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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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plus.
    Sir William ramassa arc et carquois qu’il jeta sur son épaule.
    — Vous m’avez rappelé que vous étiez l’émissaire du roi, alors, je vous en prie, soyez mes invités ce soir juste après vêpres.
    Et, sans attendre la réponse, le seigneur fit demi-tour et retraversa Savernake Dell.
    — Voilà un homme inquiet, observa Ranulf. Messire, je vais aller chercher les chevaux. Allons-nous à la taverne ?
    — Non, je crois qu’il serait séant de faire une visite à St Hawisia, dit ce dernier dans un sourire. Plus je connais la famille de Lord Henry, plus elle m’intrigue. Sir William est un homme inquiet. Mais je ne pense pas que ce soit un assassin, bien que je puisse me tromper.
    Le magistrat examina ses bottes boueuses. Taillées dans un maroquin rouge sang de première qualité, elles venaient d’Espagne. Maeve les avait achetées dans une foire qui se tenait devant la Tour. Corbett regarda les éperons d’argent attachés aux talons et ôta distraitement de la mousse de ses chausses de cuir.
    — La forêt est un endroit tranquille, réfléchit-il. Mais un homme veut commettre un crime. Ne le remarquerait-on pas, Ranulf ? Avec le cliquetis des éperons, le hennissement de son cheval, le craquement et le claquement des rameaux et des branches qui tombent ?
    — Pas s’il se déroulait une chasse, objecta Ranulf.
    Il leva les yeux vers les arbres en quête du merle qui chantait si gaiement.
    — N’oubliez pas, Sir Hugh, que Lord Henry était tout à la chasse, comme ses compagnons. Le matin de sa mort, la forêt était pleine de bruits : cris des chasseurs, aboiements des chiens, bavardages des invités.
    Corbett eut un grand rire.
    — Je finirai par faire de toi un campagnard, Ranulf : va chercher les montures !
    Le jeune homme, grommelant entre ses dents qu’il haïssait la campagne et détestait ces lieux glauques, retourna sur ses pas à travers la clairière. L’un des palefreniers de Sir William, jeune homme au visage terreux et aux cheveux blonds, louche d’un oeil, gardait les chevaux. Il parlait à celui de Corbett et lui flattait doucement le museau en chuchotant dans l’oreille dressée comme un jeune soupirant s’adressant à son amante. Petit et râblé, il avait des doigts boudinés. Il avait perdu l’un des talons de ses bottes de cavalier et clopinait en marchant.
    — Comment t’appelles-tu, mon garçon ? l’interrogea Ranulf.
    — Baldock. On me nommait Burdock, {14} mais ça ne sonnait pas bien, aussi ai-je changé.
    — Drôle de nom !
    Ranulf se jeta en selle et prit les rênes du cheval de Corbett.
    — Pourquoi ta mère t’a-t-elle baptisé ainsi ?
    Le palefrenier leva les yeux ; malgré son strabisme, il avait une mine joviale et franche.
    — Je ne connais point ma mère, expliqua-t-il. Je ne connais point mon père. On m’a trouvé abandonné au manoir il y a des années.
    — Et Lord Henry t’a recueilli ?
    — C’était un homme plutôt généreux, un bon seigneur. Oh, il était hautain, mais ils le sont tous, hein ? Ils marchent sur la terre comme si elle leur appartenait et ne prennent pas garde aux vers qu’ils écrasent.
    — Quel philosophe tu fais ! se moqua Ranulf en se penchant.
    — Je suis un valet d’écurie, rétorqua Baldock. Et un bon ! Rien de meilleur pour le ventre que d’enfourcher un cheval. Les chevaux sont un don de Dieu à l’homme. Ils vous aiment. Ils ne demandent rien, sauf qu’on s’occupe un peu d’eux.
    Ranulf se remémora Maltote.
    — Et que sais-tu faire encore, Baldock ? Sais-tu te battre ? Ou, quand tu tires cette dague, te coupes-tu ?
    Baldock désigna un poteau, vestige de la palissade.
    — Vous le voyez, Messire ?
    — Aussi bien que ton nez !
    Baldock se détourna et Ranulf aperçut un rapide mouvement de son bras. La main du palefrenier décrivit un arc de cercle ; le couteau, un poignard effilé à la lame mince, vola dans l’air et frappa exactement le centre du piquet.
    — C’est un charlatan errant qui me l’a appris. J’ai gagné bien des pièces dans les tavernes ! se vanta Baldock.
    — Et quoi encore ?
    Ranulf avait oublié son maître.
    — Sais-tu jouer aux dés, Baldock ?
    Il fouilla dans son escarcelle et en tira deux dés non pipés. Le changement sur le visage du palefrenier fut étonnant. Il eut l’air si abattu qu’on l’eût cru menacé de pendaison.
    — Qu’y a-t-il ? dit Ranulf d’une voix apaisante.
    Il montra une surface

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