Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
demanda l’ancêtre en tendant le cou comme un poulet.
    — Connaissiez-vous une taverne baptisée La Rose rouge, dans les faubourgs de Rye ?
    — J’ai connu une donzelle que nous nommions Rose Rouge. Elle habitait Rye. Nous l’appelions Rouge parce que c’était la couleur dont elle se peignait les tétons.
    — Une taverne, père ? insista Corbett. Tenue par un homme jeune et son épouse. Elle s’est suicidée.
    — Ah, je me souviens !
    Le vieillard se tapota le nez.
    — Les gens me racontent tout. Il y a eu une auberge comme celle dont vous parlez, mais c’est devenu La Lampe dorée. C’était un bordel autrefois où les soldats se rendaient volontiers, vous savez, à l’époque du père du roi, puis ça a changé de propriétaire. Le shérif a fait le ménage. Oui, c’est vrai, elle appartenait à un homme jeune. Alwayn, Alwayn Rothmere et sa femme ; je crois qu’elle se prénommait Katherine. Les jeunes Fitzalan lui rendaient visite. Une chose en entraînant une autre...
    — Cela s’est bien passé il y a vingt ou vingt-cinq ans ? l’interrompit le magistrat.
    — Ce n’étaient que des jouvenceaux, à l’époque. Beaux discours et galanteries, déclara l’Ancien. C’était Henry qui était le pire : pas un corselet qu’il ne délace, pas une robe qu’il ne soulève. Il jouait au jeune seigneur, jambes agiles, esprit vif et oeil perçant. Il l’a séduite. Alwayn l’a découvert et la pauvre fille s’est suicidée ; elle est montée sur une table et s’est pendue.
    — Et Alwayn a disparu ? interrogea Corbett.
    — Non, il n’a pas disparu. On ne vous a narré que la moitié de l’histoire.
    Le vieil homme gloussa et jeta un coup d’oeil à son fils.
    — Je ne crois pas te l’avoir raconté, si ? Alwayn a trouvé le corps et l’a décroché.
    Il renifla.
    — Puis il s’est pendu au même endroit.
    Il perçut sans doute la surprise sur les traits du magistrat.
    — Disparus tous les deux ! murmura-t-il avec tristesse. Dans les ténèbres ! Je suis sûr qu’ils étaient là pour accueillir Lord Henry !

 
    CHAPITRE VII
    Corbett et Ranulf quittèrent l’Ancien et retournèrent dans la taverne. L’hôte se précipita pour découper des tranches de porc.
    — Oh, diable ! s’exclama Ranulf quand ils s’installèrent. Si le roi avait vent de ceci, il entrerait dans l’une de ses effroyables colères.
    — Il l’apprendra, répondit son maître. Il semblerait que Gaveston, que l’on croyait en exil, est revenu en Angleterre et se cache dans les environs.
    — C’est pour cela que le prince de Galles voulait nous voir, n’est-ce pas ?
    — Oui, je crois. Sir William Fitzalan fait partie de ses familiers. Je soupçonne que, devant l’insistance du prince de Galles, Sir William a ramené Gaveston à Ashdown. Il a séjourné ici et a été assez impudent pour arborer son insigne. Je pense aussi que c’était lui le visiteur secret de Lady Madeleine. Le prince, feignant la piété, s’est rendu à Ashdown, sous le prétexte de chasser ou de se recueillir dans ce haut lieu ; mais, en cachette, il venait rencontrer son amant.
    Ranulf, inquiet, jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule.
    — Si le roi était informé, remarqua-t-il, votre amitié, Sir Hugh, ne vous sauverait pas.
    — Le roi sait ce qu’il en est, répondit Corbett, laconique. Son fils est homme à vouloir marier l’eau et le feu. Oh, il épousera n’importe quelle princesse qui se présentera !
    La voix du magistrat se fit murmure.
    — Je suppose que le véritable amour de sa vie est, et sera toujours, le Gascon Piers Gaveston.
    — Et il s’est réfugié céans ?
    — Ici et au prieuré.
    — Et l’autre affaire ?
    — Je suis déçu, avoua Corbett. J’étais absolument persuadé que le Hibou était le mari de la jeune femme qui s’est suicidée à La Rose rouge, mais comme ils sont morts tous deux je vais devoir réexaminer cette hypothèse.
    — Il faudra que Lady Madeleine réponde à quelques questions.
    — Davantage qu’elle ne le pense. Tu as vu cette chevelure, Ranulf ? Estimes-tu que c’est une relique authentique ?
    — Le monde est plein d’artifices, Messire. Ne trouve-t-on pas huiles, potions, concoctions d’herbes qui auraient pu la garder souple et fraîche ?
    Ils s’interrompirent quand le tavernier leur apporta des tranchoirs garnis de morceaux de porc croustillants, de pain juste coupé et de menus morceaux de poireaux et

Weitere Kostenlose Bücher