration des terres. Il alla à la Cour. Il devint l’ami du roi, servant avec éclat, comme vous le savez, dans les marches du pays de Galles et d’Écosse. Madeleine est entrée au couvent. Elle ne voulait rien avoir à faire avec le monde des hommes. Mon père est mort. Tout est revenu à Henry.
    Sa voix se fit amère.
    — Je suis un chevalier, Sir Hugh. J’ai le droit de porter une épée, mais je suis devenu un valet, un intendant. « Ici, William ! Là-bas, William ! Fais ceci, William ! Fais cela ! »
    Il fit une pause, le souffle court.
    — J’ai demandé à mon frère un morceau du domaine, la seigneurie de Manningtree. Il m’a donné sa parole, m’a solennellement promis que...
    — Puis il s’est dédit ?
    — Il m’a dit que je devais attendre.
    — Mais n’auriez-vous pas pu partir ? insista Corbett. Moult puînés l’ont fait.
    — Je l’ai fait. J’ai servi quelque temps comme chevalier banneret dans l’escorte du prince de Galles. Le prince Édouard est souvent venu à Ashdown dans son enfance.
    — C’est vrai, c’est vrai.
    Corbett chercha le regard de Ranulf. Jusqu’à présent, la franchise et l’honnêteté du seigneur du manoir l’avaient secrètement impressionné, mais Sir William se contentait-il de ne dire que la vérité, pour autant qu’il pouvait en juger ?
    — Bon, vous devinez ce qui s’est passé.
    Sir William se leva et s’étira.
    — Le prince de Galles n’est pas un soldat, Sir Hugh. Il préfère creuser un fossé, combattre dans un semblant de tournoi, être un Seigneur du désordre. Il n’y a point de profit à le servir et je suis donc

Weitere Kostenlose Bücher